Russie-Chine : l'histoire sous le joug mongol
La dynastie Liao sera au début du XIIe siècle délogée de ses possessions par d’autres peuples nomades qui donneront naissance à l’empire mandchou des Jin (1115-1234). Les Kitai (кидани / kidani en russe) s’installeront par la suite en Asie centrale. Ils sont connus sous le nom de Kara-Kitai ou Kara-Khitan et passeront au début du XIIIe siècle sous le contrôle des Mongols de Gengis-Khan (Чингиз Хан / Tchinguiz Khan en russe). Ceux-ci effectueront à la même époque des conquêtes significatives et soumettront les Jin pour les intégrer à l’empire Yuan.
Pourtant, la libération du joug mongol qui se produit dans le même temps en Chine et en Russie, au XIVe siècle, conduira plutôt les deux espaces à se replier sur eux-mêmes, selon des modalités propres à chacun, afin de consolider leur unité et leur identité propres. La lutte qui conduira en Chine à l’établissement de la dynastie Ming au XIVe siècle (1368-1644) est contemporaine de la fameuse bataille de Koulikovo qui marque en 1380 le début de la libération du territoire russe de la domination mongole. Mais ces événements vont être à l’origine d’une recomposition territoriale, et notamment de l’apparition de Khanats mongols et/ou Tatars concurrents dans l’espace eurasiatique. Ces nouveaux acteurs formeront un écran entre les deux espaces chinois et russe pendant un certain temps.
L’épisode mongol, malgré sa longévité – presque trois siècles – ne conduira pas à l’unité des espaces russe et chinois : ils se trouvent tous deux sous la domination de l’empire mongol, sans être pour autant véritablement unifiés. La fin de l’empire mongol marquera même un éloignement entre ces deux espaces jusqu’au XVIIe siècle, période où commencera côté russe le début de la conquête de la Sibérie, et côté chinois la domination mandchoue sur le nord de la Chine actuelle – une forme de rapprochement qui n’aura de conséquences que plus tardivement.
Nous avons déjà attiré l’attention des lecteurs sur le mouvement eurasiste qui cherchait à démontrer la proximité entre Russie et Asie au sens large, et a revaloriser l’influence asiatique sur l’histoire et la culture de la Russie. Mais au-delà de ces considérations, on peut penser que la ruée vers l’Est était inévitable, et à l’instar du grand Alexandre Herzen (1812-1870), on peut déclarer que la Sibérie a sans doute apporté un « supplément d’âme » et la « dimension de folie nécessaire » qui distingueraient les Russes des autres peuples slaves*.
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