Revue de presse économique – 27 novembre 2015

L'Eco de la presse asiatique

La projette un nouveau TGV la reliant à l’Iran. Copie écran du site Global Construction Review, le 24 novembre 2015.
Voilà un projet qui aurait terriblement simplifié les choses à Marco Polo. Le marchand de Venise et probable officier d’active aurait pu ainsi multiplier les allers-retours entre l’Orient et l’Occident, et ramener, plus vite encore, ces inventions chinoises qui ont changé l’Histoire. La mondialisation a aussi du bon. Il n’y a pas que la poudre à canon et les kalachnikovs qui passent les frontières. C’est grâce aux nouilles chinoises que l’Europe via l’Italie s’est mise aux spaghettis ; c’est grâce aux délicieux « jiaozi » des mandarins que les raviolis sont passés des baguettes à la fourchette. Adieu donc les romantiques, mais ô combien éreintantes caravanes de la route de la soie, la Chine entend aujourd’hui accélérer le mouvement et propose de relier l’Est et l’Ouest en… TGV ! D’abord une ligne Urumqi-Téhéran, avant de rejoindre Londres, Paris et Berlin.
Bon c’est sûr, à 250 ou 300 à l’heure on a moins le temps de profiter du paysage. Et si la « nouvelle route de la soie » est d’abord celle des hydrocarbures, il y a là une vision qui rappelle celle des grands explorateurs européens des siècles passés. La Chine rétrécit le monde et redessine la carte des flux planétaires. C’est l’histoire du bol de riz à moitié vide ou à moitié plein. Ces milliards de contrats d’infrastructures sont certes destinés à contourner le détroit de Malacca et à soulager une industrie chinoise malade de sa surproduction, ils devraient aussi, du moins on l’espère, apporter à l’Ouest cette énergie et cette joie d’entreprendre qui fait vibrer l’Asie d’aujourd’hui.

De la Chine à l'Iran en TGV, la Thaïlande sur la route maritime de la soie et l'Inde qui veut profiter de la rivalité Chine-Japon

La Chine propose de relier le Far-West chinois à l’Iran en TGV

China Daily (Chine) – 21.11.2015 – C’est l’un des derniers témoignages de la guerre froide que se proposent d’effacer les chemins de fer chinois. Ceux qui ont déjà voyagé en train depuis la Chine vers l’Asie Centrale ou la Mongolie le savent bien : pour passer les frontières il faut soulever les wagons et changer d’essieux. L’opération prend plusieurs heures. Un bogie-woogie qui retarde considérablement à la fois le trafic passager, mais aussi le fret marchandises. On a la solution pour « surmonter le problème de connectivité transfrontalière des différentes normes frontalières », fait savoir aujourd’hui He Huawu. L’ingénieur en chef de la compagnie d’Etat China Railway Corp propose tout simplement de doubler le réseau qui traverse l’Asie Centrale jusqu’à l’Iran, via des lignes à grande vitesse construites par les Chinois, en respectant un écartement standard de 1,435 mètres, alors que les voies classiques de l’ex-bloc de l’Est étaient de 1,52 mètres.
A bien regarder la carte, le projet est digne des travaux d’Hercule ou de Yugong Yishan, le stakhanoviste de la propagande chinoise capable de déplacer les montagnes. Le futur tracé partira d’Urumqi et passera par Yining en Chine, puis Almaty au Kazakhstan, Bichkek au Kirghizstan, Tachkent et Samarkand en Ouzbékistan, Ashgabat au Turkménistan, avant de se fondre dans le réseau ferré de l’Asie de l’Ouest grâce aux chemins de fers iraniens. La gare de Khorgos qui borde le Kazakhstan a vu passer 17 millions de tonnes métriques de fret l’an passé. Avec la nouvelle ligne TGV, ce chiffre devrait passer à 100 millions de tonnes annuelles. Évidemment, le fret ne circulera pas à la même vitesse, note le journal indien Business Standard. Jusqu’à 300 kilomètres heures pour les trains de passagers et jusqu’à 120 km/heure pour le trafic marchandises.

La Thaïlande sur la route maritime de la soie

The Nation (Thaïlande) – 22.11.2015 – Pékin n’a pas oublié l’Asie du Sud et du Sud-Est dans ses projets. L’initiative « One belt, One road » propose d’exploiter deux grandes voies commerciales à la fois sur terre et sur mer. La route de la soie des caravanes, mais aussi une route maritime de la soie qui permettrait de couvrir plus de 60 pays en Asie, en Europe et en Afrique (voir notre dossier en cartes et infographies). Le président de la Banque de Bangkok, Chartsiri Sophonpanich, y voit un lien pour renforcer les échanges entre la Chine, l’Asie du Sud-Est, l’Europe et le Moyen-Orient. Les contrats d’infrastructures chinois devraient approcher les 1 600 milliards de dollars. « Ces énormes dépenses d’investissements permettront de stimuler la croissance des pays de l’ASEAN et donc également l’économie thaïlandaise », estime Chartsiri Sophonpanich.

