Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Pourquoi Trump reconnaît soudain la "politique d'une seule Chine"

Le mouvement de rapprochement est américain. En reconnaissant la "politique d'une seule Chine", Donald Trump a finalement cédé aux appels du pied de Xi Jinping. Copie d'écran du South China Morning Post, le 10 février 2017.
L’imprévisibilité demeure sa marque de fabrique. Dans un coup de fil inattendu à Xi Jinping passé hier jeudi 9 février, Donald Trump a affirmé son soutien à la « politique d’une seule Chine » à la demande du président chinois, informe le South China Morning Post. Le chef d’Etat américain reconnaît ainsi que Taïwan et le continent chinois font partie d’une seule et même Chine – contrairement aux signaux qu’il avait lancés depuis sa victoire en novembre dernier. Comment expliquer ce retournement de situation, dont Xi se félicite ?
Cela faisait près de trois mois qu’ils ne s’étaient pas adressés la parole. Xi Jinping avait boudé Donald Trump après l’entretien téléphonique que le président-élu américain d’alors avait effectué avec son homologue taïwanaise, Tsai Ing-wen. Un geste hautement symbolique, rompant avec près de 40 ans de pratique diplomatique et – de fait – avec la politique d’une seule Chine. Le rapprochement entre Taipei et Washington semblait alors évident, alimentant les inquiétudes quant aux développements de la relation sino-américaine. La semaine dernière encore, la presse internationale titrait sur le silence de Donald Trump à l’occasion du nouvel an chinois : aucun message à la communauté asiatique des Etats-Unis en général et à Xi Jinping en particulier.
Mais cette tension n’était plus tenable aux yeux de l’administration américaine, rapporte le New York Times. Michael T. Flynn, conseiller à la sécurité nationale, a donc rencontré cette semaine le conseiller chinois aux affaires de l’Etat, ex-ministre des Affaires étrangères et ex-ambassadeur aux Etats-Unis, Yang Jiechi – avant d’apporter à l’actuel ambassadeur chinois, Cui Tiankai, la lettre de voeux de Donald Trump à l’occasion de la nouvelle année lunaire… De son côté, le secrétaire d’Etat Rex W. Tillerson s’est entretenu avec des officiels à la Maison blanche sur le dossier chinois, s’étant lui-même positionné en faveur du soutien à la « politique d’une seule Chine ». Il a toujours refusé, contrairement à Trump, de faire de Taïwan un pion sur l’échiquier politique sino-américain, note le quotidien américain.
Ce revirement est par ailleurs intervenu à quelques heures de l’arrivée du Premier ministre Shinzo Abe à Washington, pour sa deuxième rencontre avec Donald Trump. Sa visite de trois jours, qui débute ce vendredi 10 février, sera scrutée attentivement par la Chine, explique toujours le New York Times. Pékin craint en effet que Tokyo ne devienne la pièce maîtresse de la stratégie américaine en Asie pacifique. Le coup de fil rassurant du président américain à son homologue chinois viserait ainsi à atténuer les retombées de la rencontre américano-nippone, souligne à son tour le South China Morning Post.
Et Taipei, dans tout ça ? L’île fait profil bas. Le porte-parole du bureau de la présidence, Alex Huang, a déclaré que Taïwan continuerait d’entretenir des « relations étroites » avec les Etats-Unis « à la suite de la décision de Trump d’honorer la politique d’une seule Chine » rapporte le China Post. Il faut dire que Rex Tillerson avait réaffirmé il y a quelques jours le soutien américain au respect du Taiwan Relations Act de 1979, qui régit les relations entre Washington et Taipei depuis la reconnaissance diplomatique du gouvernement de Pékin par les Etats-Unis, et des « six garanties » formulées par Ronald Reagan en 1982, explique le quotidien taïwanais dans un second article.
Par la Rédaction

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