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Ballon espion chinois : un fiasco aux dangereuses conséquences ?

La marine américaine récupère les restes du ballon chinois abattu par un missile au large de Myrtle Beach, en Caroline du Sud , le 5 février 2023. (Source : USNI News)
La marine américaine récupère les restes du ballon chinois abattu par un missile au large de Myrtle Beach, en Caroline du Sud , le 5 février 2023. (Source : USNI News)
L’odyssée désastreuse du ballon espion chinois au-dessus du territoire des États-Unis s’est terminée samedi 4 février par un fiasco complet pour la Chine. Conséquence immédiate : un retour au bras de fer entre Washington et Pékin avec pour risque non négligeable une escalade non maîtrisée entre les deux superpuissances de la planète.
Sur l’ordre du président américain Joe Biden, un avion de chasse américain F-22 Raptor a détruit samedi le ballon qui croisait à une altitude de 18 kilomètres et venait de quitter l’espace américain. Les restes de l’aéronef sont actuellement analysés par les services américains afin de déterminer le degré de surveillance dont il était capable. Les autorités de Pékin persistent à le présenter comme un simple ballon d’observation météorologique qui s’était aventuré dans l’espace américain par erreur.
Aux yeux de Washington pourtant, il paraît clair que ce ballon espionnait des structures militaires américaines sensibles. En particulier dans l’État du Montana, où se trouvent de nombreux silos qui abritent des missiles nucléaires intercontinentaux Minuteman III, de même que des bases aériennes qui hébergent des bombardiers stratégiques, eux aussi à capacité nucléaire.
Après avoir dans un premier temps minimisé l’incident et exprimé des « regrets », les autorités chinoises ont changé de ton lorsque le ballon a été détruit. Elles ont dénoncé un geste agressif et exigé le retour en Chine des débris, ce que Joe Biden a catégoriquement exclu.
« La question n’est pas de savoir si l’on fait confiance à la Chine, la question est de décider là où on peut travailler ensemble et là où l’on est en opposition », a assuré le président américain, interrogé par des journalistes à son retour à la Maison Blanche lundi 3 février. Joe Biden a rappelé avoir pris la décision d’abattre le présumé ballon espion chinois dès le mercredi 1er février mais que les militaires américains lui avaient conseillé d’attendre que l’engin soit au-dessus de l’Atlantique, dans les eaux territoriales américaines.

« Vaste programme de surveillance géré par l’armée chinoise »

