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Bangladesh : la fin d’un règne autoritaire qui fera date en Asie

La Premier ministre bangladaise Sheikh Hasina a été renversée le 5 août 2024 par des foules d’étudiants en colère contre la corruption. (Source : CNN)
La Premier ministre bangladaise Sheikh Hasina a été renversée le 5 août 2024 par des foules d’étudiants en colère contre la corruption. (Source : CNN)
La fin brutale du règne de la Première ministre déchue du Bangladesh Sheikh Hasina, renversée lundi 5 août par des foules d’étudiants en colère contre la corruption, pourrait donner à réfléchir en Asie. D’autres régimes corrompus auraient quelques raisons de s’inquiéter de la chute d’un régime autoritaire qui a duré quinze ans pour s’effondrer en quelques semaines à peine.
Le Bangladesh, pays pauvre de 170 millions d’habitants frontalier de l’Inde, avait gagné son indépendance en 1971 au terme d’une guerre de libération sanglante menée par Sheikh Majibur Rahman, le premier président assassiné en 1975 avec la quasi-totalité de sa famille lors d’un coup d’État. C’est sa fille, Hasina, qui prit alors le pouvoir, à la tête de la Ligue Awami créée par son père.
Celle-ci avait dans un premier temps apporté au Bangladesh une période de croissance économique sur fond d’idées de démocratie et d’alternance politique. Hasina et sa rivale, Begum Khaleda Zia, s’étaient succédé à la tête de ce pays à majorité musulmane. Mais à partir de cette date, Sheikh Hasina s’était engagée dans une méthode de pouvoir de plus en plus autoritaire. Les arrestations, les disparitions et les exécutions extra-judiciaires dans les rangs de l’opposition s’étaient multipliées tandis que la corruption gagnait les rouages de l’administration.
C’est l’annonce d’un projet de loi instituant des quotas réservés aux familles régnantes dans la fonction publique qui mit le feu aux poudres. Le mouvement de contestation a été d’une violence sans précédent depuis l’indépendance.
Sheikh Hasina, 76 ans, était au pouvoir de façon ininterrompue depuis 15 ans. L’ex-Première ministre a trouvé refuge en Inde, le grand voisin qui, sous son règne, avait réussi à tisser des liens privilégiés avec le Bangladesh. L’autorité de Sheikh Hasina était contestée depuis sa reconduction en janvier à la suite d’élections législatives boycottées par l’opposition, dont le Parti Nationaliste du Bangladesh (BNP) de Khaleda Zia, et remportées par le parti de la Première ministre, la Ligue Awami.

L’armée n’a pas voulu tirer sur les manifestants

La crise a éclaté en juillet dernier avec des manifestations antigouvernementales à l’initiative d’un collectif étudiant, Students against discrimination (Étudiants contre la discrimination), qui protestaient contre la réinstauration en juin de quotas dans la fonction publique, jugés discriminants. Les manifestants dénonçaient un fait du prince de la Ligue Awami pour réserver des postes à ses partisans, dans un pays où quelque 18 millions de jeunes sont au chômage.
De fait, racontent l’agence Reuters et le quotidien japonais Nikkei Asia, c’est la décision de la haute hiérarchie de l’armée de ne pas tirer sur les protestataires lorsque la police était elle-même débordée par les événements qui a contraint la Première ministre à la démission puis, quelques heures plus tard, à l’exil. Depuis, un calme précaire règne dans le pays où les étudiants clament haut et fort leur désir de démocratie et la fin de la corruption. La police, détestée pour les brutalités commises pendant les manifestations, est invisible. Ce sont des étudiants qui, aux carrefours de la capitale, règlementent la circulation.
Mais ce refus des chefs militaires d’obéir au pouvoir pour mater la rébellion, aussi exemplaire qu’il puisse être, ne saurait, au moins à court terme, se répliquer dans d’autres pays autoritaires ou totalitaires de la région, en particulier ceux où un régime communiste s’est consolidé avec les années qui passent. Ainsi se souvient-on que, sur l’ordre de Deng Xiaoping, le maître réformateur de la Chine de l’époque, les soldats de l’Armée populaire de libération n’avaient pas hésité à tirer à balles réelles sur les manifestants, essentiellement des étudiants des grandes universités de la capitale, rassemblés sur la place Tiananmen le 4 juin 1989.
Les manifestations monstres avaient ainsi été matées dans le sang, l’une des pages sombres du régime de Pékin restée dans les mémoires occidentales comme « le massacre de la place Tiananmen » qui avait fait quelque 2 000 morts dans les rangs des dizaines de milliers de protestataires demandant davantage de démocratie en Chine. Depuis, le régime communiste chinois s’est employé à effacer cette tragédie de la mémoire collective, si bien qu’une bonne partie de la jeunesse chinoise d’aujourd’hui ignore totalement cet épisode sanglant. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le nouveau maître de la Chine Xi Jinping s’est employé en priorité à consolider son pouvoir contre toute contestation éventuelle. Ainsi la Chine n’est pas le Bangladesh. Depuis juin 1989, le régime de Pékin a tiré les leçons de ce soulèvement populaire et a considérablement renforcé la surveillance de la population, si bien que la répétition d’un tel événement est hautement improbable.
Ailleurs, le Vietnam est, lui aussi, un État policier où toute contestation de masse serait détectée bien avant qu’elle ne dégénère en menace réelle pour le régime. Il en va de même peu ou prou au Laos, lui aussi communiste, ainsi qu’au Cambodge, dont le régime est largement inféodé à la Chine.

