L'ancienne Indochine du poète "jouisseur" Paul-Jean Toulet
Pierre-Jean Toulet, poète « fantaisiste », romancier et fortuné, n’est pas parti seul en Indochine. Il fut accompagné de son grand ami et sous-locataire, Maurice Saillant, plus connu sous son nom de plume, Curnonsky, dit le « prince des gastronomes ». Deux « redoutables oiseaux de nuit », écrit Olivier Aubertin dons son utile préface.
Quant à Saigon, prochaine étape, elle se « glorifie de trois ou quatre tigres, de quelques employés des Postes ». La baie d’Halong ? C’est « un spectacle qui déçoit d’abord, tellement on sent que c’est le sublime même, pour tous les gens qui font de l’aquarelle ». En fait, l’Indochine de Toulet et de Curnonsky se limite au Vietnam. Seule allusion au Cambodge : une jeune Khmère, éduquée par un officier français à la langue de Molière et aux finesses de l’amour physique ! De passage à Hanoï, outre le petit crachin du Tonkin, Toulet et son gastronome semblent se consacrer avant tout à l’opium et aux jolies femmes. C’est le poète qui évoque une jeune Annamite vêtue d’un « mantelet d’aile de chauve-souris, d’une simarre en velours noir, d’une tunique vert d’eau, d’un pantalon bleu de perle, d’une combinaison héliotrope, d’une camisole rose-thé », et c’était ainsi qu’elle « participait en même temps de l’oignon et de l’arc-en-ciel ».
Toulet chante aussi une petite ville de l’Annam, dont il ne donne pas le nom, plus agréable qu’Hanoï et son crachin. On est loin de Graham Green, de Jean Hougron ou même du Prince Malko Linge. C’est le journal d’un poète, jouisseur mais plutôt pessimiste, qui devait mourir au faîte de son activité littéraire, en 1920, après une longue maladie.
A lire
Paul-Jean Toulet, Carnet d’Indochine, Ed. Nicolas Chaudun, 2013, présentation d’Olivier Aubertin. Ce Carnet est extrait des pages du Journal de Voyage, 1902-1903, de Paul-Jean Toulet.
Contrerimes
Boy, une pipe encor. Douce m’en soit l’aubaine
Et l’or aérien où s’étouffent les pas
Du sommeil. Mais non, reste, ô boy : n’entends-tu pas
Le dieu muet qui heurte à la porte d’ébène ?
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