Cinéma : "Smugglers" ou le retour de Ryoo Seung-wan, maître des films d'action sud-coréens
Entretien
Ryoo Seung-wan est l’un des quatre cinéastes majeurs du cinéma contemporain sud-coréen aux côtés de Park Chan-wook (Old Boy), Bong Joon-ho (Parasite) et Kim Jee-woon (J’ai rencontré le diable). Né en 1973, Ryoo débute comme assistant de Park Chan-wook, sur Saminjo (1997). Rapidement, il se fait rapidement remarquer grâce à l’énergie et à la colère de ses premiers courts-métrages. Il les rassemble bout à bout pour signer en 2000 son premier long métrage, Die Bad, qui suit l’évolution de jeunes hommes au sein de la mafia locale. S’ensuivront plusieurs films qui permettent à Ryoo Seung-wan d’affirmer son style et d’explorer toutes les facettes du cinéma d’action. Dans No blood, no tears (2002), deux jeunes femmes tentent de faire un gros coup en dérobant l’argent de gangsters. Arahan (2004) se rapproche des productions hongkongaises mêlant arts martiaux et fantastique. Dans l’un de ses chefs-d’oeuvre, Crying Fist (2005), un film de boxe plus intimiste et social souvent comparé à Rocky, l’acteur Choi Min-sik joue l’un de ses plus beau rôles de cinéma. Son exploration du film d’action se poursuit en 2006 avec le très visuel City of Violence, puis avec Crazy Lee Agent (2008), un pastiche de James Bond. En parallèle, Ryoo Seung-wan mène une vie d’acteur qui va peu à peu s’arrêter.
Au début des années 2010, il entame la seconde phase de sa carrière en proposant des films au scénario plus abouti et dont la réalisation n’a plus rien à envier au cinéma américain : exemples avec The Unjust (2010) et The Agent (2013), deux films entre polar et espionnage. Jouissant déjà d’une certaine renommée, il voit sa popularité exploser en Corée en 2015 grâce à Veteran (13 millions d’entrées), toujours inédit en France, mais aussi Battleship Island (2017) puis Escape from Magadishu (2021). Ces trois films d’actions aux accents de comédies marquent par leurs thèmes socio-historiques : l’impunité des grandes entreprises sud-coréennes dans le premier, la colonisation japonaise dans le second et un épisode peu connu de la guerre civile somalienne où le personnel des ambassades nord-coréenne et sud-coréenne ont dû s’entraider pour échapper à une ville s’enfonçant dans l’horreur. Pour son douzième long-métrage, Smugglers (« Contrebandiers ») sorti en salle en Corée en juillet dernier, Ryoo Seung-wan revient à ses premiers amours en proposant une comédie d’action moins politique mais plus groovy, qui plonge le spectateur en pleines années 1970.
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don