Revue de presse Asie - 20 avril 2016

"Panama Papers" à Hong Kong, arrestation contestée en Thaïlande et Modi invité

Plusieurs politiciens et hommes d'affaires auraient des sociétés offshores. Copie d'écran du “South China Morning Post”, le 20 avril 2016.
Plusieurs politiciens et hommes d'affaires auraient des sociétés offshores. Copie d'écran du “South China Morning Post”, le 20 avril 2016.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – Une fois de plus, une fuite des « Panama Papers » révèle que des sociétés offshore seraient détenues par un certain nombre de politiciens et d’hommes d’affaires hongkongais. Parmi eux Henry Tang, l’ancien prétendant au poste de chef de l’exécutif, le ministre du Développement et Li Ka-shing, l’homme le plus riche du territoire.

Ce dernier, président de la multinationale CK Hutchison Holdings and Cheung Kong Property, aurait ouvert une société via le cabinet panaméen Mossack Fonseca d’où proviennent les 11 millions de documents au cœur du scandale (pour tout savoir sur les « Panama Papers » en Asie). On trouve d’autre part Paul Chan Mo-po et Bernard Chan, respectivement secrétaire pour le développement et membre du Conseil exécutif au sein du Cabinet de Leung Chun-ying, le chef de l’exécutif actuel.

Le plus accablant, selon le quotidien hongkongais, est l’implication de Henry Tang, l’ancien secrétaire de l’administration de la ville, qui aurait transféré ses actions dans une société de gestion de jet privés, trois jours avant d’être désigné ministre du Commerce en 2002.

South China Morning Post – En mer de Chine du Sud, Pékin cherche toujours à s’opposer au processus d’arbitrage international initié par les Philippines pour régler le conflit territorial qui les oppose à la Chine. Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères chinois a ainsi déclaré à son homologue russe Sergueï Lavrov qu’il étant temps pour les deux Etats de s’allier dans le but d’éviter une « internationalisation » du conflit.
“La Chine et la Russie doivent rester sur leurs gardes et lutter contre les abus de l’arbitrage international” a déclaré Wang, le mardi 19 avril.

Ce mois-ci, l’Union européenne a conseillé vivement à la Chine de respecter l’arbitrage de la Cour internationale de justice et 7 ministres des Affaires étrangères d’Etats industrialisés ont exprimé leur inquiétude face aux tensions en mer de Chine du Sud.

Mais Lavrov et Wang, tout comme la ministre indienne des Affaires extérieures Sushma Swaraj ont déclaré que le conflit devait se régler entre les parties concernées, par des négociations et des accords.
Ni la Russie, ni l’Inde ne revendiquent d’îles en mer de Chine.

Li Xing, professeur de Relations internationales à l’université Normale de Pékin a déclaré que la Chine se retrouvait isolée au bout du compte et qu’en tant que partenaires stratégiques, Pékin et Moscou devaient protéger leurs intérêts mutuels.

La Russie fait par ailleurs face à des poursuites à la Cour permanente d’arbitrage, pour une affaire impliquant un homme d’affaire ukrainien revendiquant son droit d’exploiter un aéroport en Crimée. A l’instar de la Chine, la Russie affirme que la Cour n’est pas compétente sur cette affaire.

Taipei Times – Plusieurs incidents diplomatiques se sont produits ces deux dernières semaines
entre Taïwan et la Chine, le premier concernant la déportation par le Kenya de 45 suspects taïwanais vers la Chine plutôt que vers Taïwan, dans une affaire d’arnaques téléphoniques d’ampleur internationale. Parmi ces 45 Taïwanais, 8 avaient pourtant déjà été acquittés par la justice kenyanne. Le tollé a été général à Taïwan et une délégation du ministère de la Justice est partie hier matin pour Pékin pour tenter de trouver une solution au différend.

C’était sans compter une nouvelle humiliation subie par Taïwan hier matin, mardi 19 avril, où une délégation taïwanaise conviée à une rencontre ministérielle sur l’acier organisée par l’OCDE et la Belgique a été expulsée sur demande de Pékin. Bruxelles a par la suite présenté ses excuses à la délégation taïwanaise. Dans ce contexte brusquement tendu, Taipei attend anxieusement son invitation à l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), où Pékin a consenti, il y a déjà quelques années, à lui laisser un strapontin précaire, renouvelable chaque année plutôt que de laisser ouvrir à Taïwan les portes de l’OMS. La nouvelle ministre de la Santé se veut toutefois rassurante, selon l’United Daily News en langue chinoise. Tsai Ing-wen, la nouvelle présidente élue le 16 janvier dernier et d’obédience indépendantiste, n’a pas encore été investie à la tête de l’Etat : la prise de fonction officielle étant prévue pour le 21 mai.

