Revue de presse Asie - 31 mai 2016

Tir nord-coréen échoué, Bangladais coupables à Singapour et Nawaz Sharif opéré

Des députés de l'opposition cambodgienne (CNRP) se sont rendus au Palais royal pour déposer des pétitions dénonçant les intimidations du gouvernement à leur encontre. Copie d'écran de "Phnom Pehn", le 31 mai 2016.
Des députés de l'opposition cambodgienne (CNRP) se sont rendus au Palais royal pour déposer des pétitions dénonçant les intimidations du gouvernement à leur encontre. Copie d'écran de Phnom Pehn, le 31 mai 2016.

Asie du Nord-Est

The Korea Herald – Cela deviendrait presque une habitude. Le Korea Herald rapporte que la Corée du Nord aurait tenté de lancer un nouveau missile de portée intermédiaire (Musudan) ce mardi 31 mai près de Wonsan, mais que la manoeuvre se serait – à nouveau – soldée par un échec. Il s’agirait donc de la quatrième tentative de lancement ratée depuis le mois d’avril pour Pyongyang.

Cette série d’échecs s’accompagne néanmoins d’un changement de comportement de la part des autorités nord-coréennes. Alors que Pyongyang envoyait toujours une notification auprès des agences des Nations unies avant ses lancements de missiles, comme le veut la coutume internationale, cela fait la quatrième fois ce mardi que cette étape est volontairement oubliée par la Corée du Nord. Le Korea Herald indique ainsi dans un second article que ni l’Organisation maritime internationale à Londres, ni l’Union internationale des Télécommunications à Genève, n’ont été averties par Pyongyang de la manoeuvre.

China Daily – Les 6 et 7 juin se tiendra la huitième session du dialogue économique et stratégique entre la Chine et Etats-Unis dans la capitale chinoise. L’occasion pour le gouvernement de Pékin de « mettre la pression » sur Washington, se targue le China Daily – notamment sur le dossier récurrent des mers de Chine, où se heurtent les intérêts des deux superpuissances. En effet, d’après le discours des autorités chinoises, la stratégie américaine du « pivot vers l’Asie » s’est faite « au détriment de la stabilité régionale », notamment parce qu’elle implique « une présence militaire croissante des Etats-Unis » en mer de Chine du Sud, sur la quasi-totalité de laquelle Pékin revendique sa souveraineté. Des tensions qui affectent leurs relations bilatérales, regrettent deux « sources [chinoises] proches du dossier » citées sous condition d’anonymat, alors même que la Chine et les Etats-Unis « partagent le même objectif de maintenir la stabilité régionale ». Problème : la définition de cette « stabilité régionale » n’est pas la même de part et d’autre du Pacifique. Tandis que pour Pékin, il s’agit de faire accepter sa souveraineté sur les archipels de mer de Chine méridionale quitte à les militariser, Washington souhaite maintenir la liberté de navigation dans la région.
China Times – Les secousses ont été ressenties sur la totalité de l’île de Taïwan. Aujourd’hui à 13h23 (heure locale) s’est produite la plus puissante secousse sismique depuis le terrible tremblement de terre du 21 septembre 1999. Ce dernier avait provoqué la mort de 2 500 personnes et d’énormes dégâts matériels. Le séisme avait été mesuré à 7,3 de magnitude tandis que l’épicentre était situé à une profondeur de 8 km seulement. D’une magnitude similaire de 7,2, la secousse de ce mardi 31 mai à midi s’est néanmoins distinguée de celle de 1999 par le fait que l’épicentre était situé à 73,1 kilomètres de profondeur – à 271 km au large de Keelung. Pour le moment, pas de dégats majeurs ni de victimes. 20 minutes après la secousse, le métro de Taipei refonctionnait normalement. Le Bureau national de la météorologie a néanmoins signalé que des dégâts en matière d’alimentation électrique avaient été enregistrés.

C’est dans l’est du pays, entre les villes côtières de Yilan et de Taitung que la terre a le plus tremblé. L’agence Reuters rapporte quant à elle que les secousses ont pu être ressenties jusqu’à l’aéroport de Taoyuan, à l’ouest de l’île, et dans les immeubles de la capitale, notamment au Parlement.