Les États-Unis ont affirmé lundi avoir récupéré de premiers débris du ballon chinois, tandis que l’administration Biden s’est efforcée de contenir les retombées de cet épisode tant face à l’opposition républicaine que vis-à-vis de Pékin.
Washington n’a pas directement répondu aux accusations du gouvernement chinois dimanche 5 février selon lesquelles les États-Unis, en abattant ce ballon, avaient « gravement affecté et endommagé » les relations entre les deux pays.
Tout en défendant leur position de fermeté, les États-Unis ont même réitéré leur volonté de maintenir les « lignes de communication ouvertes » avec leur grand rival stratégique. « Même en cette période de tensions accrues, nous voulons avoir la possibilité de prendre le téléphone et discuter » avec les Chinois, a déclaré lundi 6 février le porte-parole du département d’État, Ned Price. Les Etats-Unis, a-t-il assuré, ont eu des contacts avec les autorités chinoises depuis la destruction du ballon – tout en précisant qu’aucune « discussion » n’avait eu lieu sur la reprogrammation de la visite du secrétaire d’État Antony Blinken en Chine. Le chef de la diplomatie américaine devait embarquer à bord de son avion en partance pour Pékin au moment où ce ballon était devenu visible à l’œil nu par les habitants du Montana.
Selon plusieurs responsables du renseignements américain, cités mercredi 8 février par le Washington Post, ce ballon fait partie d’un vaste programme de surveillance géré par l’Armée populaire de libération (APL) chinoise depuis plusieurs années, essentiellement depuis l’île de Hainan près de Hong Kong. Ce programme a pour but de collecter des informations dans le domaine militaire dans des pays tels que l’Inde, le Japon, le Vietnam, Taïwan et les Philippines, une zone stratégique pour les intérêts chinois. Mais ce programme opère aussi dans de nombreux autres pays sur les cinq continents, d’après ces experts anonymes.
« Ce que les Chinois ont fait s’appuie sur une technologie incroyablement ancienne mais combinée à des moyens de communication modernes et des capacités d’observation élaborées, a expliqué l’un de ces experts. Il s‘agit d’un effort massif. »
Le conseiller pour la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a pour sa part répété lundi lors d’un débat à Washington que « les États-Unis ne cherchaient pas une nouvelle guerre froide » avec la Chine. Face à l’opposition républicaine prompte à dénoncer la faiblesse de l’administration Biden vis-à-vis de Pékin, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de Joe Biden, John Kirby, a assuré que la décision d’attendre avant d’abattre le ballon avait donné aux Américains « une formidable occasion de mieux comprendre et d’étudier » l’engin, en attendant que les débris livrent d’autres informations. Il a assuré par ailleurs que les États-Unis avaient « pris des mesures pour limiter les capacités de collecte [de données] que ce ballon aurait eues au-dessus de nos sites militaires sensibles ».
Les équipes déployées au large des côtes de Caroline du Sud, dans le sud-est du pays, « ont récupéré certains débris à la surface de la mer », a affirmé John Kirby, en précisant que les « conditions météo » n’avaient pas permis jusqu’ici de mener des opérations sous-marines de récupération de cet aéronef. Le responsable a indiqué, par ailleurs, que les États-Unis n’avaient pas « l’intention de rendre » les débris collectés à la Chine.
D’après le général Glen VanHerck, chef du commandement de la défense aérospatiale pour l’Amérique du Nord (Norad), un navire de la marine américaine est en train de délimiter le rayon dans lequel sont tombés les débris. Le ballon lui-même était haut d’environ 60 mètres et portait une sorte de nacelle pesant plus d’une tonne, a affirmé ce responsable lors d’une conférence de presse séparée, précisant que Les débris allaient être soigneusement étudiés.

Trois ballons sous Trump et un précédent sous Biden

Autre rebondissement : selon Kirby, l’administration Biden a « pris contact avec des responsables de premier rang de la précédente administration et leur [a] proposé des briefings » à propos des survols de ballons chinois ayant eu lieu pendant que Donald Trump était à la Maison Blanche. Selon le Pentagone, des ballons chinois ont en effet survolé à trois reprises, pour de brèves périodes, le territoire américain pendant la présidence de Trump, et une fois, également pour une courte durée, au début du mandat de Joe Biden. Des révélations embarrassantes puisqu’elles mettent en lumière les faiblesses de la défense américaine sur son propre sol. Selon CNN, ces incursions n’auraient été découvertes qu’après coup, sous l’administration Biden. Donald Trump a certifié que ces affirmations étaient des « fake news ».
Mardi 7 février, lors de son discours sur l’état de l’Union prononcé devant les deux chambres réunies du Congrès, Joe Biden a haussé le ton : « Ne vous y trompez pas : comme nous l’avons clairement montré la semaine dernière, si la Chine menace notre souveraineté, nous agirons pour protéger notre pays et nous l’avons fait. » Les États-Unis sont « dans la position la plus forte depuis des décennies pour concurrencer la Chine ou qui que ce soit d’autre dans le monde », a ajouté le président américain. Sur un ton plus conciliant, Joe Biden a toutefois essayé de calmer le jeu avec Pékin et s’est dit déterminé « à travailler avec la Chine là où cela peut servir les intérêts américains et être bénéfique au monde entier. J’ai clairement exprimé à Xi Jinping que nous recherchons la compétition, pas le conflit. »
Réponse vexée de Pékin le lendemain : un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que la Chine défendrait ses intérêts, tout en exhortant les États-Unis à ne pas uniquement percevoir les relations bilatérales comme conflictuelles. « Nous défendrons avec fermeté la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de la Chine [mais nous appelons Washington à] travailler avec nous pour ramener les relations bilatérales sur la voie d’un développement sain et stable. »

