Politique
Revue de livre

Comment se débarrasser des clichés sur la Thaïlande

Près de la plage de Maya Bay sur l'île thaïlandaise de Phi Phi Ley. C'est là que le film "La Plage" a été tourné avec Leonardo Di Caprio. Le lieu est régulièrement envahie de touristes. (Source : Boudster)
Près de la plage de Maya Bay sur l'île thaïlandaise de Phi Phi Ley. C'est là que le film "La Plage" a été tourné avec Leonardo Di Caprio. Le lieu est régulièrement envahie de touristes. (Source : Boudster)
« La Thaïlande n’a jamais été colonisée », « c’est une monarchie constitutionnelle », « c’est le paradis des lesbiennes, gays et transgenres »… Dans son ouvrage Idées reçues sur la Thaïlande, la chercheuse Eugénie Mérieau interroge 20 lieux communs sur le « Pays du sourire » et esquisse un portrait politique, sociétal et économique du pays, loin des clichés.
L’ouvrage d’Eugénie Mérieau part d’un constat : pays oublié du milieu universitaire, la Thaïlande n’est pas connue, ou plutôt, elle est mal connue. En France, on imagine souvent un État où les drogues et le tourisme sexuel sont rois et où la corruption gangrène la politique. Pourtant, l’opium et l’héroïne ont totalement disparu du nord du pays où ils étaient cultivés, et ce ne sont pas les touristes mais bien les Thaïlandais qui sont les premiers clients de la prostitution. Un par un, Eugénie Mérieau démonte ainsi 20 lieux communs sur la Thaïlande. Elle s’attache d’abord à faire la lumière sur son histoire, revenant sur la construction du Royaume de Siam et sur la naissance de la Thaïlande moderne. Elle répond ensuite à plusieurs idées préconçues sur l’histoire politique du pays avant de s’intéresser à la société thaïlandaise et son économie.
A l’affirmation, « la Thaïlande est le paradis des lesbiennes, gays et transgenres », elle répond : oui, les transgenres sont particulièrement bien acceptés dans la société mais leur vie n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. En réalité, ils n’ont aucune reconnaissance légale. Et si la société thaïe comprend que l’on peut être né « dans le mauvais corps », l’homosexualité, elle, est toujours très mal perçue au point que certains sont prêts à changer de sexe pour devenir hétérosexuels.
La force de ce bref ouvrage est son esprit pédagogique, qui le rend accessible aux simples curieux. Mais surtout, Eugénie Mérieau n’hésite pas à poser les questions qui fâchent. Attachée d’enseignement à Sciences-Po Paris et auteure du livre Les Chemises rouges de Thaïlande, elle explique pourquoi la monarchie constitutionnelle thaïlandaise n’est pas la même que celle qui régit le Royaume-Uni. La loi de lèse-majesté « ne fait pas partie intégrante de la culture thaïlandaise », démontre Eugénie Mérieau, qui souligne aussi que les habitants du nord-est du pays, bastion des chemises rouges, ne sont pas « arriérés » à l’inverse de ce que les pouvoirs politiques laissent souvent entendre. Des explications rares sur ce pays où critiquer le roi est punissable d’emprisonnement. Voilà un livre à mettre entre les mains de tous ceux qui veulent un panorama bref mais juste de la société thaïlandaise aujourd’hui.
A voir, l’interview d’Eugénie Mérieau :

Par Cyrielle Cabot

A lire

Idées reçues sur la Thaïlande, Eugénie Mérieau, Le Cavalier bleu, 152 pages, 12 euros.

Lire aussi notre entretien avec Eugénie Mérieau : « La Thaïlande dans l’impasse autoritaire ? ».

Couverture du livre "Idées reçues sur la Thaïlande" par Eugénie Mérieau, éditions Le Cavalier Bleu. (Source : Amazon)
Couverture du livre "Idées reçues sur la Thaïlande" par Eugénie Mérieau, éditions Le Cavalier Bleu. (Source : Amazon)

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur
Jeune journaliste diplômée de l’école du CELSA (Paris-Sorbonne), Cyrielle Cabot est passionnée par l’Asie du Sud-Est, en particulier la Thaïlande, la Birmanie et les questions de société. Elle est passée par l’Agence-France Presse à Bangkok, Libération et Le Monde.