« Je ne serai heureuse que lorsque nos exigences seront satisfaites »

Il reste que cette transition éclair au Bangladesh fera date en Asie. À l’annonce du départ de Sheikh Hasina, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Dacca, la capitale, pour manifester leur joie. Des milliers de manifestants ont envahi la résidence officielle de la Première ministre démissionnaire, en faisant le « V » de la victoire et en levant le poing.
La veille, des manifestants survoltés avaient pénétré dans la résidence de la cheffe du gouvernement écartée du pouvoir. Les militaires ont laissé faire. Quelques heures plus tôt, c’est le chef d’état-major de l’armée qui avait annoncé sa démission. Beaucoup parmi les étudiants attendent désormais un changement de régime complet et l’avènement d’une société démocratique.
Interrogée par la BBC, Noorjahan Mily, une étudiante de 21 ans, déclare qu’elle et ses compatriotes étudiants n’ont qu’un seul désir : la démocratie, la liberté d’expression et la fin de la corruption. « Je ne suis pas trop sûre de la direction dans laquelle mon pays s’engage puisque le gouvernement a changé. Mais que les discriminations restent ou non, je ne serai heureuse que lorsque nos exigences seront satisfaites. »
À l’heure des comptes, le bilan des morts est élevé. Au moins 416 morts, dont beaucoup d’enfants. « Beaucoup d’enfants, certains âgés de six, sept ou huit ans, ont été tués », explique un habitant de la ville à un journaliste de la BBC à l’aéroport de Dacca. « Nous sommes heureux d’avoir réussi à mettre fin à ce gouvernement autocrate. Nous avons gagné notre liberté et notre souveraineté », déclare Julkernayeem Rahat, un étudiant de l’université de l’Asie-Pacifique, lui aussi interrogé par la chaîne britannique. « Je veux la démocratie pour que les gens de toutes les classes sociales puissent bénéficier des mêmes opportunités, de droits égaux », explique Mahamudul Hassan, un autre étudiant de 21 ans inscrit à la même université. Ce dernier se dit confiant : selon lui, le Prix Nobel de la paix Muhammed Yunus, 84 ans, choisi pour former une équipe gouvernementale intérimaire, aura la capacité de former un gouvernement de coalition avec des étudiants, des avocats et de représentants de la société civile.
Les chefs de file du mouvement étudiant à l’origine des manifestations avaient exigé que Muhammad Yunus prenne la tête du futur gouvernement intérimaire. Prix Nobel de la paix en 2006, l’économiste s’est alors dit prêt à aider son pays. Il a officiellement pris ses fonctions jeudi 8 août. Populaire et respecté pour son intégrité dans son pays, il est connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance, pionnière en la matière.

