Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

La Chine augmente la pression sur Taïwan après l'appel de Tsai à Trump

La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, est dans le collimateur de Pékin depuis son coup de fil à son homologue-élu Donald Trump. Les premières menaces de la Chine populaire font surface (Crédit : REUTERS). Copie d'écran du Straits Times, le 7 décembre 2016.
La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, est dans le collimateur de Pékin depuis son coup de fil à son homologue-élu Donald Trump. Les premières menaces de la Chine populaire font surface (Crédit : REUTERS). Copie d'écran du Straits Times, le 7 décembre 2016.
Les représailles de Pékin prennent corps. Cinq jours après le fameux coup de fil passé par Tsai Ing-wen, la présidente de Taïwan, à Donald Trump, président-élu des Etats-Unis, la Chine met la pression sur Taipei et sur Washington. Au programme : un « renforcement » présumé des vols de l’Armée populaire de Libération (APL) près de Taïwan et la tentative d’empêcher Tsai de transiter par le sol américain.
Pour l’instant, ce ne sont que des supputations d’analystes militaires chinois. Mais d’après le South China Morning Post, il est bien probable que l’APL augmente la fréquence de ses vols au large de Taïwan. Car dès septembre, le porte-parole de l’aviation militaire chinoise avait appelé à des « vols réguliers » tout au long de la « première chaîne d’îles » – celle qui relie le Japon à Taïwan, et que Pékin accuse les Etats-Unis d’avoir « utilisée » pendant la guerre froide. Et voilà que le coup de fil de Tsai à Trump a mis du carburant dans les moteurs. « Pékin entreprendra des exercices militaires afin d’envoyer un signal plus fort à l’administration indépendantiste de Tsai, car cela favorisera une meilleure dissuasion », explique ainsi l’analyste militaire Li Jie, basé à Pékin.
Autre levier de pression activé par le continent chinois : empêcher Tsai de faire un transit par le sol américain. La présidente taïwanaise devrait en effet faire escale à New York le mois prochain, dans le cadre d’une visite en Amérique centrale – où sont concentrés une bonne partie des derniers alliés diplomatiques de l’île. Elle pourrait alors rencontrer des membres-clés de l’équipe de transition de Trump, affirme le Straits Times. Voilà pourquoi le ministère chinois des Affaires étrangères s’est fendu d’un fax à l’AFP demandant à Washington d’empêcher ce transit qui, d’après Pékin, « enverrait des signaux erronés en faveur d’une indépendance de Taïwan ». Ce à quoi les Etats-Unis ont rétorqué que le transit de présidents taïwanais sur leur sol constituent une « pratique de longue date ».
Dans le même temps, Trump souffle le chaud et le froid. D’abord parce qu’il choisirait un ami de longue date de Xi Jinping comme ambassadeur à Pékin : le gouverneur de l’Iowa, Terry Branstad. L’information a été confirmée par trois sources anonymes, confie toujours le Straits Times dans un autre article. Il faut dire que Xi et Branstad se sont rencontrés dès 1985 : celui qui allait devenir président de la République populaire de Chine était alors en visite dans l’Iowa, dont Branstad était déjà gouverneur. Xi s’était rendu dans l’Etat fédéré en tant que directeur de l’Association agronomique de Shijiazhuang (Hebei). Les deux hommes sont restés en contact depuis, partageant « le même amour pour l’agriculture ». C’est pourquoi la Chine a reçu la nouvelle de sa probable nomination avec enthousiasme, déclare le South China Morning Post.
Mais le symbole de cette main tendue pourrait bien être relativisé par les déclarations de Stephen Yates, conseiller de Donald Trump qui ne dit pas son nom – il affirme ne pas faire partie de l’équipe de transition, quand bien même plusieurs médias rapportent ses liens avec elle et le président-élu. En visite à Taïwan, Yates, fin connaisseur de la « Grande Chine », estime que le fameux coup de fil n’initiera certes pas de changement dans la politique extérieure américaine, mais constitue un « bon départ » pour des « relations productives » entre Taipei et Washington, rapporte le Taipei Times. Il a ainsi défendu l’appellation de « présidente de Taïwan » à l’égard de Tsai Ing-wen – les « mots de la vérité » devant constituer la base des « futurs bons contacts entre les Etats-Unis ou la Chine et Taïwan » – et rassuré les Taïwanais en déclarant que leur île ne constituait pas un « pion » sur l’échiquier sino-américain.
Par Alexandre Gandil

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