« Phénomène aérien non identifié »

Le ballon chinois abattu n’est pas un cas isolé. La Chine a déployé « au cours des dernières années » une « flotte de ballons destinés à des opérations d’espionnage » dans le monde entier, a affirmé ce mercredi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. « Des ballons chinois ont été observés au-dessus de pays des cinq continents » dont ils ont « violé la souveraineté. » Les Etats-Unis sont « en discussion avec [leurs] alliés et partenaires » à propos de cette « flotte » de ballons d’espionnage. Des contacts ont été pris sur cette affaire avec une quarantaine de pays.
Mais l’affaire est en réalité plus grave qu’il n’y paraît. Selon le Washington Post, les États-Unis savaient depuis plusieurs années l’étendue de l’espionnage chinois grâce à ces ballons stratosphériques. Mais l’administration américaine n’en avait rien dit pour que Pékin ne le sache pas et lui laisse ainsi le temps de mesurer l’étendue de cette entreprise et d’en percer les secrets.
Le Pentagone était allé jusqu’à parler de « phénomène aérien non identifié » et assimiler la présence de ces objets dans le ciel à de possibles Ovni. Mais le ballon étant visible du sol par les habitants du Montana, il n’était plus possible de garder le silence. « Les analystes du renseignement américain ont rétroactivement identifié des ballons espions qu’ils qualifiaient d’objets non identifiés, selon des responsables américains. Les nouvelles technologies ont permis la détection des signatures intelligentes (MASINT) qui, typiquement, incluent des informations sur les signaux radar et électromagnétiques », explique le quotidien américain. Ces analystes avaient réussi à identifier l’origine de ces ballons : la Chine.
Mais sous l’administration Trump, le renseignement américain ne possédait pas encore la technologie suffisante pour y parvenir, ce qui explique que plusieurs de ces ballons qui survolaient les États-Unis n’avaient pas été détectés. L’un de ces ballons s’était écrasé en juin dernier à Hawaï et son examen avait déjà donné aux services américains de précieuses informations sur la nature des technologies chinoises dans le domaine de l’espionnage aérien, explique le journal washingtonnien.
Citant le Département d’État ce jeudi 9 février, le New York Times a quant à lui révélé que le ballon était en mesure de collecter des signaux de communications. L’aéronef était équipé de multiples antennes qui devaient « probablement être capables de collecter et de géolocaliser des communications ». Les équipements de ce ballon « étaient clairement destinés à la surveillance en matière de renseignement et sans avoir quoi que ce soit de commun avec les ballons météorologiques. » Les panneaux solaires du ballon étaient suffisamment larges pour produire assez d’énergie pour alimenter « de multiples capteurs servant au renseignement ». De plus, le gouvernement américain s’est déclaré « assuré » du fait que la société qui produit ces ballons entretient des liens commerciaux directs avec l’Armée populaire de libération.
« Les États-Unis vont également explorer des mesures contre les entités de la République populaire de Chine qui ont collaboré à l’incursion de ce ballon dans l’espace américain, explique un communiqué du département d’État cité par le quotidien de New York. Nous allons aussi nous intéresser à des efforts plus larges pour mettre en lumière les activités de [la Chine] qui constituent une menace pour notre sécurité nationale ainsi qu’à nos alliés et nos partenaires. »
Pour le sinologue Emmanuel Lincot, professeur à l’Institut catholique de Paris (ICP), cité par La Dépêche, « un ballon de ce type qui se perd sans contrôle est un non-sens. Il était téléguidé et sa trajectoire était programmée. » Et le but de Pékin semble, selon lui, plus que clair : « La Chine voulait cartographier des bases stratégiques américaines et de lancement de missiles intercontinentaux. C’est un moyen de tester la sanctuarisation de l’espace aérien américain. »

Xi Jinping doublé par les militaires chinois ?