Yunus : « Les deux tiers de la population sont des jeunes. Et ils n’ont jamais eu l’occasion de se rendre dans l’isoloir pour voter. Ils veulent agir, ils sont pleins d’énergie. »

Comment le Bangladesh peut-il se relever de cette révolte d’ampleur ? L’économiste Muhammad Yunus peut-il aider son pays à accomplir sa transition politique ?
Interrogé par la chaîne de télévision France 24, celui qui est surnommé le « banquier des pauvres » a souligné que la fuite de Hasina avait suscité un jour de fête dans son pays. « Nous avons eu un premier jour de libération lorsque nous avons obtenu l’indépendance du Pakistan, le 16 décembre 1971, a ainsi rappelé Muhammad Yunus. Aujourd’hui, c’est comme le deuxième jour. Nous sommes libérés de toute l’oppression et de toutes les attaques que nous avons subies, de toute la mauvaise gestion, de toute la corruption. Sheikh Hasina est le nœud du problème. Elle a organisé des élections truquées les unes après les autres. Le Bangladesh compte 170 millions d’habitants. Les deux tiers de la population sont des jeunes. Et ils n’ont jamais eu l’occasion de se rendre dans l’isoloir pour voter. Ils veulent agir, ils sont pleins d’énergie. Ils sont connectés au reste du monde grâce aux technologies de communication, mais ils ne peuvent pas choisir leurs représentants au Parlement parce qu’il n’y a pas d’élections. »
« Au Bangladesh, a poursuivi le Premier ministre par intérim, 56 % des emplois sont soumis à un système de quotas. Votre mérite est donc soumis à un système de quotas de travail et il reste très peu de places pour ceux qui ont travaillé dur. Les manifestants que nous avons vus sont très souvent des personnes hautement qualifiées. Dans une société normale, démocratique, ils ne seraient pas dans la rue. Ce sont ces personnes qui, demain, deviendront des fonctionnaires et dirigeront le pays. Ils sont aujourd’hui mûrs, sur le point de se présenter à l’examen, mais ils voient que leur place est bloquée. »
Expliquant qu’il n’avait pas l’intention de demeurer à la tête du gouvernement de son pays, Muhammad Yunus a insisté : « Je me consacre à mon travail. Nous avons annoncé un gouvernement intérimaire qui sera chargé d’organiser les élections, car nous n’avons pas eu d’élections depuis de nombreuses années. Pour la première fois, il s’agira d’élections équitables et transparentes, afin que chacun puisse voter et décider du type de personne qu’il souhaite envoyer au gouvernement et au Parlement. Nous voulons un système démocratique pur où personne ne peut interférer avec notre droit de vote, notre liberté d’expression, notre État de droit. »

« Traîtres »

Hasina a été Première ministre entre 1996 et 2001 puis de façon ininterrompue depuis 2009. C’est, explique le Nikkei Asia, son retour d’un voyage à caractère économique en Chine en juillet qui avait marqué le début des manifestations monstres menant à sa chute. L’opposition avait affirmé alors qu’elle n’avait pu se rendre à Pékin qu’après avoir reçu un feu vert du gouvernement indien, suggérant ainsi qu’elle n’était qu’une marionnette aux mains des autorités indiennes.
Sitôt revenue à Dacca, elle avait alors donné une conférence de presse lors de laquelle elle avait usé d’un terme péjoratif à l’égard d’étudiants dont certains protestaient déjà contre le projet de lois sur les quotas, un terme qui revenait à les qualifier de traîtres. Ce commentaire avait sonné l’alarme dans les universités du pays et rapidement suscité un soulèvement d’ampleur. « Pour les étudiants, cela devint une lutte pour la dignité plus que simplement une contestation contre la réforme sur les quotas », analyse le vétéran du journalisme au Bengladesh Shafiqul Alam, cité par le Nikkei Asia.
« À la fin, le mouvement de contestation avait pris une telle ampleur qu’il était devenu impossible pour le gouvernement de survire, note Geoffrey Macdonald, un expert du Bengladesh au United States Institute of Peace à Washington, cité par le média japonais. Ce qui avait commencé comme un mouvement de protestation estudiantin devait alors réunir des citoyens ordinaires et les opposants politiques. Une fois que l’armée avait pris la décision de ne pas faire usage de la force pour faire appliquer le couvre-feu, la Première ministre n’avait guère d’autre option que de démissionner. »

