Chine : Changyu, un vin à boire avec précaution
Le père fondateur, Monsieur Zhang Bishi, entendait à l’époque contribuer à l’industrialisation du pays, et a « investi une énorme somme d’argent en mettant sur pied la première « fabrique » (sic) industrielle de vin à Yantai [dans la province du Shandong, à l’est de la Chine NDLR] » comme le signale, en anglais, le texte figurant en caractère d’or sur l’étiquette du vin que j’offris ce soir là à mes hôtes.
La dite étiquette se veut d’ailleurs prestigieuse puisqu’agrémentée d’un sceau, doré lui aussi, affichant une belle grappe de raisins – dorée bien entendu !
Alors, vraiment si désagréable que cela ce Changyu blanc ? Un drôle de vin en tout cas.
La première impression, au nez, révéla un discret parfum de noix un rien trop grillées. Jusque là, rien de bien grave ; mais c’est une
fois en bouche que l’agression du palais démontra la faible valeur du produit.
Si les spécialistes du vin sont en général capables de proses presque lyriques sur les arômes et les subtilités des élixirs vinifiés, je n’aurais pour ma part qu’un qualificatif – simple – pour ce vin : brutal !
Soit la bouteille, achetée à l’aéroport de Pékin, a mal vécu son séjour là-bas, soit il y avait comme un défaut de vinification.
Je ne veux pas être injuste mais si Lauren Lowery était si peu amène sur sa dégustation, c’est que le domaine de Changyu n’a pas encore atteint les sommets auxquels rêvait son père fondateur.
Or, les projets du dit vignoble sont pourtant tout simplement pharamineux. Pour accélérer la consommation de vin auprès des « bonnes masses populaires » de Chine, Changyu va ainsi construire un parc dédié au vin de type Disneyland, de la taille de la principauté de Monaco, avec vignobles modèles, des Spa et même une chapelle ! Sans doute pour prier Bacchus d’arrondir les très vifs tanins du domaine…
Pour autant, il ne faudrait pas que l’exemple de cette bouteille de Changyu blanc ne donne à penser que le vignoble chinois est tout entier à son image.
Bien au contraire !
Tout récemment encore, Gérard Margeon, sommelier en chef des restaurants Alain Ducasse, déclarait au quotidien le Figaro que la Chine « possède un vaste potentiel, car il y a et la volonté et des moyens impressionnants » pour produire de grands vins. Tout en notant que depuis « deux ou trois ans la Chine avait fait des progrès énormes ». Il donnait ainsi en exemple des vins tels que le Helan Mountain Special Reserve 2011 ou le Chateau Nubes Reserve CS 2011.
Le tout étant désormais d’arriver à trouver ces petites perles rares noyées dans un océan de productions locales bas de gamme.
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