Route de la soie chinoise : l’Inde compte sur le Japon

The Indian Express (Inde) – 24.11.2015 – « Voilà près de deux ans que le président chinois éblouit le monde avec son projet de nouvelle route de la soie », écrit Raja Mohan dans The Indian Express. Dotée d’énormes réserves de trésorerie et d’un énorme excédent industriel, la Chine de Xi Jinping se prépare à construire des routes, des aéroports, des centrales énergétiques et des réseaux ferrés partout en Eurasie et dans le bassin indo-pacifique. La plupart des pays – Grande Bretagne, Brunei, la Tanzanie et le Tadjikistan « entre autres » – ont sauté dans le train chinois, poursuit ce chercheur à l’Observer Research Foundation à New Delhi. Tous, à l’exception du Japon précise le chroniqueur. Et de rappeler que dans une série de discours dont un donné récemment en marge du sommet de l’ASEAN à Kuala Lumpur, le Premier ministre nippon Shinzo Abe a proposé un cadre tentant de rivaliser avec la Chine sur les grands projets d’infrastructures.
« La rivalité économique entre Chine et Japon est une excellente nouvelle pour Narendra Modi », affirme encore Raja Mohan. Le Premier ministre indien a lui aussi mis l’accent sur les chantiers d’infrastructure comme moteur de la croissance indienne. Ce qui permet à l’Inde de jouer sur les deux tableaux. D’un côté, Modi se dit ouvert à davantage d’investissements chinois et commande à Pékin une étude sur la faisabilité d’un TGV Chennai – New Delhi. De l’autre, il reste plus qu’ouvert aux projets japonais. En mai dernier, Tokyo a ainsi proposé d’investir 110 milliards de dollars pour la promotion d’infrastructures « de haute qualité », sous entendu de meilleure qualité que les propositions chinoises.
Construction urbaine intense à Pyongyang. Copie d’écran du site Asian Nikkei Review.

Boom des supérettes en Corée du Sud, blues des centres commerciaux au Cambodge et réformes économiques en Corée du Nord

Corée du Sud : Les bonnes affaires du commerce de détail

Yonhap (Corée du Sud) – 23.11.2015 – Ce sont les épiceries arabes version coréenne. Ouvertes 24 heures sur 24, ces mini-superettes dépannent les clients des mégapoles avec des plats préparés et tous les produits du quotidien. Des petits magasins qui se portent bien, très bien même, à en croire les données publiées ce lundi 23 novembre. Les trois champions sur le podium sont les Coréens GS Retail, BGF Retail et le Japonais 7-Eleven. Les trois enseignes ont ouvert 2 000 magasins supplémentaires en Corée cette année, ce qui porte le nombre de ces commerces de détail à 26 000, selon les données compilées par les entreprises. GS Retail a ainsi enregistré 3,5 milliards de wons (près de 2,9 milliards d’euros) de ventes au cours des 9 premiers mois de l’année, soit une hausse de 36 % par rapport à l’an passé. Le chiffre d’affaire de BGF a lui fait un bond de 28,8 % en un an, avec 3,15 milliards de wons de recettes (près de 2,6 milliards d’euros) entre janvier et septembre. Les ventes des 7-Eleven ont quant à elles augmenté de 26,4%. Des performances remarquées alors que la consommation reste atone et que les hypers stagnent.

Cambodge : Les centres commerciaux de Phnom Penh n’ont plus la côte

AlterAsia (France) – 22.11.2015 – C’est vrai pour Pékin, Bangkok, Singapour et la plupart des capitales asiatiques : Phnom Penh croule sous les centres commerciaux. 30 nouveaux projets sont en cours, alors que les boutiques ne trouvent pas preneur. Le montant des baux commerciaux a déjà baissé de 20 % en moyenne entre 2014 et 2015. La raison de cette relative désaffection est simple, expliquent nos amis et partenaires d’AlterAsia : « En cause, une offre haut de gamme inadaptée à la population actuelle, plus proche du moyen de gamme. » « À l’heure actuelle, on voit peu de promeneurs », euphémise ainsi Hea Kivan, un marchand de sacs à dos Blanche Neige et Mickey Mouse au second étage du nouveau centre commercial Parkway de la capitale cambodgienne.