Japan Times – Mardi 19 avril, les parlementaires japonais, et en particulier les membres de l’opposition (Parti démocrate), ont décidé de reporter la ratification de l’accord de Partenariat transpacifique (TPP). En effet, le gouvernement estime que réagir aux puissants tremblements de terre qui ont frappé l’île de Kyushu la semaine dernière est prioritaire.

Le gouvernement et sa coalition souhaitent reporter la ratification à une session extraordinaire ultérieure, prévue en automne.

En outre, le Parti libéral démocrate (LDP) de Shinzo Abe craint qu’une ratification hâtive du TPP ne provoque une réaction violente de la population.

Tout cela va sans compter que la période fériée de la Golden Week a lieu à la fin du mois, et qu’une session parlementaire ne peut avoir lieu pendant les célébrations de l’anniversaire de l’empereur Showa.

Asie du Sud-Est

Bangkok Post – Quatre activistes thaïlandais ont été placés en détention puis relâchés par la junte militaire mardi 19 avril pour avoir protesté pacifiquement contre l’arrestation de l’ancien député du Pheu Thai, Watana Muangsook. Les militants étaient appelés à porter un t-shirt blanc et à se retrouver au monument de la Victoire à Bangkok pour un moment de silence en signe de protestation. Un peu plus tôt, le vice-Premier ministre, Prawit Wongsuwan, avait mis en garde les activistes, rappelant que l’arrestation de Watana était justifiée par la rupture de son « accord » avec le Conseil national pour la paix et l’ordre.

L’ancien député – évincé lors du coup d’Etat du 22 mai 2014 – avait été convoqué lundi par le Conseil pour avoir exprimé publiquement des critiques à l’encontre du projet de Constitution qui doit être mis au vote lors du référendum du 7 août. Une source aurait nié que les commentaires de Watana aient été à l’origine l’arrestation qui a suivi l’entrevue. C’est pour avoir rompu l’accord passé avec la junte après avoir dû participer à une « session d’ajustement du comportement » suite au coup d’Etat de 2014 que l’ancien ministre aurait été placé en détention. Si les activistes ont été relâchés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux, Watana est toujours détenu par l’armée. Sa fille, Weerada Muangsook, a demandé à l’Union européenne et à l’ambassade des Etats-Unis de faire pression en faveur de sa relaxe.

The Jakarta Post – Le rôle de l’Etat indonésien dans les « événements de 1965 » bientôt reconnu officiellement ? C’est ce que préconise Sidarto Danusubroto à l’issue d’un symposium de deux jours sur le sujet entre le Groupe consultatif présidentiel (Wantimpres) et la Commission nationale des Droits de l’homme (Komnas HAM). « Il y avait des conflits verticaux en 1965, mais nous devons reconnaître l’implication de l’Etat dans la tragédie. » a déclaré mardi 19 avril Sidarto Danusubroto, membre du Wantimpres, rappelant néanmoins qu’il n’était que conseiller sur la question. L’Indonésie tente peu à peu de lever le silence sur le massacre de 500 000 à 1 million de communistes (avérés ou soupçonnés) entre 1965 et 1966. Plusieurs millions d’Indonésiens avaient également été emprisonnés sans procès.

Pour Ilham Aidit, fils de l’ancien président du Parti communiste indonésien D.N. Aidit, capturé et exécuté par l’armée en 1965 lors de la purge, le symposium qui s’est achevé est le débat le plus complet qu’il y ait eu à ce jour au sujet de la tragédie. Il déplore néanmoins les déclarations du ministre des Affaires politiques et de la Sécurité chargé de la coordination, Luhut Binsar Pandjaitan, qui a d’ores et déjà indiqué que l’Etat ne s’excuserait pas. Concernant les résultats du symposium, un comité doit encore formuler ses recommandations pour les soumettre au président Joko Widodo qui devra ensuite promulguer un décret sur la question. Décret qui permettra, ou non, de lever la censure qui s’exerce encore sur les événements de 1965.

