Michel Noll : "On assiste à un printemps du documentaire en Chine !"
Contexte
N’espérez pas voir un documentaire dénonçant l’incarcération des avocats des libertés en Chine, rien non plus sur la concentration des pouvoirs dans les mains du président Xi Jinping, pas une image enfin sur les persécutions des minorités tibétaines, ouïgoures et mongoles de l’empire du milieu. Depuis sa création, le festival Écrans de Chine entend donner la parole à des réalisateurs chinois. Une Chine filmée par elle-même, échappant à la fois à la désinformation des médias officiels et aux clichés véhiculés par l’Occident.
« Je ne veux ni propagande ni underground », explique Michel Noll dans l’entretien qu’il nous a accordé. Ce vieux briscard du documentaire sait bien qu’une bonne histoire commence par celle du voisin, et que rien ne ressemble plus aux images de propagande qu’un film engagé, bavard et éloigné de la réalité des choses et des êtres. Sur ce plan, vous ne serez pas déçu ! Si vous vous intéressez à l’empire du milliard et demi, vous aurez même des surprises.
Cette sixième édition étant encore la meilleure manière de prendre le pouls et de sentir le bouillonnement de la Chine d’aujourd’hui. Celle d’une jeunesse confrontée aux évolutions du marché du travail : « Il n’y a pas de place pour moi, même pour passer la serpillière », se désole ainsi une jeune fille de la province chinoise du Gansu dans Une porte de sortie. « Ce n’est pas ça mademoiselle, lui répond la responsable de l’hôtel. C’est que désormais nous avons mis des tapis partout. »
Celle encore de ces trois jeunes de Macao filmés par Larry Chan. Alors que tous les objectifs sont tournés vers Hong Kong et les étudiants qui se préparent à sortir leur parapluie pour contrer les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, les jeunes Macanais se battent contre un projet de loi sur les retraites. Au total, 20 000 personnes vont descendre dans les rues et obtenir le retrait du texte.
A en croire le patron du festival qui se rend très régulièrement sur place, la Chine foisonne de Xavier Dolan. Michel Noll repère ces jeunes réalisateurs de talent. Il les encourage dans leur projet et il montre leurs productions à un public européen. Une manière de donner un sens aux choses et d’éviter que « cette énergie ne se transforme uniquement en fric ». Il est peut-être d’ailleurs là, finalement, l’engagement militant que l’on trouvait absent. Un engagement des spectateurs aussi qui se déplacent pour voir ces nouvelles images venues de Chine.
« Je ne veux pas d’underground et je ne veux pas de propagande ! »
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