Corée du Nord : L’eau minérale Nongfu symbole de prospérité

Sznews.com (Chine) – 20.11.2015 – La demande pour les produits de luxes et plus généralement pour les produits étrangers est en augmentation en Corée du Nord, comme en témoigne cet article du site Sznews.com, repéré par nos amis de NK News.org. Les marchés de la capitale ont retrouvé un regain d’activité notamment via les produits venus d’ailleurs. Le luxe, cela peut d’ailleurs être beaucoup de choses à Pyongyang. On y trouve désormais des télévisieurs chinois à 1 000 yuans (un peu moins de 150 euros), raconte le site chinois d’information.
Plus étonnant, les bouteilles d’eau de source Nongfu venues de Chine font désormais partie des symboles d’aisance et de richesse, explique le Sznews. Globalement pour les médias chinois, l’économie nord-coréenne serait donc à un tournant. Ce dernier peut se mesurer aux travaux de rénovations de l’aéroport de Pyongyang, aux nouvelles résidences et aux nouveaux centres commerciaux construits dans la capitale nord-coréenne, rapporte le Sznews. Pyongyang « danse autour des réformes », écrit pour sa part l’Asian Nikkei Review dans un long article consacré là aussi à l’économie nord-coréenne. Enfin, pour le Hankyoreh Japon, la Corée du Nord aurait ainsi atteint le stade de l’économie chinoise d’il y a trente ans, quand la Chine a décidé de se convertir au capitalisme.
JNE, la startup devenue l’une des références du e-commerce en Indonésie. Copie écran du compte twitter de Jalur Nugraha Ekakurir (JNE).

Succès du e-commerce en Indonésie, machines à sous dans les aéroports vietnamiens et reprise des importations de viande bovine au Pakistan

Indonésie : JNE surfe sur la vague du e-commerce

Jakarta Post (Indonésie) – 26.11.2015 – Au départ, ils étaient 8 dont 4 associés fondateurs qui tous ont commencé comme coursier. Et aujourd’hui, il sont 13 000, les employés de Tiki Jalur Nugraha Ekakurir (JNE). La startup des origines est devenue l’une des références majeur du marché indonésien de la distribution. Une réussite incontestable qui se traduit par une extension de la société vitesse fusée. L’entreprise tourne désormais à une moyenne de 12 000 livraisons par mois et elle peut compter sur 7 000 comptoirs de distribution dans toute l’Indonésie. JNE cherche maintenant a maintenir sa position de leader sur le marché de la messagerie et de la logistique. Pour cela, l’entreprise a eu recours à un nouvel emprunt. Objectif : Construire une nouvelle plate-forme d’expédition.
Pour l’instant, nous sommes encore en auto-financement, a déclaré le patron de la société. JNE est en concurrence avec PT Pos Indonesia, DHL Express, Republic Express Airlines, mais elle est également très courtisée. Alibaba le géant du commerce en ligne chinois vient de proposer un partenariat à son homologue indonésien. Dans un marché du commerce en ligne en pleine croissance, mais déjà saturé de boutiques, JNE s’est distingué en offrant des services tels que l’envoi de spécialités alimentaires locales dans tout l’Archipel. Le service en question s’appelle « Olé-olé pesanan nusantara ». Il répond à la tradition indonésiene qui veut qu’on offre une spécialité culinaire locale à des amis ou à la famille après un voyage. Une manière de se plier à la tradition sans alourdir son bagage.

Des bandits manchots dans les aéroports au Vietnam

Tuoi Tre News (Vietnam) – 26.11.2015 – Le gouvernement vietnamien vient d’approuver la mise en place de machines à sous dans les aéroports internationaux au Vietnam. Le projet fonctionne un peu comme les cabines fumeurs. Les Vietnamiens en partance pour l’étranger ou les étrangers qui transitent ou quittent le pays devront marcher quelque peu pour les trouver. Les jeux d’argents seront situés dans des « zones isolées » placées sous la direction de la Corporation des aéroports du Vietnam, précise un communiqué du bureau du Premier ministre. Le décret doit encore être adopté par le gouvernement central. Selon le ministère des Finances, le pays propose déjà 43 lieux où sont mis à disposition ce type de machines. Les revenus des 8 casinos du Vietnam, accessibles uniquement aux détenteurs de passeports étrangers, ont atteint 60,72 millions de dollars en 2014 (57,3 millions d’euros).