Avec la chute de ce ballon détruit par un missile Sidewinder américain, c’est l’image de la Chine qui tombe encore un plus en miettes. Pourquoi et comment une telle opération a-t-elle pu être décidée à Pékin ? Quel était le but recherché par les autorités chinoises qui savaient très bien que cette odyssée avait de grandes chances d’être détectée et provoquer immanquablement une grave crise dans les relations déjà explosives avec les États-Unis ?
Sachant l’opacité extrême qui entoure la prise de décision dans les milieux dirigeants chinois, il est difficile de se prononcer de manière catégorique, mais plusieurs scénarios sont envisagés côté américain. Parmi eux, un raté dans la coordination entre la diplomatie et le fonctionnement des services de renseignement chinois.
Selon ce scénario, ni le Parti communiste ni le gouvernement chinois n’avaient été prévenus par les responsables du renseignement militaire qui ont agi de façon autonome. Bien que visiblement la direction chinoise se trouve aujourd’hui très embarrassée par le retentissement de cette affaire désastreuse, cette thèse paraît peu vraisemblable pour certains experts.
En effet, quand bien même les cercles dirigeants ont montré ces derniers temps une certaine désorganisation et une grande fébrilité, comment envisager sérieusement que l’élite de la direction chinoise n’ait pas été tenue au courant d’une telle opération qui touche au cœur de la rivalité entre la Chine et les États-Unis ?
Le Financial Times avance une autre explication possible : un acte décidé à l’intérieur des organes dirigeants chinois dans le but de déstabiliser le président Xi Jinping et de saboter la venue à Pékin d’Antony Blinken. « Une question ouverte est de savoir si Xi Jinping était au courant de cette mission et s’il l’avait approuvée, interroge Drew Thompson de l’université Lee Kuan Yew à Singapour. Nous ne savons pas si cela démontre le fait que l’Armée populaire de Libération ne coordonne pas ses missions politiquement sensibles avec la direction du Parti ou si l’APL entend entraver les efforts de Xi Jinping visant à faire tomber la température dans les relations sino-américaines. »
Un troisième scénario est celui d’une opération délibérée visant à défier, sinon même provoquer les États-Unis avec pour contexte l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des signes probants d’une volonté de la Chine de se rapprocher davantage de l’agresseur russe. Si cette thèse devait être confirmée, elle aurait de très graves conséquences pour les relations entre Washington et Pékin.

Voyage à Moscou

Un test sera la décision de Xi Jinping de se rendre ou non à Moscou bientôt, une visite annoncée la semaine dernière par le ministère russe des Affaires étrangères mais jamais confirmée à Pékin. Si ce voyage devait avoir lieu en pleine guerre en Ukraine, il serait perçu à Washington comme un affront direct et le signal clair que Pékin a désormais choisi le camp russe contre celui de l’Occident, décidant, de ce fait, de franchir une ligne rouge qui pourrait ouvrir la voie, à plus ou moins long terme, à une confrontation militaire d’envergure.
Lundi soir, l’ambassadeur chinois en France Lu Shaye a semblé donner du crédit à cette dernière thèse lorsqu’il a expliqué que la Russie se trouvait dans une situation où ses intérêts sécuritaires étaient menacés par les États-Unis lorsque la guerre a commencé, donnant ainsi une justification à l’invasion russe en Ukraine.
La semaine dernière, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois avait, dans les termes les plus clairs, accusé les Américains d’être responsables du conflit en Ukraine, une première depuis le début de la guerre le 24 février 2022.

