Politique
Si la photo est bonne…

La Corée du Sud attend Kim Jong-un

Distribution de cartes et pin's de la paix montrant une péninsule bleue sur fond blanc à Pusan en Corée du Sud fin novembre 2018. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)
Distribution de cartes et pin's de la paix montrant une péninsule bleue sur fond blanc à Pusan en Corée du Sud fin novembre 2018. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)

Si la photo est bonne...

Si la photo est bonne, elle parle d’elle-même. Comme nous ne sommes pas photographe, mais reporter radio en Chine, nous rajoutons quelques lignes d’explications aux images.

Plus de 61 % des Sud-Coréens se disent favorables à la venue de Kim Jong-un à Séoul. C’est un sondage réalisé par l’institut Realmeter pour le journal Hankyoreh qui l’affirme. Une étude qui souligne un changement d’état d’esprit en Corée du Sud. Longtemps perçu comme irréaliste voire dangereux pour l’économie sud-coréenne, le rapprochement entre les deux Corées est désormais défendu par une grande partie de l’opinion, notamment parmi les plus jeunes.
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Plus de 61% des Sud-Coréens se disent favorables à la venue du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Séoul, selon un sondage Realmeter. Copie d'écran du journal sud-coréen Hankyoreh du 6 décembre 2018.
Plus de 61% des Sud-Coréens se disent favorables à la venue du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Séoul, selon un sondage Realmeter. Copie d'écran du journal sud-coréen Hankyoreh du 6 décembre 2018.
Le symbole a fait son apparition il y a un peu moins de trente ans au moment de la préparation des jeux asiatiques de Pékin. Le voilà qui revient en force aujourd’hui en Corée du Sud, profitant probablement du rapprochement initié entre les deux pays au mois d’avril dernier. La péninsule bleue sur fond blanc a non seulement refleuri sur les drapeaux des équipes unifiées des deux Corées lors des jeux d’hiver de Pyeongchang, elle est désormais déclinée en pin’s et en autocollants lors de manifestations invitant le dirigeant nord-coréen à se rendre au Sud.
C’était le cas encore lors d’un événement organisé par la fédération des associations du quartier de Haeundae à Busan, à la fin du mois de novembre. Ce rassemblement hétéroclite compte des syndicats enseignants, des militants écologistes, des féministes, la section locale du parti démocratique du travail de Corée et la fondation Roh Moo-hyun, deuxième président sud-coréen à avoir serré la main d’un dirigeant du Nord, après Kim Dae-jung. 2000, 2007, 2018… le rapprochement entre les deux Corées va-t-il se poursuivre ou risque-t-il de retomber comme un soufflé ?
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Jeunes Sud-Coréens arborant le drapeau de la paix lors d’un événement organisé à Busan, au sud de la Corée du Sud. (Crédits : Asiayst / Stéphane Lagarde.)

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Nord-Coréens jouant au Badminton. Image exposée lors d’un évènement organisée par des associations, syndicats et la mairie de Busan. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)

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Voilà un moment que les smartphones ont fait leur apparition à Pyongyang. Image exposée lors d’un évènement organisée par des associations, syndicats et la mairie de Busan. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)

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Parc aquatique en Corée du Nord. Image exposée lors d’un évènement organisée par des associations, syndicats et la mairie de Busan. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)

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Repas familiale à Pyongyang. Image exposée lors d’un évènement organisée par des associations, syndicats et la mairie de Busan. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)

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Brasserie à Pyongyang. Image exposée lors d’un évènement organisée par des associations, syndicats et la mairie de Busan. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)

 
 
« Le passé nous a enseigné que les relations entre les deux Corées ne doivent plus seulement être l’affaire des gouvernements, mais aussi de la société civile, explique Jang Chang-jun. En ce moment, il y a un vrai changement dans l’opinion, poursuit ce professeur de sciences politiques à l’université Hanshin de Séoul. Je le vois avec mes étudiants. Il y a encore un an, personne n’était intéressé par la question. Cela paraissait trop loin, voire même impossible ! Aujourd’hui, mes étudiants me demandent d’organiser des sorties à la frontière, et certains rêvent de futurs voyages scolaires sur le mont Paekdu ! »
Jang Chang-jun, professeur de Sciences Politiques à l’Université Hanshin à Séoul. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)
Jang Chang-jun, professeur de Sciences Politiques à l’Université Hanshin à Séoul. (Crédits : Asialyst / Stéphane Lagarde)
Le mont Paekdu en Corée du Nord, où se sont promenés les dirigeants des deux Corées en septembre dernier à l’occasion du troisième sommet intercoréen. Et bientôt peut-être le mont Halla sur la grande île de Jeju à l’extrême sud de la péninsule, où les autorités sud-coréennes ont invité Kim Jong-un. Une île dont la mère du dirigeant nord-coréen serait originaire et qui a longtemps nourri l’imaginaire des militants pro-démocratie en Corée du Sud. L’idée d’une réunion du pays depuis le mont Hala au mont Paekdu faisant même l’objet d’un chant connu de part et d’autre du 38ème parallèle.
Cette chanson, comme tous les signes d’encouragement à une réunification des deux Corées, n’est guère appréciée des militants d’extrême droite en Corée du Sud. Pour le reste, l’opinion sud-coréenne qui a longtemps été réservée à l’idée d’une réunification, semble devenue moins frileuse. Seuls 31 % des sondés s’opposent à l’idée de retrouvailles, nous dit le sondage publié par le Hankyoreh. D’autres y sont au contraire plus que favorables. Le directeur d’EBS, la chaîne sud-coréenne des savoirs, a dû démissionner. Son puzzle en 3D de Kim Jong-un en « plus jeune leader au monde » et « grand artisan de la dénucléarisation de la péninsule » a été considéré comme trop hagiographique.
Par Stéphane Lagarde

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.