Corée du nord : Kim Jong-un, un (premier) quinquennat au pouvoir
Tandis qu’à Séoul, la Maison Bleue vit des moments agités avec la procédure de destitution engagée contre la présidente Park Geun-hye, dans la septentrionale et plus austère Pyongyang, par-delà le 38e parallèle et la zone démilitarisée, le régime nord-coréen et son dirigeant, l’énigmatique trentenaire Kim Jong-un, sembleraient presque plus « sereins ». Un paradoxe insolite, alors que la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC), pays parmi les plus isolés et sanctionnés du concert des nations, continue sans l’ombre d’un scrupule à défier, à menacer ses voisins (Corée du sud) et ennemis historiques (Etats-Unis) en brandissant le spectre ultime du feu nucléaire…
Des surprises ?
Cinq ans plus tôt, à Séoul, Washington, Pékin ou Paris, il était fort peu d’observateurs à miser sur les chances de ce trentenaire – réapparu seulement deux ans plus tôt aux côtés de son père – de mener à bien le délicat exercice d’une transition intergénérationnelle* dans cette défiante autocratie communiste, moins encore à considérer que ce dernier (sans expérience aucune jusqu’alors) serait à même de consolider en l’espace de quelques années seulement son autorité. Trois essais nucléaires (février 2013 ; janvier et septembre 2016), une série de purges et d’exécutions** (une centaine de cas recensés) dans les rangs civils et militaires, un Congrès du Parti des Travailleurs de Corée (mai 2016 ; 7eme du genre depuis 1948 et premier en trente ans) et une session de l’Assemblée Nationale Populaire (29 juin 2016) plus tard, le constat est sans appel. Celui qui célébrera le 8 janvier prochain son 33e anniversaire apparait aujourd’hui comme le détenteur crédible de l’autorité dans cette nation nucléaire du nord-est asiatique et le régime, tout critiqué, dénoncé et sanctionné soit-il, de toute évidence plus solide aujourd’hui qu’il ne l’était fin 2011. Une surprise en soi.
Du mieux ?
Pourtant, à y regarder de près, si le sort des 25 millions de Nord-Coréens n’a guère connu d’évolution favorable dans le champ politique (respect des droits de l’homme, libertés publiques, liberté expression), il semble en aller différemment de l’espace socio-économique. Si l’économie nord-coréenne représente en 2016 une minuscule fraction (2% ; 28 milliards de dollars contre 1377 milliards) de sa puissante voisine méridionale (11e économie mondiale en 2015), si le citoyen nord-coréen aurait selon les statistiques de l’ONU 40 fois moins de ressources à sa disposition qu’un résident de Séoul ou de Busan (700 dollars par an par habitant contre 28000), l’ensemble des observateurs au fait des questions comptables et financières notent le relatif dynamisme de l’économie nord-coréenne, portée ces trois-quatre dernières années par une croissance annuelle estimée entre +2 et +4% du PIB. Un rythme de croisière substantiel inconnu lors des deux décennies précédentes de l’ère Kim Jong-il.
L’économie nord-coréenne reste malgré ces signaux bienvenus loin de la surchauffe, demeure dans la catégorie des nains économiques de la très dynamique région Asie-Pacifique. De quoi valider la « philosophie politique » de son dirigeant suprême Kim Jong-un, résumée dans le concept de byongjin (la « double poussée »), accordant parallèlement la priorité au développement du programme nucléaire et de l’économie ?
De mal en pis ?
Une politique extérieure « Pyongyang-style »…
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