Revue de presse Asie - 11 avril 2016

John Kerry à Hiroshima, constitution thaïlandaise chahutée et incendie indien

John Kerry, le secrétaire d'Etat américain et ses homologues japonais, britannique et canadien déposent une gerbe au mémorial pour la paix de Hiroshima. Copie d'écran de"Japan Times", le 11 avril 2016.
John Kerry, le secrétaire d'Etat américain et ses homologues japonais, britannique et canadien déposent une gerbe au mémorial pour la paix de Hiroshima. Copie d'écran de"Japan Times", le 11 avril 2016.

Asie du Nord-Est

Japan Times – Le secrétaire d’Etat américain est devenu « le premier diplomate américain de haut rang » à se rendre sur le site du Parc et du Musée de la paix de Hiroshima. Cette visite pourrait ouvrir la voie à celle possible du président américain lors du sommet du G7 des 26 et 27 mai prochains note le journal japonais. C’est une visite importante qui sera longuement analysée par les autorités nippones car c’est la première fois « que plusieurs ministres des affaires étrangères des puissances nucléaires visitent le site ».
Au cours de sa visite, John Kerry a inscrit dans le livre d’or du Musée de la paix son souhait de voir chaque homme y effectuer une visite afin de « ressentir la force » de ce lieu qui rappelle « non seulement l’obligation d’arrêter la menace des engins nucléaires mais surtout la redirection de tous les efforts pour éviter la guerre elle-même ».
Pour autant, selon un membre de la délégation américaine cité par l’agence AP, John Kerry ne profitera pas de son séjour pour présenter des excuses formelles au gouvernement japonais concernant le premier bombardement atomique de l’histoire. De son côté, le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida, espère que de cette visite naîtra le désir de « créer un élan vers un monde débarrassé des armes nucléaires ». Et les journalistes du Japan Times de rappeler que les questions de la nucléarisation de la Corée du Nord et des velléités chinoises en Mer de Chine avaient également été abordées.
Inquirer – Le gouvernement de Pékin serait prêt à ouvrir des « consultations amicales » avec ses voisins à propos de la situation en Mer de Chine. Mais le gouvernement de Manille a déjà fait savoir qu’il préférerait attendre que le tribunal international de la Haye se saisisse et se prononce sur ces réclamations maritimes chinoises.
Ce positionnement diplomatique des Philippines fait suite à la déclaration du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui avait affirmé que : « les confrontations entre les pêcheurs chinois, philippins, malais, vietnamiens et taïwanais pouvaient être évitées grâce à des « consultations amicales » entre voisins ».
The Korea Herald – C’est la plus importante défection massive de Nord-Coréens depuis des années. Selon le Korea Herald 13 défecteurs sont arrivés à Séoul le 8 avril : le manager d’un restaurant nord-coréen « situé en Asie » et 12 de ses employées. Depuis le durcissement des sanctions internationales, les 130 restaurants que la Corée du Nord opère dans 12 pays à l’étranger rencontrent des difficultés financières, dues à une baisse de fréquentation des Sud-Coréens, que Séoul a incité au boycott de tout ce qui pouvait fournir des devises à Pyongyang. Une manne pour la Corée du Nord à qui les restaurants de la chaîne « Pyongyang » rapporteraient près de 10 millions de dollars chaque année. Le pays d’origine des fuyards reste à déterminer : la Chine selon le Korea Herald, le Vietnam d’après l’AP.
S’ils viennent vraiment de Chine, cela pourrait indiquer une réelle volonté de Pékin de signifier son mécontentement à son turbulent voisin et allié.

Asie du Sud-Est

The Bangkok Post« Le pays ne devrait pas avoir à choisir entre la dictature et la corruption. » Quelques semaines après la révélation de la nouvelle version de la Constitution thaïlandaise proposée par le Comité de rédaction, c’est au tour du Parti démocrate d’élever la voix contre le projet. Ce dernier a exposé lundi 11 avril son intention de s’opposer au texte ainsi qu’à l’ajout d’une seconde question au référendum du 7 août. Il sera demandé au peuple thaïlandais que le Parlement puisse nommer un Premier ministre pour une période de transition de cinq ans après la tenue d’élections générales. Il faudrait alors reprendre le projet de Constitution qui n’autorise pas la Chambre haute du Parlement – dont les sénateurs sont choisis par le Conseil National de la paix et de l’ordre – à nommer le chef du gouvernement. « La nomination d’un Premier ministre irait contre la volonté du peuple et contredirait les principes du Comité de rédaction de la Constitution » a déclaré, Abhisit Vejjajiva, président du parti lors d’une conférence de presse.
Pour l’ancien Premier ministre, le nouveau projet est inférieur en tout point à la Constitution de 2007. Abhisit Vejjajiva a également conseillé au Conseil National pour la paix et l’ordre de penser à la suite des choses dans le cas où le projet de constitution serait rejeté. Pour le Premier ministre Prayuth Chan-ocha, le succès du référendum ne fait pourtant aucun doute. Connu pour ses déclarations coup de poing, le Général à la tête du gouvernement a regretté que le parti ne fasse pas d’effort pour comprendre les actions du Conseil national pour la paix et l’ordre. « C’est parce qu’ils ont peur que le peuple ne les élise pas lorsque nous aurons réussi », a-t-il interprété.
Cambodia Daily – Un second membre du Parlement cambodgien arrêté pour ses publications sur Facebook. La police a interpellé le député de l’opposition Um Sam An dimanche 6 avril. Le Géneral Sopheak a indiqué que cette arrestation était similaire à celle du sénateur Hong Sok Hour en août 2015 qui avait « critiqué le gouvernement pour avoir vendu des terres au Vietnam et utilisé de fausses cartes (du tracé de la frontière Ndrl) » sur Facebook. Um Sam An était lui aussi à l’avant-scène de la campagne contre le gouvernement concernant l’empiètement présumé du Vietnam sur la frontière cambodgienne. Il avait poursuivi ses attaques même après que le Premier ministre Hun Sen ait averti qu’il ferait arrêter quiconque formulerait de telles accusations contre son gouvernement. Il faudrait néanmoins que le député ait été pris « en flagrant délit » pour que son immunité parlementaire ne s’applique plus. Si le Cambodian Daily ne détaille pas les raisons de l’arrestation du député, Euronews indique que, selon la porte-parole du gouvernement, c’est la publication sur Facebook d’une « fausse carte » des frontières du Cambodge avec le Vietnam et la Thaïlande qui en serait à l’origine.
The Jakarta Post – Les produits agricoles indonésiens bientôt vendus en ligne ? Le gouvernement dévoile un nouveau système de e-commerce pour les fermiers indonésiens dans le cadre des « Actions coordonnées pour l’économie du peuple » lancées par le président Joko Widodo lundi 11 avril. Le ministre indonésien de la Communication et de l’Information a expliqué que le e-commerce doit aider les fermiers à commercialiser leurs produits ainsi qu’à réduire la chaîne de distribution. « Cela fera baisser les prix » a-t-il indiqué. Une baisse de 15 % selon une estimation optimiste du ministre du Commerce Thomas Lembong, pour qui la marge de profit des agriculteurs devrait augmenter de 15 %, et se répercuter en une baisse égale du prix des produits pour les consommateurs.

