Politique

Corée du Sud : pourquoi la justice accélère la procédure contre Park

Le président de la Cour constitutionnelle sud-coréenne Park Han-Chul lors de l'audience de confirmation de la procédure de destitution contre la présidente Park Geun-hye le 5 janvier 2017, à Séoul. (Crédits : AFP PHOTO / POOL / JUNG Yeon-Je)
Le président de la Cour constitutionnelle sud-coréenne Park Han-Chul lors de l'audience de confirmation de la procédure de destitution contre la présidente Park Geun-hye le 5 janvier 2017, à Séoul. (Crédits : AFP PHOTO / POOL / JUNG Yeon-Je)
Le 13 mars. C’est la date limite fixée par le président de la Cour constitutionnelle à Séoul pour rendre son verdict sur la destitution de la présidente Park Geun-hye. Pourquoi soudain accélérer la procédure ? C’est que le départ à la retraite de deux juges membres de la Cour pourrait remettre en question l’impartialité de la délibération.
Echapera-t-elle à la destitution ? La question devient toujours plus pressante pour Park Geun-hye. Aujourd’hui, mercredi 25 janvier, le président de la Cour constitutionnelle Park Han-chul a appuyé sur l’accélérateur : le tribunal devra conclure le procès en destitution de la présidente sud-coréenne au plus tard le 13 mars, comme l’indique le Korea Times. Pourquoi une telle précipitation ? Pour répondre à cette question, il faut se concentrer sur les départs à la retraite de Park Han-chul lui-même et de son confrère juge à la Cour Lee Jung-mi, respectivement les 31 janvier et 13 mars. En principe, la délibération pourrait avoir lieu sans leur présence, avec 7 juges restants sur 9. Cependant, la présidente Park et ses conseillers ont trouvé une brèche : la réduction des membres du jury risque de déséquilibrer la décision de la Cour : « Même la retraite d’un seul juge pourrait constituer une menace notoire à l’équité du verdict », a objecté la chef de l’Etat.

De son côté, l’équipe du procureur spécial Park Young-soo envisage de mener une enquête approfondie et une perquisition à la Maison-Bleue, sur la base d’un « examen juridique ». En octobre 2016, les enquêteurs avaient déjà tenté de procéder à une fouille du palais présidentiel, mais sans succès. Et pour cause : la présidente avait alors invoqué le « secret militaire » et « la confidentialité des fonctions », n’acceptant de fournir ainsi qu’une partie des documents demandés. Cependant, indique le quotidien Hankyoreh, la date de l’interrogatoire de Park Geun-hye n’a pas encore été définie précisément. Elle devrait avoir lieu courant février.

D’après le Korea Times, si la Cour se prononce en faveur de la destitution de Park avant le 13 mars, une élection présidentielle aura donc lieu fin avril ou au plus tard début mai. Si la décision est prise avant la fin de l’enquête du procureur spécial le 28 février, la présidente ne pourra plus compter sur la protection de la Constitution pour échapper à l’interrogatoire qui lui est réservé. En outre, un prolongement d’enquête de trente jours est possible avec l’accord du tribunal. Si ce dernier refusait la requête, Park Geun-hye reprendrait immédiatement ses fonctions et l’élection présidentielle aurait lieu comme prévu en décembre.

Pendant ce temps, Choi Soon-sil clame son innocence. D’après le Korea Herald, l’équipe du procureur spécial a émis un mandat d’arrêt contre la confidente de Park pour l’interroger. Choi avait été incarcérée pour avoir utilisé ses liens avec la présidente afin d’extorquer de l’argent à des grands groupes comme Samsung ou Lotte. Depuis, elle avait refusé de répondre aux questions des enquêteurs en invoquant des raisons de santé. Citée par Channel News Asia, elle met en cause la police : « J’ai été forcée de faire des aveux de crimes en complicité avec la présidente. (…) Je ne mérite pas d’être traitée ainsi. »

Par Joana Hiu

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