La Chine achète-t-elle les Etats-Unis ?
Abcès de fixation des échanges avec la Chine, la sidérurgie n’est pas représentative de la complexité de ces relations qui sont caractérisées par l’imbrication des industries américaines et chinoises. Une hausse de tarifs douaniers touchera autant les ménages qui font leurs courses à Wall Mart que les industriels qui utilisent des composants ou des pièces détachées fabriquées en Chine.
L’envolée des investissements chinois aux Etats-Unis
La véritable nouveauté a été l’envolée des investissements chinois aux États-Unis. Des flux difficiles à mesurer. Du côté chinois, les entreprises n’étant pas tenues de renseigner la destination finale de leurs investissements, les statistiques du ministère du Commerce (MofCom) montrent que les trois quarts se dirigent vers les paradis fiscaux d’où ils repartent vers une autre destination. Laquelle ? Seules les statistiques des pays hôtes permettraient de répondre, mais c’est rarement le cas. Aux États-Unis, le Bureau d’Analyse économique (BEA) qui mesure les entrées et les sorties d’investissements étrangers, a également du mal à déterminer la nationalité des entreprises qui s’implantent via ces paradis fiscaux. Pour contourner ces difficultés, Rhodium et Heritage suivent les annonces des entreprises chinoises et publient des statistiques sur les investissements chinois qui ne sont pas directement comparables à celles que publient le Mofcom ou le BEA et doivent être maniées avec prudence. On peut considérer que ces données révèlent la tendance des investissements chinois.
Bras de fer à venir
Ce montant, dix fois moindre que celui des bons du Trésor acquis par la Chine, doit être mis en perspective. Bon an, mal an, les États-Unis attirent 250 milliards de dollars d’IDE et le stock des investissements étrangers était de 5600 milliards de dollars en 2015 tandis que la richesse privée américaine est évaluée à 88 000 milliards de dollars. La Chine est encore très loin d’acheter l’Amérique ! Ce sont moins ces acquisitions que l’absence de réciprocité qui pose problème. Car si les Chinois font leur marché aux États-Unis, les Américains (et les Européens) n’ont pas la même liberté en Chine. Une dissymétrie qui justifie la signature d’un traité d’investissement bilatéral en négociation depuis plusieurs années. Le faire aboutir est peut-être l’un des objectifs du bras de fer annoncé entre Trump et la Chine.
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