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Cinéma

Cinéma d'auteur chinois : le 4e Festival Allers-Retours sous le signe de l'intime

Scène du film "Striding Into the Wind" de Wei Shujun. (Crédits : Festival Allers-Retours)
Scène du film "Striding Into the Wind" de Wei Shujun. (Crédits : Festival Allers-Retours)
Après un an et demi d’absence en salles, le Festival Allers-Retours a rouvert ses portes le 17 septembre dernier. Pour cette quatrième édition, le festival du cinéma d’auteur chinois est de nouveau accueilli au Musée Guimet, le musée national des arts asiatiques. Il se poursuit au mythique Studio des Ursulines jusqu’au 1er octobre. Au programme : des larmes, des rires, des découvertes et des retrouvailles à travers la projection de neuf longs métrages et huit courts. Suivez le guide.
Début 2020, le Festival Allers-Retours avait été l’un des tout derniers événements cinématographiques à se tenir à Paris avant que la crise du Covid-19 ne vienne s’abattre sur la France. Une troisième édition du festival qui nous avait particulièrement enchantés par la qualité et la diversité de sa sélection, mais aussi par les efforts impressionnants de l’équipe de bénévoles pour organiser un maximum de rencontres avec les réalisatrices et les réalisateurs des films présentés. C’est donc avec un immense plaisir et une certaine excitation que nous attendions l’ouverture de cette quatrième édition.
Si le cinéma commercial chinois arrive à se frayer – difficilement – un chemin jusqu’en France, en particulier à travers quelques co-productions avec l’Occident, le cinéma d’auteur, hormis celui de quelques grands noms comme Wang Bing ou Jia Zhangke, est quasiment invisible dans nos contrées. C’est pour répondre à ce manque que le festival Allers-Retours s’est créé il y a quatre ans, offrant chaque année de découvrir de nombreuses perles cachées. Parmi elles, le splendide film d’espionnage Saturday Fiction du réalisateur Lou Ye, projetant dans un Shanghai colonisé par l’empire japonais quelques heures avant l’attaque de Pearl Harbor. Autre découverte poignante, A dog barking at the moon de la réalisatrice Xiang Zi, qui traite du tabou de l’homosexualité et de la communication intergénérationnelle. Deux films qui ont été projetés lors de la troisième édition du festival.
Dans "Striding into the Wind" de Wei Shujun, le spectateur suit le parcours de deux jeunes étudiants un peu punks. (Crédits Festival Allers-Retours)
Dans "Striding into the Wind" de Wei Shujun, le spectateur suit le parcours de deux jeunes étudiants un peu punks. (Crédits Festival Allers-Retours)
Après une édition 2020 qui nous avait fait voyager à travers les différentes régions de la Chine, ce cru 2021 se place, à l’inverse, sous le thème de l’intime. Dans cette sélection de neuf longs métrages et huit courts, l’intime se décline comme expérience personnelle du réalisateur, à commencer par le film d’ouverture du festival, Striding into the Wind de Wei Shujun. Soit les déboires de deux étudiants sympathiques, mais un peu punk, qui préfèrent courir après l’argent plutôt que d’user les bancs de leur fac de cinéma. De petits boulots en magouilles, les deux comparses rencontrent une galerie de personnages truculents qui sont autant de clins d’œil aux expériences vécues par le réalisateur dans sa prime jeunesse.
Plus poignant, The Réunions de Dong Chengpeng, est à la croisée des chemins entre docu-fiction et reportage. Alors que le réalisateur retourne dans son village familial dans le but de filmer la façon dont sa grand-mère fête le Nouvel An lunaire, celle-ci décède subitement. Dong décide alors de continuer son film et de recueillir le témoignage de toute une famille réunie par le deuil. Une situation ô combien universelle, également abordée par The Choice de la réalisatrice Gu Xue. cette dernière filme en un seul plan séquence la réunion d’une autre famille qui doit décider d’une solution alors qu’une des tantes est en unité de soins intensifs.
Dans "The Cloud in her Room" de Zheng Lu Xinyuan, la jeune Muzi erre dans une ville en reconstruction. (Crédits : Festival Allers-Retours)
Dans "The Cloud in her Room" de Zheng Lu Xinyuan, la jeune Muzi erre dans une ville en reconstruction. (Crédits : Festival Allers-Retours)
Autre forme d’intime, notre coup de cœur à ce moment du festival, The cloud in her room, se concentre moins sur les expériences vécues par sa réalisatrice que par le voyage intérieur de son personnage principal, Muzi, qui revient dans sa ville natale de Hangzhou tandis que le couple de ses parents s’est effiloché. Confrontée à l’instabilité familiale et à la constante évolution de la ville, la jeune femme au visage indéchiffrable essaye de composer avec une réalité vaporeuse et trouve refuge dans l’ancien appartement de la famille, en instance de démolition. Dans un noir et blanc somptueux et une réalisation très visuelle, la réalisatrice Zheng Lu Xinyuan nous propose un film sensible et onirique qui préfère le ressenti des émotions à la linéarité narrative. Le film sortira en salles françaises le 1er décembre prochain.
Par Gwenaël Germain

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A propos de l'auteur
Gwenaël Germain est psychologue social spécialisé sur les questions interculturelles. Depuis 2007, il n’a eu de cesse de voyager en Asie du Sud-Est, avant de s’installer pour plusieurs mois à Séoul et y réaliser une enquête de terrain. Particulièrement intéressé par la question féministe, il écrit actuellement un livre d’entretiens consacré aux femmes coréennes.