The Phnom Penh Post – Le Conseil suprême de la magistrature (Supreme Council of the Magistracy – SCM), l’organe judiciaire le plus important du royaume khmer a ouvert hier, mardi 19 avril sa 27ème session plénière. Session à laquelle le roi Norodom Sihamoni, garant constitutionnel de l’indépendance de la justice et président du SCM, a assisté malgré les critiques récentes concernant la main mise du parti majoritaire au pouvoir – le Parti du peuple Cambdogien (PPC) du Premier ministre – sur les questions judiciaires. Alors que le roi aurait pu user de son pouvoir constitutionnel pour promouvoir des réformes, d’aucuns notent que la dernière réforme du SCM en 2014 a donné au PPC une main mise exécutive forte, transformant doucement le pouvoir du roi en une simple formalité.
« Le roi a parlé brièvement » note le porte-parole de la SCM, « il a d’abord remercié les participants, leur a accordé sa bénédiction, avant de proclamer solennellement l’ouverture du Conseil ». Et il ne peut faire plus depuis la dernière réforme du corps judiciaire en 2014 ; ce que ne manque pas de souligner un expert cité par le quotidien cambdogien. « Le roi n’a aucun pouvoir de décision. Il n’a pas le pouvoir de veto, or s’il n’a pas de pouvoir de veto, il n’a pas de pouvoir tout court », ce qui n’est pas sans être en contradiction avec sa fonction de garant constitutionnel de l’indépendance de la justice. Or, pour le prince Sisowath Thomico, membre de l’opposition, il appartient au Conseil constitutionnel de résoudre au plus vite cette contradiction entre le rôle du roi dans la Constitution et la dernière réforme du SCM, afin de lui permettre de retrouver sa « pleine responsabilité sur cette importante question » (celle de l’indépendance de la justice, Ndlr).
Inquirer.net – Le Laos a renouvelé son équipe dirigeante le mercredi 20 avril. L’Assemblée nationale laotienne a nommé au poste de président Bounnhanh Vorachit, dirigeant du Parti communiste depuis janvier dernier. Le ministre des Affaires étrangères, Thoungloun Sisoulith, devient quant à lui Premier ministre du nouveau gouvernement. Le processus de nomination, mis au vote des 149 membres de l’Assemblée, s’est achevé en environ une heure.
Pour plusieurs analystes, ces nominations se font dans la continuité du statu quo politique au Laos où le Parti communiste est au pouvoir depuis la fin de la guerre du Vietnam.

Asie du Sud

The Times of India – En visite officielle aux Etats-Unis les 7 et 8 juin prochains, le Congrès ne devrait pas tarder à inviter le Premier ministre indien Narendra Modi à s’exprimer devant les deux chambres. Quatre députés américains ont demandé la participation du chef d’Etat indien à la séance du Congrès dans une lettre adressée au président de la Chambre des représentants. Vantant la « profondeur des relations avec l’Inde dans toutes sortes de domaines », les députés voient dans la visite du Premier ministre indien une occasion pour le Congrès « d’exprimer son soutien à ce partenaire international privilégié ». Pour les députés signataires de la lettre, la participation de Narendra Modi à la séance du Congrès impliquerait bien sûr que le chef d’Etat indien s’exprime devant les législateurs. Il s’agira de la quatrième visite de Narendra Modi aux Etats-Unis en deux ans de mandat. Ce sera en revanche sa première visite « officielle ». Barack Obama est, quant à lui, le premier président américain à avoir fait deux visites en Inde, l’une en novembre 2010, l’autre en janvier 2015.
The Kathmandu Post – Après avoir rendue publique leur alliance tactique pour combattre la nouvelle Constitution népalaise, les partis Madhesi et Janajati ont annoncé la tenue de manifestations de grande ampleur à la fin du mois sous la bannière unifiée du Sanghiya Samabesi Gathabandhan.
Les Madhesi, d’origine indienne et vivant principalement dans le sud du Népal, s’opposent en effet à la nouvelle Constitution, adoptée en septembre, qui en regroupant leur communauté au sein d’une seule et unique province réduit considérablement son poids au niveau national. « Cette nouvelle alliance portera au plus haut notre mouvement identitaire ; nous poursuivrons notre combat jusqu’à ce que le gouvernement accepte d’amender la Constitution et prenne en compte les accords passés précédemment avec les autres communautés, madhesi, janajati, dalit, khas et musulmanes. » Un avertissement clair qu’est venue tempérer hier le 19 avril, selon le Kathmandu Post, une nouvelle proposition adressée directement au Premier ministre, Khadga Prasad Sharma Oli : soit le gouvernement accepte de s’asseoir à la table des négociations, soit il devra s’attendre à affronter une crise d’une grave ampleur. Des menaces particulièrement inquiétantes : fin 2015, les Madhesi avaient paralysé l’économie népalaise en bloquant un nœud routier névralgique dans le sud du pays, où passent 60 % des importations, notamment le pétrole.
Par Antoine Richard, Juliette Buchez, Alice Hérait et Juliette Morillot, avec Hubert Kilian à Taipei.

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