"Dix jours à Xi'an" par Jiang Xue (1/4) : la "catastrophe" du confinement
Contexte
Le lundi 4 janvier dernier, Jiang Xue (son nom de plume) publiait un long texte intitulé « Dix jours à Chang’an » sur son compte WeChat. Chang’an est l’ancien nom impérial de Xi’an. La ville, célèbre pour sa gigantesque armée de soldats en terre cuite de Qin Shihuang, le premier empereur de Chine, était alors la capitale des dynasties des Han de l’Ouest, des Sui puis des Tang.
Jiang Xue n’a pas choisi par hasard la référence historique. Chang’an signifie « Longue paix », métaphore idoine et ironique du confinement imposé depuis le 22 décembre dernier à l’actuelle capitale provinciale du Shaanxi, au nord-ouest de la Chine. Les habitants de Xi’an ont d’abord eu l’autorisation pour une personne par foyer de sortir faire ses courses, avant d’être privés de ce droit du jour au lendemain, laissant des milliers d’entre eux dans des situations limites.
Elle aussi résidente à Xi’an, Jiang Xue décrit ici de l’intérieur cette expérience, à la manière de l’écrivaine Fang Fang lors du premier confinement à Wuhan du 22 janvier au 8 avril 2020. Et contrairement à cette dernière qui fut victime d’une vindicte nationaliste, l’accusant d’être une « traître », le texte de Jiang Xue, avant que la cybercensure le fasse disparaître du Net chinois, a eu le temps d’être commenté et partagé par le très nationaliste Hu Xijin. Selon l’ancien rédacteur en chef du Global Times, quotidien officiel du Parti communiste, « notre société se doit d’accueillir la critique de manière plus ouverte et plus tolérante. Je suis persuadé qu’il n’y a quasiment personne qui espère que le Net chinois ne soit le reflet que d’un seul type de parole, y compris les personnes aussi excessivement critique que Jiang Xue. J’espère personnellement qu’elle est en sécurité, comme Fang Fang peut l’être. » Ces commentaires publiés par Hu Xijin ont eux aussi disparu.
Le 10 janvier, des internautes et proches de Jiang Xue ont signalé sur les réseaux sociaux qu’elle était vivante et en sécurité pour le moment, mais qu’on lui avait demandé de faire profil bas et de ne pas communiquer avec des médias étrangers.
Pour continuer à donner vie à ce témoignage capital sur la situation des habitants de Xi’an et les risques de la politique « zéro Covid » pour la « stabilité sociale » chère au Parti, Asialyst a décidé de vous proposer la première traduction en français du journal de Jiang Xue, en trois épisodes. Le texte original en chinois est consultable sur ce blog.
Le jour où la ville fut fermée
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