Un revers pour l’Inde

Le gouvernement intérimaire est maintenant confronté à une économie en crise et un pays lourdement endetté. Le FMI avait l’an dernier accordé un prêt d’urgence de 4,7 milliards de dollars pour permettre au pays de faire face à ses créanciers internationaux, dont la Chine, le principal partenaire économique du pays. Le secteur de l’habillement, le principal fournisseur de devises du pays, est déjà durablement affecté par des grèves et des fermetures d’usines pour des raisons de sécurité dans le monde du travail. La crise politique pourrait aggraver ces problèmes, des partenaires de poids comme les géants de l’habillement H&M et Zara pouvant se détourner de ce pays. Le seul secteur de l’habillement représente 83 % des exportations du pays en valeur avec un montant de 38,4 milliards de dollars en 2023.
La crise pose d’autre part un défi nouveau pour l’Inde, traditionnel mentor politique et stratégique du Bangladesh, les deux partageant quelque 4 000 kilomètres de frontière terrestre. « La fin soudaine [du gouvernement de Hasina] après quinze années [de règne] a laissé un vide du pouvoir précaire au Bangladesh, un pays de 170 millions d’habitants que l’Inde considère comme son partenaire régional le plus fidèle, explique le Financial Times dans un commentaire. Cela représente en outre un revers pour la nouvelle stratégie régionale [de l’Inde] à un moment où le Premier ministre Narendra Modi cherche à contrer l’influence croissante de la Chine. De plus, la décision de l’Inde de soutenir Sheikh Hasina jusqu’au dernier moment risque de porter tort à son image auprès de nombreux habitants du Bangladesh. »
« C’est le soutien inconditionnel de l’Inde qui a protégé [le Bangladesh] de la colère et des pressions internationales, pointe Ali Riaz, un expert de la politique de ce pays à l’université de l’Illinois aux États-Unis. Ce qui se passe en ce moment [au Bangladesh] est un message pour New Delhi sur le fait que [l’Inde] a poursuivi son soutien à un régime dont le bilan en matière de droits humains était consternant. »
L’Inde est le principal créancier du Bangladesh avec un encours de quelque 8 milliards de dollars, plus que tout autre pays d’Asie, y compris la Chine.
« Hasina était favorable à l’Inde et était ouverte à l’idée de changer le lien » dans le sens d’un approfondissement des relations, explique C Raja Mohan, chercheur à l’Asia Society Policy Institute de New Delhi, cité par le même quotidien. « La question stratégique est : pouvons-nous créer une relation structurelle qui va survivre aux changements au Bengladesh ? »
Pour l’Inde, les événements au Bangladesh s’ajoutent au revers diplomatique qu’a constitué l’élection aux Maldives en novembre du président Mohamed Muizzu dont le programme prioritaire était « India Out » (« L’Inde dehors ») et dont l’une des premières décisions avait été d’expulser du territoire un contingent de soldats indiens, rappelle encore le Financial Times.
Restent parmi les voisins le Sri Lanka, le Népal et le Bhoutan qui, autre calamité pour l’Inde, se rapprochent de la Chine. « L’anxiété est maximale à New Delhi en ce moment sur la forme que prendra le [prochain] gouvernement » au Bengladesh, souligne Shafqat Munir, chercheur au Bangladesh Institute of Peace and Security Studies. « Mais les réalités géopolitiques et géographiques vont dicter […] l’importance de travailler avec l’Inde. »
« Cela ne peut plus être sur le mode : les affaires continuent comme avant, juge Pallab Bhattacharya, l’ancien correspondant de l’agence indienne Press Trust of India qui aujourd’hui écrit pour le grand quotidien de Dacca The Daily Star. L’Inde a tellement investi sur les plans politique et économique au Bangladesh depuis 2009 et se retrouve maintenant dans le doute quant à savoir si cette dynamique peut continuer car le [nouveau] gouvernement pourrait inclure des éléments qui ne sont aussi bien disposés envers l’Inde », ajoute-t-il, cité par le Nikkei Asia, dans une allusion à des responsables politiques du Parti Nationaliste (BNP) ainsi qu’au parti Jamaat-e-Islami qui pourraient davantage pencher en faveur du Pakistan lui aussi voisin, l’ennemi juré de l’Inde. Tout ceci, explique ce fin connaisseur de la politique intérieure du Bangladesh, pourrait au bout du compte favoriser la Chine, dont le Pakistan est un proche allié.

