Questions de mode de calcul
Les vingt pays qui composent l’Asie sont peuplés de 4 milliards d’habitants soit 52 % du total mondial en 2015.
Derrière la Chine et l’Inde qui dépassent le milliard d’habitants, cinq pays (Bangladesh, Indonésie, Japon, Pakistan et Philippines) ont plus de 100 millions d’habitants, et huit (Cambodge, Corée du Nord, Corée du Sud, Myanmar, Sri Lanka, Taiwan, Thaïlande et Vietnam) entre 10 et 100 millions d’habitants. Le sultanat de Brunei est le moins peuplé avec 0,5 million derrière Singapour et Hong Kong.

Alors, quel est le poids de l’Asie dans l’économie mondiale ? La réponse dépend du mode de calcul retenu.
L’illusion de la mesure en parité de pouvoir d’achat
Reprenons. La mesure en parité de pouvoir d’achat permet de mieux apprécier le niveau de vie. Exemple : en 2015, le PIB chinois en dollars courants représente 3 fois le PIB français, alors que la Chine est 26 fois plus peuplée. Faut-il en conclure que les Français sont huit fois plus riches que les Chinois ? Non, car il faut tenir compte des pouvoirs d’achat respectifs qui dépendent des prix locaux, des biens et des services.
Ainsi en 2015 toujours, un sandwich Big Mac se vendait 3,7 € en France et 17 yuan – soit 2,1 € – en Chine : le rapport entre ces prix est une approximation grossière du taux de change en parité de pouvoir d’achat (PPA) que l’on obtient en comparant les prix de paniers de biens et de services – dont le logement – identiques. Ainsi, mesuré en PPA, le revenu français est trois fois – et non huit fois – plus élevé que le revenu chinois. Pertinente pour comparer les revenus par habitant, la méthode est discutable pour comparer les PIB car on fait alors l’hypothèse que le taux de change courant est égal au taux en PPA. Ce qui dans le cas de Chine correspond à une appréciation de 24 % du yuan.
Meilleure évaluation de la puissance en dollar courant
L’industrie manufacturière, moteur des économies asiatiques
Du Japon à la Chine en passant par les « Nouveaux Pays Industriels » – Corée du Sud, Taiwan, Singapour et Hong Kong – l’industrie manufacturière est le moteur des économies asiatiques. Ainsi, depuis 2010, la production chinoise (mesurée par sa valeur ajoutée) dépasse celle des Etats-Unis, qui avaient eux-mêmes ravi la première place au Royaume-Uni à la fin du XIXème siècle. On notera d’ailleurs que la Chine et le reste de l’Asie réalisent 40 % de la production manufacturière mondiale.
Croissance et rattrapage économique
Bien qu’elle ait abandonné son hindu rate of growth, une croissance à 3 %, depuis les années 1980, l’Inde demeure en queue de peloton avec un revenu par habitant proche du Pakistan, du Vietnam, du Laos et du Cambodge. A l’inverse, après plus de trois décennies de croissance à 10 %, la Chine a rattrapé la Thaïlande.
Spectaculaire pour un pays de cette taille, ce rythme n’est pas sans précédent en Asie où, entre 1960 et 1995, la Corée du Sud et Taiwan – respectivement 50 et 20 millions d’habitants – ont progressé à la même allure. Si depuis, leur croissance a ralenti, les niveaux de vie de ces deux pays ont rattrapé la France et le Japon. Le sultanat pétrolier de Brunei, Singapour et Hong Kong affichent, eux, les revenus les plus élevés en Asie.
Plus de pauvres en Inde qu’en Afrique subsaharienne
Bien qu’elle ait ralenti, la croissance asiatique est toujours plus rapide que celle des autres parties du Monde. Aussi l’Asie demeure-t-elle la locomotive de l’économie mondiale et chaque année, elle« accouche » d’une nouvelle Allemagne ; l’accroissement des richesses produites en Asie étant équivalent au PIB allemand.
Marché du monde ou moteur grippé ?
Pour autant, l’élargissement des classes moyennes asiatiques peut transformer l’usine du monde en marché du monde. Car si d’ici 2050, le poids économique de l’Asie rejoint son poids démographique, la configuration de l’économie mondiale redeviendra celle qu’elle était deux siècles auparavant lorsque les effets de la Révolution industrielle ne s’étaient pas encore fait sentir. C’est une trajectoire parmi d’autres également envisageables, comme l’essoufflement d’une Asie qui vieillira prématurément, ou le grippage de ce moteur qui ralentirait la croissance de l’économie mondiale.
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