Politique

Corée du Sud: fin de l’enquête sur Park, le Premier ministre accusé d'abus de pouvoir

Des manifestants en soutien de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye défile devant la Cour constitutionnelle à Séoul le 27 février 2017. (Crédits : AFP PHOTO / JUNG Yeon-Je)
Des manifestants en soutien de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye défile devant la Cour constitutionnelle à Séoul le 27 février 2017. (Crédits : AFP PHOTO / JUNG Yeon-Je)
Le Premier ministre Hwang Kyo-anh est-il le « garde du corps » de Park Geun-hye ? C’est ce dont l’accuse l’opposition sud-coréenne après le refus du président intérimaire d’étendre le mandat des enquêteurs dans la procédure de destitution de Park, alors que la Maison-Bleue a fait savoir que la présidente n’accorderait aucune audience aux procureurs. La procédure s’achève mardi 7 mars.
Fin de parcours pour les enquêteurs ? Park Geun-hye ne leur parlera pas en dépit leurs demandes. Le bureau de la présidente a refusé toute interrogatoire filmé ou enregistré, a déploré Lee Kyu-chul, porte-parole des procureurs chargés de l’enquête, rapporte Channel News Asia. Pire encore aux yeux ses détracteurs, Park a même reçu le « soutien » objectif du Premier ministre Hwang Kyo-ahn qui la remplace de facto aux fonctions présidentielles, depuis le vote de destitution à l’Assemblée nationale en décembre dernier. Ce lundi 27 Février, Hwang a refusé d’étendre le mandat de la commission chargée d’enquêter sur l’affaire éclaboussant la présidente sud-coréenne. Park se défend toujours de toute responsabilité dans ce scandale colossal, mélant trafic d’influence, corruption et chamanisme : elle est accusée de collusion avec sa confidente Choi Soon-sil dans le but de forcer de grandes entreprises locales à « donner » des dizaines de millions de dollars à deux fondations dirigées par Choi. « Le conseil a déjà inculpé plusieurs personnalités impliquées dans le scandale, ou a collecté suffisamment de preuves pour en inculper d’autres, de sorte qu’il a atteint son objectif », s’est justifié le chef du gouvernement cité par le Korea Times.

Cette décision ne calmera certainement pas l’antagonisme entre les soutiens de Park et le mouvement de la société société civile en faveur de sa démission, qui manifeste chaque week-end à Séoul depuis quatre mois. A la fin du novembre 2016, 1,3 millions de Coréens avaient défiler dans les rues de la capitale. Pour le président intérimaire, l’important est ailleurs : c’est la « stabilité de l’Etat » qui est en jeu, rapporte Channel News Asia.

Ces dernières déclarations ont déclenché la colère de l’opposition sud-coréenne qui appelle désormais à la mise en accusation du Premier ministre et à sa destitution. Le président par intérim n’est que le « garde du corps » de Park-Geun-hye, accuse l’opposition pour qui cette décision est guidée par « ses intérêts politiques plutôt que par les principes et la loi », indique le Korea Times. Cité par le quotidien sud-coréen dans un autre article, Oh Shin-hwan, le porte parole du Parti Bareun, dénonce quant à lui un abus de pouvoir : « Ce refus est une décision dictatoriale qui ignore les attentes du peuple pour une clarification. […] Voilà un ancien juriste qui a lui-même oublié l’Etat de droit ! »

Au contraire, le parti au pouvoir (le Liberty Korea Party) s’est rangé derrière la décision du Premier ministre en reprenant les mêmes éléments de langage. « Hwang a pris une dure décision dans l’intérêt et la stabilité de la nation, sans être affecté par des menaces et des pressions illégitimes. Nous respectons cela », a déclaré le chef du parti, Chung Woo-taik.

La commission indépendante est toujours à pied d’oeuvre. Elle prévoit quinze inculpations d’ici la fin de semaine. Après 70 jours d’enquête, le travail des procureurs se clôture mardi prochain, rappelle le Korea Herald.

Par Benjamin Giraudeau
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