La Chine en embuscade

Le Nikkei Asia souligne lui aussi que le changement de régime en cours à Dacca représente pour la Chine une occasion unique de se rapprocher du Bangladesh et d’y conforter son influence au détriment de l’Inde. Lors de la visite de Hasina à Pékin, les deux pays ont signé des accords de coopération dans différents domaines allant de l’économie au commerce et à la santé publique qui s’ajoutent à une aide chinoise de 140 millions de dollars.
Pékin et Dacca en avaient profité pour requalifier leurs liens en « partenariat global et stratégique », une terminologie favorite dans le jargon du Parti communiste chinois qui désigne la volonté de Pékin d’user de son influence pour se rapprocher d’un allié potentiel. « Les événements au Bangladesh ont mis fin à un gouvernement dans lequel la Chine a beaucoup investi mais ont ouvert la voie à un nouveau [gouvernement] qui, estiment les experts, pourrait lui être plus favorable », analyse le media japonais.
Mais, ce que redoute certainement le pouvoir communiste chinois, la nature des événements au Bangladesh pourrait aussi réveiller en Chine des souvenirs que Pékin s’efforce d’effacer, ajoute le Nikkei Asia, dans une allusion au mouvement contestataire des étudiants de Pékin qui donna lieu au massacre de la Place Tiananmen le 4 juin 1989, un événement tabou en Chine. « La Chine sera le dernier pays à commenter la contestation des étudiants, du fait de sa propre histoire », souligne Jabin Jacob, un chercheur associé du département des relations internationales de l’université indienne de Shiva Nadar.
Cette prudence du régime communiste chinois sera d’autant plus grande compte tenu des frustrations croissantes au sein de la population chinoise ces dernières années suscitées par le chômage des jeunes, une croissance économique en perte de vitesse et les faillites en série dans le secteur de l’immobilier qui coûtent cher au pouvoir d’achat des ménages chinois.
De fait, les réseaux sociaux chinois n’ont pas manqué d’en parler puisque la contestation au Bangladesh a suscité des commentaires de soutien aux manifestations estudiantines. « Victoire au peuple », a écrit un internaute chinois, rapidement censuré. « Je salue le brave peuple du Bangladesh », a déclaré un autre, dont le commentaire a rapidement connu le même sort, tout comme les autres apparus sur le même thème. Wen Kejian, un chercheur chinois basé dans la ville de Hangzhou, cité par le Nikkei Asia, a pudiquement estimé que ces commentaires représentent « une illustration des émotions dans la société chinoise suscitées par un événement externe ».
Par Pierre-Antoine Donnet

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A propos de l'auteur
Ancien journaliste à l'AFP, Pierre-Antoine Donnet est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages consacrés à la Chine, au Japon, au Tibet, à l'Inde et aux grands défis asiatiques. En 2020, cet ancien correspondant à Pékin a publié "Le leadership mondial en question, L'affrontement entre la Chine et les États-Unis" aux Éditions de l'Aube. Il est aussi l'auteur de "Tibet mort ou vif", paru chez Gallimard en 1990 et réédité en 2019 dans une version mise à jour et augmentée. Après "Chine, le grand prédateur", paru en 2021 aux Éditions de l'Aube, il a dirigé fin 2022 l'ouvrage collectif "Le Dossier chinois" (Cherche Midi). Début 2023, il signe "Confucius aujourd'hui, un héritage universaliste", publié aux éditions de l'Aube. Son dernier livre, "Chine, l'empire des illusions", est paru en janvier 2024 (Saint-Simon).