Asie du Sud-Est

The Jakarta Post – A deux reprises depuis mars 2016, des pêcheurs chinois ont été detectés près des îles Natuna. Le dernier incident date du vendredi 27 mai, lorsqu’un vaisseau chinois et ses 8 membres d’équipage ont été capturés par la marine indonésienne. Si le gouvernement de Pékin s’est plaint à Jakarta de cette arrestation, Luhut Panjaitan, le ministre indonésien pour la coordination des Affaires politiques, judiciaires et sécuritaires, affirme que le différend a été réglé rapidement entre les deux pays. Pour lui, de telles captures sont « habituelles ». « Si des violations ont lieu, nous plaçons en détention les malfaiteurs et traitons leur cas en vertu de la loi, explique-t-il. Si ces derniers doivent être relâchés, alors ils le sont. » Arrmanatha Nasir, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a complété les paroles du ministre en ajoutant que ce type d’arrestation pourrait très bien concerner n’importe quel citoyen étranger qui entreprendrait des activités illégales dans les eaux indonésiennes.

Si les autorités chinoises ont affirmé qu’elles ne revendiquaient aucune souveraineté sur les îles Natuna, le Jakarta Post rappelle tout de même que le conflit autour de ce territoire figure parmi des tensions croissantes en mer de Chine du Sud. En lien, relire notre revue de presse du 30 mai 2016 ou notre article sur le conflit en mer de Chine du Sud et l’Indonésie.

Channel News Asia – Parmi les cinq terroristes retenus à Singapour pour « financement d’activités territoristes », quatre ont plaidé coupable alors que le cinquième réfute les accusations. Tous les 5 sont soupçonnés d’avoir récolté plusieurs centaines de dollars dans le but d’organiser une attaque terroriste au Bangladesh. Leur peine finale leur sera prononcée le 21 juin prochain.

Rahman Mizanur, le chef du groupe, aurait tenté de rejoindre la Syrie après avoir développé un « goût » pour l’Etat Islamique. Incapable d’obtenir un visa pour la Turquie ou l’Algérie, ce dernier aurait finalement décidé d’aller travailler à Singapour. Une fois arrivé dans la cité-Etat, il aurait recruté pas moins de huit hommes, dont trois ont plaidé coupable avec lui, aujourd’hui mardi 31 mai. Le groupe se rassemblait dans des parcs en vue de lancer un « djihad armé » au Bangladesh pour attaquer les « non-croyants ». Le cinquième d’entre eux, Zzaman Daulat, a nié toute responsabilité, malgré son intention de plaider coupable la semaine dernière. Selon lui, il ne savait pas que l’argent était destiné à des activités terroristes. Un sixième homme a également réfuté les accusations contre lui la semaine dernière lors de son procès.

En outre, le Tribunal de Singapour a également déclaré que le groupe avait des liens avec les 27 militants bangladais arrêtés dans la ville l’année dernière – ce que le ministre singapourien des Affaires étrangères avait auparavant réfuté (relire notre revue de presse du 4 mai 2016)

Phnom Penh Post – C’est une manifestation qui n’aura pas lieu. Environ 1 000 personnes étaient attendues ce mardi 31 mai devant le Palais royal du Cambodge pour présenter une pétition au roi Norodom Sihamoni. Motif de l’indignation : les intimidations récurrentes du gouvernement face à l’opposition. Mais un accord conclu entre la police et le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), dans l’opposition, a empêché la manifestation d’avoir lieu. C’est finalement un convoi de parlementaires issus du CNRP qui est venu présenter au roi ladite pétition.

Les pressions du Premier ministre cambodgien Hun Sen contre l’opposition s’exercent en vue des élections générales de 2018, selon l’agence de presse américaine Associated Press. Lui qui est à la tête du gouvernement depuis 1985 a en effet gagner seulement d’une courte tête lors des dernières élections, en 2013. L’opposition afirme même qu’il aurait pu alors être battu si le vote s’était déroulé sans fraude.

Mais l’accord conclu entre la police et l’opposition n’apaise pas toutes les tensions – notamment celles autour de Kem Sokha, leader du CNRP accusé d’adultère la semaine dernière. Cette importante figure de l’opposition risque non seulement de perdre son siège de député, mais également d’écoper de plusieurs années d’emprisonnement. Le Phnom Penh Post rapporte ainsi que le CNRP menace d’une manifestation de masse si Sokha est arrêté, ce qu’a autorisé le Parlement lors d’une session boycottée par le parti d’opposition la semaine dernière. Or ce boycott invalide le vote des députés, indique un membre du CNRP : une telle décision requiert une majorité des deux tiers en vertu de l’article 80 de la Constitution. De son côté, l’Union européenne, qui a dépensé 10 millions d’euros pour la bonne tenue des élections au Cambodge, demande un « arrêt du harcèlement juriciaire envers les dirigeants de l’opposition et les représentants des organisations de la société civile ».

