Le festival de Mazu à Taïwan : un culte populaire au cœur de la vie politique

Contexte
Son visage représenté sous la forme d’un bouddha apporte aux 3 000 temples qui lui sont dédiés une atmosphère sereine. Sur l’archipel de Taïwan, Mazu, déesse des marins, règne sur les autres figures divinisées dans le pays. Selon la légende, de son vivant, et par le pouvoir de la méditation, elle aurait guidé son frère et son père, pris dans une tempête en mer, leur permettant de se sauver de la noyade. Mazu ne s’est jamais mariée, décédée à 28 ans et érigée par les dieux au statut de déesse. Les deux démons Shunfeng’er et Qianliyan, l’auraient demandée en mariage. Elle accepta donc d’épouser celui qui la battrait en duel. Tous deux vaincus, ils seraient alors devenus ses gardiens.
Dans les temples dédiés à Mazu, la déesse est toujours accompagnée par de grandes statues de ses protecteurs. Shunfeng’er est typiquement peint en rouge, alors que Qianliyan est en vert. De façon similaire, Mazu partage souvent ses temples avec la déesse bouddhiste Guanyin, qui est associée à la légende. Guanyin se serait dévouée à Mazu ou elle aurait autorisé sa naissance, selon certaines versions. Alors que le mythe de Mazu fait partie du canon taoïste, Guanyin est une divinité bouddhiste. Dans les religions populaires chinoises, il est normal de vénérer différentes divinités. La religion taoïste se mélange au bouddhisme, au confucianisme, à l’hindouisme. Dans l’histoire, nombre de généraux chinois ont revendiqué avoir gagné leur bataille grâce à la protection de Mazu.
Le festival de Dajia Mazu est le troisième plus grand pèlerinage au monde selon l’UNESCO. Chaque année, au cours du troisième mois lunaire, Mazu déesse des marins, quitte sa demeure au temple Jenn-Lan, pour rejoindre le temple Fengtian à Chiayi. La procession s’étend sur quatre villes et régions, ce qui constitue la plus grande cérémonie religieuse du pays, et le plus grand pèlerinage dédié à cette déesse en Asie. De nombreux fidèles dévoués marchent pendant neuf jours, un « tour d’inspection » de 340 km – l’équivalent d’un Paris-Poitiers – en compagnie de la sainte statue de Mazu et retraçant le chemin des premiers migrants sur l’île de Taïwan.


La déesse défie le statu quo
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