Asie du Sud

Channel News Asia – Des familles cherchaient toujours leurs proches dans les décombres d’un temple hindou de l’Etat du Kerala, lundi 11 avril après un incendie meurtrier. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées au temple Puttingal Devi dans la nuit de samedi à dimanche pour assister à un spectacle pyrotechnique qui devait marquer le début de la nouvelle année hindoue, quand la célébration a viré au brasier. Le bilan provisoire est de 108 morts et près de 400 personnes blessées. Le gouvernement du Kerala a demandé l’ouverture d’une enquête mais il semblerait que ce soit des feux d’artifices mal maîtrisés qui aient causé l’incendie, alors même que le spectacle n’avait pas reçu les autorisations nécessaires.
L’Etat du Kerala compte de nombreux temples gérés par de puissantes fondations qui rivalisent chaque année pour organiser le feu d’artifice le plus impressionnant. La police n’a pas réussi à joindre les responsables de la gestion du temple mais a déjà placé en détention cinq employés du fabricant de feux d’artifice qui s’occupait du spectacle. Des voix se sont élevées pour demander l’interdiction des feux d’artifices dans les lieux très fréquentés du Kerala. Souvent critiqué pour sa gestion des catastrophes et notamment des inondations dans le sud de l’Inde en 2015, le Premier ministre Narendra Modi n’a pas manqué de se rendre aussitôt sur place.
The Times of India – La fermeture de la frontière avec le Pakistan empêchera-t-elle l’Inde de subir de nouveaux attentats comme à Pathankot en janvier dernier ? C’est du moins ce que veut croire le gouvernement central indien qui vient d’approuver un plan en cinq points pour « verrouiller » sa frontière occidentale. Des caméras de surveillance, des dispositifs d’imagerie thermique et de vision nocturne, des radars pour surveiller le terrain, des barrières lasers et des capteurs souterrains seront placés le long de la frontière pour épier le moindre mouvement du côté pakistanais. Il s’agit, selon le gouvernement, du seul moyen pour éviter d’autres attaques terroristes, la pénétration d’individus ou la contrebande. C’est, aussi, la première fois depuis l’indépendance que l’Inde ferme complètement sa frontière de l’Ouest.
Dawn – Dimanche 10 avril, un séisme d’une magnitude de 7,7 sur l’échelle de Richter a frappé Khyber Pakhtunkhwa, Fata, Gilgit-Baltistan, Punjab et Azad Kashmir provoquant la mort de cinq personnes, faisant 55 blessés et occasionnant de très nombreux dégâts au Pakistan et en Afghanistan – dans la région de Hindukush l’épicentre. Selon le responsable du service de météorologie basé à Lahore, cité par le journal pakistanais, le faible nombre de victimes peut s’expliquer par la « profondeur focale du séisme » mesurée à 236 kilomètres.
First Post – Alors qu’a débuté ce dimanche pour le président des Maldives, Abdulla Yameen, une visite de deux jours en Inde, le First Post rappelle en préambule que les Maldives sont le seul pays d’Asie du Sud n’ayant pas encore bénéficié d’une visite du Premier ministre indien. Or, « considérant la taille du pays et sa population » il y a fort à parier que cette visite ne fera pas les gros titres de la presse indienne ou internationale. Et c’est une erreur pour le journal qui note que la politique entreprise par Abdulla Yameen depuis deux ans et demi devrait « susciter des inquiétudes auprès des experts en sécurité et de tous ceux qui étudient la propagation d’un islam ultra conservateur en Asie du Sud ».

En effet, déclaré pays islamique depuis 1997 par le dictateur Maumoon Abdul Gayoom en 1997, les Maldives n’ont depuis eu de cesse d’accepter l’aide financière de la monarchie régnante d’Arabie Saoudite pour construire des mosquées et propager l’islam. Ainsi, « alors même que la présence grandissante des chinois » et l’apparente politique de « bras ouverts du président Yameen envers Pékin » devraient provoquer l’inquiétude, c’est également l’empreinte du financement de l’islam radical par la dynastie des Saoud qui devrait être étudié de près par les experts en sécurité.

Par Antoine Richard et Juliette Buchez avec Juliette Morillot et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris.

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