Cette semaine en Asie - 14 mai 2016

Pakistan : Nawaz Sharif entre rêves et réalité

Le Premier ministre Nawaz Sharif et son épouse lors d'un voyage officiel au Sri Lanka
Le Premier ministre Nawaz Sharif et son épouse lors d'un voyage officiel au Sri Lanka (Crédit : Ishara S.KODIKARA / AFP ).
Ces derniers temps, les événements se suivent et se ressemblent pour Nawaz Sharif, le Premier ministre pakistanais. Peut-être est-ce même le mandat de trop pour l’homme fort du pays depuis maintenant plus de 25 ans – c’est en effet son troisième à la tête du gouvernement après ceux de novembre 1990/juillet 1993 et de février 1997/octobre 1999.
C’est peu dire que Sharif s’enlise toujours plus dans les conséquences politiques des révélations des « Panama Papers », tandis que les attentats terroristes continuent de sévir ; et tout cela alors même que l’armée menace.
La semaine avait bien mal commencé. La « faute » au consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à l’origine des révélations des « Panama Papers ». Ces derniers livraient de plus en plus d’informations sur les malversations présumées de la famille de Sharif. Des malversations et le rôle central que semble jouer le Premier ministre pakistanais qui bloquent depuis le début du mois de février toute la vie politique pakistanaise ; à tel point que l’armée somme maintenant Sharif de s’expliquer. Une armée d’autant plus à cran qu’elle est de plus en plus régulièrement visée par des attentats terroristes.

Retour sur une semaine au Pakistan à travers la presse asiatique et internationale.

Lundi 9 mai

Dawn – Est-ce de bon augure pour le Pakistan ? Son Premier ministre Nawaz Sharif est empêtré dans l’affaire des « Panama Papers » : de nombreux membres de sa famille sont cités dans ce scandale global de sociétés offshore. Pour trouver un nouveau souffle, le leader pakistanais regarde désormais vers la Turquie et Recep Tayyip Erdogan, rapporte le quotidien Dawn. Ces dernières semaines, Sharif a fait plusieurs fois référence à celui qui est président de la République turque depuis 2014, après en avoir été Premier ministre de 2003 à 2014.

Nawaz Sharif admire visiblement sa manière de gérer ses contentieux avec l’establishment militaire turc, qu’il a mis sous sa direction en amendant la Constitution, et avec les partis d’opposition, dont Erdogan a fortement restreint le champs d’action. Le Premier ministre pakistanais doit en effet affronter à la fois une alliance de 9 partis réclamant son jugement pour corruption et les pressions des militaires. La Turquie a toujours fait rêver les dirigeants au Pakistan. Avant Sharif, le Général Musharaff, parvenu au pouvoir par un coup d’Etat, se rêvait en Atatürk, le leader de la Turquie moderne.

Mardi 10 mai

Dawn – L’affaire des « Panama Papers » met le Premier ministre pakistanais dans une situation toujours plus délicate. Nawaz Sharif, dont plusieurs membres de la familles sont cités dans le scandale global des sociétés offshore, n’a pas fait acte de présence au Parlement depuis quelques jours. Et l’opposition a annoncé un boycott des deux chambres tant que le Premier ministre ne se sera pas prononcé sur les révélations des « Panama Papers ».

Toujours selon le quotidien Dawn, 259 nouveaux noms Pakistanais ont surgi dans les dernières révélations des « Panama Papers » de ce lundi 9 mai. La liste est non exhaustive, mais le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à l’origine de l’affaire a déjà fait une révélation de taille sur la famille de Sharif : ses enfants auraient obtenu un prêt de sept millions de livres sterling de la Deutsche Bank avec pour garantie quatre appartements londoniens détenus officiellement par des entreprises offshore domiciliées dans les Iles Vierges britanniques.

Mercredi 11 mai

Dawn – Les fuites des « Panama Papers » n’en finissent plus d’agiter l’élite politique pakistanaise. Le mardi 10 mai, on apprenait que le Premier ministre Nawaz Sharif, dont plusieurs membres de la famille sont cités dans le scandale global des sociétés offshore, n’a pas fait acte de présence au Parlement depuis quelques jours. Aujourd’hui, c’est le général en chef de l’armée pakistanaise, Raheel Sharif, qui demande au Premier ministre de régler l’affaire au plus vite. Affaire qui se répercute sur les relations entre le gouvernement et l’armée déjà tendues. Selon lui, la controverse affecte le gouvernement et la sécurité du pays.

Le scandale des « Panama Papers » est le principal cheval de bataille de l’opposition contre le gouvernement ces dernières semaines. Plusieurs politiciens pakistanais sont impliqués. Mais l’opposition, dirigée par Imran Khan et son mouvement anti-corruption, souhaite que l’enquête se focalise en priorité sur la famille de Sharif.

Jeudi 12 mai

The Express Tribune – La dernière attaque datait du 3 mai 2016. Deux policiers ont trouvé la mort aujourd’hui dans une explosion à Quetta, dans le Baloutchistan. Les médias pakistanais rapportent par ailleurs cinq blessés, dont la plupart sont des policiers. Le bilan pourrait s’alourdir. L’agence chinoise Xinhua elle, évoque onze blessés. Le groupe Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) revendique les attaques et affirme avoir ciblé des policiers.

Les forces de sécurité et les organes gouvernementaux sont régulièrement visés par les insurgés baloutches et des groupes illégaux tels que TTP.

Vendredi 13 mai

Dawn – Les tensions s’aggravent entre Islamabad et Kaboul. Le 9 mai dernier, la frontière du Torkham entre l’Afghanistan et le Pakistan s’est refermée. Aujourd’hui vendredi 13 mai, des tanks et des militaires ont été déployés à la frontières par les deux pays. A l’origine des tensions, la construction de barrières par le Pakistan sur quelques points sensibles de la frontières, sans l’accord de Kaboul. Islamabad veut en effet limiter les traversées illégales de sa frontière.

De nombreux Afghans tentent d’entrer au Pakistan, généralement pour bénéficier de traitements médicaux. Depuis mardi, les médias observent des migrants et commerçants qui campent des deux côtés de la frontière. De brèves négociations ont été entreprises, mais aucun accord n’a été conclu.

Par la Rédaction d’Asialyst

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