Fureur américaine

« Le ballon chinois qui s’est aventuré à travers les États-Unis a suscité des milliers de questions sur l’intention de cette opération, écrivait mardi le New York Times. Mais il recentre aussi l’attention du monde sur l’état des communications et du contrôle à l’intérieur du gouvernement du dirigeant Xi Jinping et sur le fait que son appareil sécuritaire pourrait être moins cohérent et même moins opérationnel que l’image qu’il en donne. »
« Ce qui est tout particulièrement dommageable pour la Chine, à la fois sur le plan international et intérieur, ce sont les questions que [cette opération] soulève sur la façon dont la Chine conduit sa politique de puissance globale », estime dans le Times Susan Shirk, ancienne secrétaire adjointe du département d’État américain sous l’administration Clinton et autrice d’un ouvrage récent intitulé Overreach: How China Derailed Its Peaceful Rise (Comment la Chine a fait dérailler son émergence pacifique).
Pour Evan Medeiros, professeur de l’université de Georgetown et conseiller sur la Chine et l’Asie à l’époque du président Barack Obama, cité aussi par le quotidien new-yorkais, « nous ne savons pas ce que représente cette opération en matière de gains pour le renseignement. Mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une violation grossière de la souveraineté [des Etats-Unis]. Et ceci rend le défi chinois viscéral puisque vous regarder le ciel en promenant votre chien et vous voyez un ballon espion chinois. »
Une bonne partie des médias américains soulignent le caractère dangereux de ces événements qui ne vont pas manquer de fragiliser davantage les liens entre Pékin et Washington. « La détente encore embryonnaire entre les États-Unis et la Chine se trouve maintenant dans une situation critique sinon même complètement morte », estime Gabriel Wildau, directeur exécutif du groupe international de conseil Teneo, cité par la chaîne de télévision CNBC.
Le directeur du FBI Christopher Wray, lui, n’y est pas allé par quatre chemins : « Sans aucun égard pour les règles de gouvernance globale, la soif brutale du gouvernement chinois de supériorité économique et d’influencer la politique américaine représente une menace pour la sécurité nationale de États-Unis. »
Quant à la secrétaire américain pour le Commerce, Gina Raimondo, elle a été encore plus directe : « La Chine représente un défi croissant pour notre sécurité nationale. C’est un fait. Elle déploie sa force militaire d’une manière qui sabote la sécurité nationale de nos alliés et de nos partenaires. »
Autre commentaire d’une certaine franchise, celui du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin. Pour lui, la Chine « est l’unique concurrent qui a pour objectif de refaçonner l’ordre international de façon claire et, en même temps, d’acquérir la puissance pour y parvenir. »
Ces deniers jours, les autorités chinoises ont pris grand soin de ne pas envenimer la situation par des déclarations intempestives. Il faudra des semaines, sinon des mois, pour que le voyage d’Antony Blinken puisse être reprogrammé : la fureur aux États-Unis est telle que l’administration Biden aura du mal à rétablir un minimum de confiance avec Pékin et convaincre l’opinion américaine du bien-fondé du dialogue direct avec la Chine.
D’ici là, la nature exacte des débris du ballon chinois donnera une idée plus claire de l’étendue de l’espionnage réalisé par cette mission. Mais il est clair aussi que la visite programmée à Taïwan dans les prochaines semaines du nouveau président de la Chambre des Représentants Kevin McCarthy ne manquera pas de rendre cette confiance encore plus difficile à retrouver.
En effet, cette visite dans l’ancienne Formose d’un faucon républicain très critique de la Chine interviendrait après celle en août dernier de Nancy Pelosi à qui il a succédé. Elle renforcerait sans nul doute l’antagonisme entre Pékin et Washington à un moment où le régime chinois constate que la Chine devient une citadelle assiégée, dont les alliés se font de plus en plus rares, hormis la Russie, la Corée du Nord et quelques autres régimes autoritaires comme l’Iran.
Par Pierre-Antoine Donnet

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A propos de l'auteur
Ancien journaliste à l'AFP, Pierre-Antoine Donnet est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages consacrés à la Chine, au Japon, au Tibet, à l'Inde et aux grands défis asiatiques. En 2020, cet ancien correspondant à Pékin a publié "Le leadership mondial en question, L'affrontement entre la Chine et les États-Unis" aux Éditions de l'Aube. Il est aussi l'auteur de "Tibet mort ou vif", paru chez Gallimard en 1990 et réédité en 2019 dans une version mise à jour et augmentée. Après "Chine, le grand prédateur", paru en 2021 aux Éditions de l'Aube, il a dirigé fin 2022 l'ouvrage collectif "Le Dossier chinois" (Cherche Midi). Début 2023, il signe "Confucius aujourd'hui, un héritage universaliste", publié aux éditions de l'Aube. Son dernier livre, "Chine, l'empire des illusions", est paru en janvier 2024 (Saint-Simon).