Philippines : Duterte implique les militaires dans la guerre anti-drogue
Pour le président philippin, cité par le Philippine Star, « seuls les membres de l’Agence philippine de répression des drogues (PDEA) » peuvent mener la lutte. Mais pour les seconder, Duterte a ordonné aux militaires d’arrêter les policiers impliqués dans les drogues illégales. De son côté, le ministère philippin de la Défense nationale a demandé au Bureau du Secrétaire exécutif de rendre une « ordonnance officielle » concernant la directive présidentielle. « Elle servira de base juridique aux troupes militaires », a déclaré le chef du Service des affaires publiques, Arsenio Andolong.
Cependant, rapporte le quotidien philippin, malgré la suspension des opérations policières anti-drogue, les milices locales continuent tout de même les exécutions sans procès : hier mercredi, deux délinquants soupçonnés de toxicomanie ont été tués dans des incidents à Pateros et à Pasig. Le même jour, Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme : les autorités philippines planifient des meurtres « intentionnels, répandus et systématiques » contre les suspects de trafic ou de consommation de drogue. Ce qui constitue, selon l’ONG, des crimes contre l’humanité tombant sous le coup du droit international.
Réponse du secrétaire philippin à la Justice Vitaliano Aguirre II, cité par le Philippine Star dans un autre article : cela ne peut pas être des crimes contre l’humanité car « les criminels, les drogués et les trafiquants de drogue ne font pas partie de l’humanité ». Le ministre de Duterte n’est pas le seul à exprimer son mépris pour les droits des suspects. Pantaleon Alvarez, le président de la Chambre des représentants à Manille, a pour sa part déclaré n’avoir « aucun problème » avec les tueries menées par les milices. Il appelle même de ses voeux un ordre officiel de « tirer pour tuer » les criminels.
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