Le Pakistan lève l’interdiction sur les importations de viande bovine

Dawn News (Pakistan) – 26.11.2015 – Voilà une bonne nouvelle pour les éleveurs français. Le Pakistan a levé cette semaine l’interdiction d’importation de bovins vivants et de viande bovine en provenance de 41 pays, dont la France. Cette interdiction courait depuis la crise de la « vache folle » en 2001. « La France est un pays à risque négligeable », a confié le ministre pakistanais en charge de la Sécurité alimentaire à l’ambassadeur de France à Islamabad. Le Pakistan importe entre 5 à 6 000 vaches laitières par an. Une question d’intérêts communs, les deux parties ont également évoquer des projets de coentreprises en matière de mécanisation agricole et de vaccins.
Xiaomi, la marque star chinoise des smartphones à bas prix, se retrouve freinée dans son développement fulgurant à cause du ralentissement de la croissance en Chine. Copie écran du site de Bloomberg.

Croissance : redémarrage prudent en Thaïlande, accélération aux Philippines, et Xiaomi freiné par le ralentissement de la croissance chinoise

Thaïlande : Optimisme prudent sur le front de la croissance

Bangkok Post (Thailande) – 26.11.2015 – 2,8 % de croissance pour la Thailande cette année. Le chiffre est modeste comparé à d’autres pays de la région, mais il marque un redémarrage certain après les 0,9 % de l’an dernier. Que s’est-il passé ? Le ministère thaïlandais des Finances met en avant les aides aux agriculteurs touchés par la sécheresse et les mesures de relance des petites et moyennes entreprises, ainsi que l’augmentation du nombre des touristes qui devrait dépasser l’objectif fixé à 29 millions cette année. Les grands chantiers d’infrastructures devraient encore permettre de relancer davantage la croissance, qui pourrait atteindre 3,8 % l’année prochaine, selon les experts. Ces derniers restent toutefois prudents en raison des incertitudes sur le plan de la météo, de la fluctuation du taux de change et plus globalement de l’économie mondiale encore convalescente.

Philippines : 6 % de croissance au troisième trimestre

The Manilla Times (Philippines) – 26.11.2015 – Les 6 % de croissance du Produit Intérieur Brut philippin au troisième trimestre sont d’abord liés au dynamisme des services, a expliqué l’Autorité de la Statistique des Philippines qui porte le même sigle qu’un constructeur automobile français (PSA). Le secteur des service (7,3%) enregistre sont meilleur résultat depuis 2013, note le Manilla Times. L’Agriculture affiche une reprise de 0,4 %, en partant des – 2,6 % de l’an passé. L’industrie en revanche reste à 5,4 %, ce qui est peu comparé aux 7,8 % de croissance l’an passé. L’Autorité du développement économique national (NESA) se félicite malgré tout de ce résultat. C’est la preuve, selon la NESA, que les Philippines restent l’un des pays les plus dynamiques de la région derrière les 6,8 % de croissance affichés par le Vietnam et les 6,9 % de la Chine.

Ralentissement de la croissance chinoise : Xiaomi ne devrait pas réaliser ses objectifs

Bloomberg – 25.11.2015 – Les choses allaient si bien pour Xiaomi, racontent nos confrères de Bloomberg, que les investisseurs faisaient la queue pour rencontrer les patrons de l’entreprise basée à Pékin. Problème : le ralentissement de l’économie chinoise est venu enrayer cet engouement et il est probabe que le fabricant chinois de smartphones ne puisse atteindre la valorisation financière de 45 millions de dollars comme espéré, indiquent les experts cités par l’agence. Dernière entreprise de son fondateur Lei Jun, « l’un des démarrages les plus passionnants de ces dernières années en Chine, ajoute Bloomberg, est suceptible de manquer son autre objectif qui était de vendre 80 millions de smartphones cette année ».
Par ailleurs, le fabricant manquerait de transparence dans sa gestion. Il ne fournit pas par exemple d’informations en temps réel sur le volume des commandes à ses fournisseurs. Xiaomi a malgré cela expédié 53 millions de smartphones au cours des 9 premiers mois de cette année. « Je ne suis pas préoccupé par la situation actuelle parce que le marché reste considérable », confie Hans Tung, manager chez Xiaomi CGV Capital. Xiaomi relativise également les éventuelles moins bonnes performances en termes de ventes de téléphones et rappelle dans chacun de ses communiqués qu’elle est « une entreprise Internet » qui propose une large série de produits et de services en ligne dont des téléviseurs, des purificateurs d’air, des batteries, des équipements de sports et même des scooters.
Par Stéphane Lagarde

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A propos de l'auteur
Stéphane Lagarde est l'envoyé spécial permanent de Radio France Internationale à Pékin. Co-fondateur d'Asialyst, ancien correspondant en Corée du Sud, il est tombé dans la potion nord-est asiatique il y a une vingtaine d’années.
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