Revue de presse Inde - 5 août 2016

Inde-Pakistan : le ministre indien de l'Intérieur part au milieu du sommet du SAARC

Le sommet du SAARC a été éclaboussé par le départ prématuré du ministre indien de l'Intérieur. Copie d'écran de India Today, le 5 août 2016.
Le sommet du SAARC a été éclaboussé par le départ prématuré du ministre indien de l'Intérieur. Copie d'écran de India Today, le 5 août 2016.
India Today – Coup de tonnerre en plein sommet de l’Association sud-asiatique pour la Coopération régionale (SAARC). Le ministre indien de l’Intérieur a quitté prématurément le Pakistan, où se déroulait la rencontre. Mais que s’est-il véritablement passé ? Les versions de New Delhi et d’Islamabad s’opposent.

Côté indien, on explique que le départ anticipé de Rajnath Singh était prévu en raison d’une session parlementaire à laquelle il devait se présenter dans la capitale indienne. L’accent est néanmoins porté sur « l’incivilité » de son homologue pakistanais, Chaudhary Nisar Ali Khan. Ce dernier aurait « dévié de son discours écrit » lorsque Rajnath Singh a critiqué la position d’Islamabad vis-à-vis du terrorisme, rapporte India Today. Le ministre pakistanais de l’Intérieur aurait alors « impliqué l’Inde dans de prétendues atrocités au Cachemire ». « Enervée », la délégation pakistanaise ne se serait pas présentée au déjeuner. Face à cette « irrévérence », les membres de la délégation indienne seraient alors partis prendre leur repas dans leurs chambres d’hôtels respectives. Par la suite, aucun représentant pakistanais n’aurait accompagné Rajnath Singh lors de son départ. En outre, le quotidien The Hindu dénonce la « tenue à l’écart » des médias indiens par le personnel de sécurité pakistanais. Un officiel de New Delhi parle même de « censure ».

Côté pakistanais, on déclare au contraire que Rajnath Singh aurait quitté la rencontre une fois que Chaudhary Nisar Ali Khan aurait évoqué les actions du gouvernement indien au Cachemire, qualifiées de « brutales » et de « terroristes ». A la suite de cette altercation verbale, le ministre indien de l’Intérieur aurait immédiatement quitté la pièce sans saluer ses interlocuteurs et serait rentré directement à New Delhi. Une décision que le quotidien Dawn n’hésite pas à décrire comme « une défaite dans la guerre des mots » qui l’opposait à son homologue pakistanais.

Quoi qu’il en soit, le site Firstpost se demande si le ministre indien a bien fait de condamner le Pakistan sur le terrorisme en des termes aussi « durs ». Plusieurs experts soulignent qu’un sommet du SAARC ne constitue pas une arène propice à de telles attaques : les enjeux bilatéraux peuvent-ils être traités au sein d’une organisation multilatérale sans y porter préjudice ? Firstpost tempère néanmoins ces critiques. En effet, le Cachemire ne constitue pas uniquement un enjeu indo-pakistanais. C’est toute la région qui est touchée par le conflit de souveraineté entre New Delhi et Islamabad, en atteste l’inclusion du Pakistan dans une alliance anti-terroriste récente avec la Chine, le Tadjikistan et l’Afghanistan. Par ailleurs, le journaliste du site indien estime que la délégation pakistanaise a « porté le premier coup » : dès son discours introductif, Chaudhry Nisar Ali Khan a critiqué l’Inde (sans la citer) sur ses actions entreprises au Cachemire…

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