Birmanie : "La transition assurée par une seule personne, c'est dangereux"
Contexte
Moe Thway est co-fondateur et président de Generation Wave, une association fondée en 2007 dans la foulée de la « Révolution safran » qui vise à promouvoir la paix et les droits de l’homme. Il est aussi Secrétaire général du National Youth Congress, créé en 2013 afin de permettre un plaidoyer en faveur des jeunes à l’échelle nationale, ainsi que leur inclusion dans le processus de paix.
En 2014, Moe Thway a été sélectionné par le ministère français des Affaires étrangères dans le cadre de son programme « Jeunes leaders », ce qui lui a permis de venir en France découvrir les institutions et d’y rencontrer les partis politiques hexagonaux. L’an dernier en novembre 2015, à la tête de ses deux organisations, il a participé à l’observation des premières élections démocratiques en Birmanie depuis près de soixante ans.
On peut toutefois sentir certains changements dans l’attitude de l’administration sur le terrain. Ils savent que leurs chefs ont changé, mais ne savent pas vraiment ce qu’ils sont censés faire… Ils doivent supposer qu’il ne faut plus être trop « dur » désormais, et cela se ressent. Le meilleur exemple est sans doute la police, qui est moins agressive qu’avant.
Concernant la vente de tickets, je pense que la mairie devrait prélever des taxes dessus et utiliser l’argent récolté pour améliorer ses services. Gagner de l’argent n’est pas une mauvaise chose en soi, et la Fête de l’eau a toujours été une opportunité pour certains commerçants d’augmenter leurs revenus.
La Chine nous montre un exemple à éviter avec un fort développement économique accompagné d’une certaine décadence morale… A nous de garder en tête l’objectif de moralité qui vient avec le développement économique. A cet égard, la liberté de parole et les droits politiques en général contribueront à maintenir un certain niveau de moralité.
Tout le monde sait qu’au sein des ministères, une seule personne décide de tout : Daw Suu [Aung San Suu Kyi]. C’est dangereux si la transition est assurée par une seule personne. Donc je crois qu’il est temps de commencer à la critiquer.
C’est une personne extraordinaire et admirable, mais ce n’est pas un dieu. Et aucun être humain ne peut porter sur ses épaules l’ensemble du processus de transition. Enfin, il nous faut penser à « l’après-Aung San Suu Kyi », car elle n’est pas éternelle.
Dans un esprit de coopération, ils pourraient pourtant passer par nous, les OSC, pour accéder aux fonds des bailleurs internationaux, afin que nous participions à la mise en œuvre de politiques publiques déterminées par leur propre agenda, et non celui des pays étrangers.
La France est connue dans le monde entier comme le pays des droits de l’homme, de la liberté, de l’égalité… Elle a une forte tradition de liberté politique. Pourtant, la situation économique mondiale l’oblige à changer, à s’adapter. Les gens se sentent bloqués entre les deux et, d’une certaine manière, cela porte atteinte à leur dignité.
Mais désormais une nouvelle peur est apparue avec l’Etat islamique. Quand j’étais en France, je suis allé au Bataclan… Quel choc lorsque j’ai appris pour les attaques terroristes ! Mon sentiment est qu’en Occident, les questions identitaires ont remplacé les questions idéologiques depuis que le communisme et le socialisme ont disparu.
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don