Politique

Corée du Sud : Park Geun-hye officiellement accusée de corruption liée à Samsung

L'effigie de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye lors d'une nouvelle manifestation appelant à sa démission à Séoul le 25 février 2017. (Crédits : Ramil Sitdikov/Sputnik)
L'effigie de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye lors d'une nouvelle manifestation appelant à sa démission à Séoul le 25 février 2017. (Crédits : Ramil Sitdikov/Sputnik)
C’est maintenant officiel. La commission indépendante chargée de l’enquête sur le Choi Gate a rendu son verdict aujourd’hui lundi 6 mars : la présidente sud-coréenne Park Geun-hye aurait aider Lee Jae-yong, l’héritier de Samsung, à consolider sa prise de pouvoir sur le groupe. Ce communiqué confirme aussi l’existence d’une « liste noire » répertoriant des personnalités culturelles jugées en contradiction avec le gouvernement (voir notre article sur le sujet). Les accusés, droits dans leurs bottes, plaident l’innocence.
Corruption, trafic d’influence et abus de pouvoir. Ces chefs d’accusation contre Park Geun-hye sont maintenant confirmés. Ce lundi, la commission indépendante chargée de l’enquête sur le Choi Gate a même précisé les motifs présumés à l’origine du vote de destitution de la présidente sud-coréenne à l’Assemblée nationale en décembre dernier. En collusion avec sa confidente Choi Soon-sil, Park aurait accepté des pots-de-vin pour aider Lee Jae-yong à succéder officiellement à son père à la tête de Samsung, rapporte le South China Morning Post. Ce dernier fait partie des 30 accusés par les enquêteurs indépendants. “Le vice-Président de Samsung a détourné 43,3 milliards de wons et a remis la somme à la présidente et à son amie Choi Soon-il”, précise le Korea Times. S’il est reconnu coupable, Lee risque plus de vingt ans de prison.

Autre confirmation : Park Geun-hye est également suspectée d’avoir établi une « liste noire » composée de musiciens et d’artistes, ajoute le journal sud-coréen. Cette liste avait été révélée par la presse locale il y a déjà quelques mois. Y sont répertoriées 9 473 personnalités ayant critiqué la présidente et son gouvernement. Ces personnalités, ont étés privés des aides du gouvernement, ce qui constitue un abus de pouvoir, ajoute le Korea Times. Parmi les responsables de cette liste, figure non seulement le nom de la présidente sud-coréenne, mais aussi ceux de Choi Soon-sil, de la ministre de la Culture Cho Yoon-sun et du chef du cabinet présidentiel Kim Ki-choon.

L’enquête de la commission indépendante repose sur l’examen de 900 ordinateurs et téléphones mobiles. Park aurait ainsi utilisé un téléphone enregistré sous un faux nom pour communiquer avec Choi et ses complices – ce qui est purement illégal en Corée du Sud, rappelle le Korea Times. Lee Young-seon, un aide présidentiel, a aussi été inculpé pour avoir ouvert ces comptes téléphoniques à l’usage de la présidente ainsi qu’à d’autres fonctionnaires. Il est également accusé d’avoir aidé Park à recevoir des traitements médicaux de praticiens non-certifiés, et donc non-autorisés par la loi.

Quant à Choi-Soon-il, surnommée la « Raspoutine sud-coréenne », elle est intervenue illégalement dans des projets d’affaire à l’étranger, révèlent les enquêteurs selon le Korea Times. La commission a donc gelé les avoirs de Choi évaluées à 270 milliards de wons (environ 236 millions de dollars), précise l’agence Yonhap.

Maintenant que la commission d’enquête a livré ses conclusions à la cour constitutionnelle, c’est cette dernière qui devra valider ou non la destitution de la présidente. Les enquêteurs précisent néanmoins que de nombreuses questions n’ont pu être élucidées en raison du temps d’investigation trop court, et du manque de coopération dont les accusés ont fait preuve, notamment Park Geun-hye qui a refusé tout interrogatoire, souligne le Korea Times.

Droite dans ses bottes, la présidente a continué à nier les accusations qui pèsent sur elle. Son représentant légal, Yoo Yeong-ha, a immédiatement publié une déclaration réfutant toutes les conclusions de l’enquête. Il dénonce la commission indépendante qui serait « politiquement biaisée » dans une « enquête de fiction », rapporte Yonhap. Même déni du côté de Samsung : dans un communiqué, le groupe a démenti tout versement de pot-de-vin à la présidente et assuré que « de nouvelles procédures judiciaires vont révéler la vérité », indique The Star.

Par Benjamin Giraudeau
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