Asie du Sud

Firstpost – 20 morts et 19 blessés. C’est le bilan encore provisoire de l’incendie qui s’est déclenché ce mardi 31 mai dans le dépôt d’armes de Pulgaon (Maharashtra), le plus important d’Inde et le deuxième plus gros d’Asie. Il renfermait notamment des AK47 et des missiles BrahMos, rapporte NDTV. Parmi les victimes, le quotidien indien Firstpost déplore 18 soldats et 2 officiers. Accident ou sabotage, les raisons de la catastrophe restent inconnues, alors même que les locaux jouissaient « du plus haut niveau de sécurité ».

Peu de temps après l’explosion, intervenue à 1h30 du matin (heure locale), les villages alentours ont été évacués et le Premier ministre Narendra Modi a exprimé ses condoléances sur Twitter. Son ministre de la Défense, Manohar Parrikar, devrait se rendre sur place plus tard dans la journée, accompagné du ministre en chef du Maharashtra et du commandant en chef des armées, indique The Hindu. Les pompiers ont quant à eux réussi à maîtriser le feu dès 6h15 du matin (heure locale), soit moins de cinq heures après son déclenchement, indique NDTV.

Dawn – Six à huit heures : c’est le temps que doit durer l’opération à coeur ouvert du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, entamée ce mardi 31 mai à 8 heures du matin à Londres, a indiqué sa fille Maryam sur Twitter. Les informations sont distillées au compte-gouttes et le flou est volontairement entretenu autour de l’intervention, analyse le quotidien Dawn. Impossible, par exemple, de savoir où exactement Nawaz Sharif se fait-il opérer : plusieurs gardes du corps ont été postés devant différents hôpitaux de la capitale anglaise afin de disperser les médias.

Cette intervention risquée, qui fait suite aux complications d’une première chirurgie cardiaque effectuée en 2011, intervient alors que le Premier ministre pakistanais se trouve dans une situation plus que délicate dans son pays, pris entre les feux des « Panama Papers », des attentats terroristes et des revendications de l’armée (relire notre revue de presse de la semaine du 14 mai 2016 consacrée au Pakistan).

Dawn – Le Pakistan se retrouverait-il de plus en plus isolé en Asie du Sud ? C’est la crainte qui bruisse dans les milieux militaires à Islamabad. En cause : le projet irano-afghano-indien de construire une route reliant le port iranien de Chabahar à l’Afghanistan. Une entreprise tripartite qui représenterait une double « menace sécuritaire » pour Islamabad. D’une part, le développement du port de Chabahar pourrait remettre en cause l’influence du port pakistanais de Gwadar, développé conjointement avec la Chine. Et, par extension, d’anciens ministres pakistanais de la Défense redoutent que l’importance du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) ne soit remise en question dans son ensemble.

D’autre part, la coopération entre Téhéran, Kaboul et New Delhi isolerait un Pakistan « pris en étau » par les « politiques hostiles » de ses Etats voisins. C’est pourquoi les milieux militaires conseillent au gouvernement pakistanais de « rompre cette dynamique d’encerclement », c’est-à-dire de faire échouer le projet de route reliant Chabahar à l’Afghanistan. Pour ce faire, Islamabad peut compter sur l’aide de la Chine mais aussi de l’Iran, identifié comme étant le pays le plus apte à « basculer » côté pakistanais. Tout cela grâce à une nouvelle stratégie reposant sur la prise en considération des intérêts iraniens dans la réalisation du CPEC.

The Hindu – C’est une sempiternelle source de tensions entre Colombo et New Delhi. Ce mardi 31 mai, sept pêcheurs indiens en provenance de l’Etat méridional du Tamil Nadu ont été arrêtés par la marine sri-lankaise. Il s’agissait de leur premier jour de reprise du travail, après l’interdiction annuelle de 45 jours de pêche correspondant à la période de reproduction des poissons. Comme un pied-de-nez, The Hindu se permet d’indiquer que les pêcheurs qui n’ont pas été arrêtés sont revenus les « filets gorgés de crevettes et d’autres poissons ».
Par Alexandre Gandil, Alice Hérait, Joris Zylberman et Juliette Morillot, avec Hubert Kilian à Taipei et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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