Culture
Cinéma

Un festival du cinéma d’auteur chinois à Paris

Affiche (détail) du film Paths of the soul de Zhang Yang
Cinéphiles de tous les pays, unissez-vous ! Et venez donc encourager la première édition du Festival du Cinéma d’Auteur Chinois. Le coup d’envoi a été donné ce vendredi 19 janvier, au mythique Studio des Ursulines à Paris. Il vous reste tout le week-end pour faire le plein d’images venues de la scène indépendante chinoise. L’occasion de se faire plaisir pour les amoureux du 7ème art, mais aussi de découvrir une Chine loin des clichés. Demandez le programme !
Les membres de l'association Allers-Retours organisatrice du Festival du Cinéma d'Auteur Chinois 2018
Carton plein dès la cérémonie d’ouverture ! La première séance de cette première édition du festival de cinéma d’auteur chinois affichait complet ce vendredi soir au Studio des Ursulines à Paris. Les Anges portent du blanc attirent les foules, et ce n’est pas étonnant !
Tourné avant la déferlante #MeToo, le film de Vivian Qu entre pleinement en résonance avec l’esprit de l’époque : « Deux étudiantes sont attaquées par un homme d’âge mûr dans un motel nous dit les synopsis. Mia, l’adolescente qui travaillait à la réception, est le seul témoin. Elle ne dit rien pour ne pas perdre son travail. »
Affiche du film Angels Wear White de Vivian Qu

Pélerinage cinéphilique

Inauguré en 1925, le studio du 10 de la rue des Ursulines à Paris, a longtemps été considéré comme un lieu de pèlerinage par les boulimiques de la pellicule. C’est là, non loin du jardin du Luxembourg, qu’a été inventé le concept de cinéma d’art et d’essai. Et c’est aujourd’hui au tour du cinéma d’auteur chinois de s’y épanouir.
Alors c’est sûr, nous sommes loin du nouveau Paris branché. Le Ve arrondissement au cœur de la capitale française donne cette douce impression de revenir deux mille ans en arrière, à l’époque du cinémascope, de Godard et des barricades. Le quartier est resté figé dans les années 60. Le cinéma des ursulines a presque un siècle, l’âge probablement de toute la jeune équipe du festival qui s’active à l’entrée.

Polar tragi-comique

Clic Clac ! Pendant que les spectateurs s’en mettent plein la rétine, on prend la pause devant l’affiche du festival, façon groupe de rock, pour les journalistes de passage. Puis, on se remet immédiatement au travail. La campagne sur les réseaux sociaux semble avoir fonctionné. Bien joué les relances sur Facebook et WeChat ! Les téléphonent vibrent et les likes s’accumulent. Résultat : il ne reste plus que quelques places pour la séance de 21h45.
Dépaysement garantie là aussi : avec Free and Easy, Geng Jun invente le polar tragi-comique. Le réalisateur indépendant nous emmène dans une petite ville du Dongbei, le nord-est de la Chine, où se croisent un vendeur de « savon magique », un moine louche, un simple d’esprit à la recherche de sa mère, un maître de Kungfu, des bureaucrates loufoques, deux policiers oisifs, un garde forestier et des… voleurs d’arbres !?

Cheval et Panda

« Nous voulons montrer plusieurs Chine, explique Alexis Gaubert, membre de l’Association « Allers-Retours », organisatrice de l’évènement. Nous avons deux films sur la région autonome du Tibet. Le Dongbei et d’autres provinces chinoises sont également représentées, sans oublier Hong Kong. »
Le combat en vaut la lanterne. Car si les 90 salles obscures et plus de 400 écrans parisiens accueillent régulièrement des films de réalisateurs coréens et japonais, le cinéma d’auteur de la deuxième économie du monde est encore trop rare dans la capitale mondiale du 7ème art. Rien de tel pourtant qu’un bon film, pour s’ouvrir à une autre culture et dépasser les clichés.
Affiche du Festival du cinéma d'auteur chinois 2018 (Crédits : Association Allers-Retours)

« Où allez-vous ? »

A l’heure où la diplomatie du cheval rencontre celle du panda, le réalisateur Hu Wei interroge nos différences. Son court métrage s’intitule : « Ce qui nous éloigne ». Mais ce pourrait être aussi « ce qui nous rapproche », plaisante Alexis Gaubert. « Il y a beaucoup de choses en Chine dont les Français peuvent se sentir proche, affirme le programmateur. Je pense par exemple à la vie du poète Yu Xiuhua dans Still Tomorrow où il y a un côté champêtre qui rappelle la France rurale. »
Parmi les pépites de ce festival soutenu par les Universités Paris III et Paris VIII, ainsi que par les CROUS de Paris et de Créteil, on notera encore le long métrage de Yang Zhengfan où la vie filmée à travers le pare-brise d’un taxi à Hong Kong. Un film qui pose les bonnes questions, à commencer par celle que lancent tous les chauffeurs lorsque vous montez dans leur véhicule : « Where are you going ? » « Où allez-vous ? » N’est-ce pas là aussi, l’interrogation qui anime l’ex-colonie britannique depuis la vigoureuse reprise en main de la région administrative spéciale par Pékin il y a plusieurs mois ?

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.