Prajwal Parajuly : "En Inde, une période épouvantable pour être citoyen, mais extraordinaire pour être écrivain !"
Entretien
C’est une entrée très remarquée qu’a faite cette année l’écrivain indien Prajwal Parajuly sur la scène littéraire française. Son premier roman, publié sous le titre Fuir et revenir, a été sélectionné pour deux prix littéraires : le Prix du premier roman et le Prix Emile Guimet de littérature asiatique du Musée Guimet. Mené à un rythme d’enfer, débordant d’un humour ravageur, l’ouvrage décrit les retrouvailles d’une famille compliquée, dont les membres vivent dans plusieurs pays de la planète, à l’occasion d’un anniversaire de la matriarche, redoutable femme d’affaires de l’État du Sikkim, au nord-est de l’Inde.
L’auteur a mis beaucoup de lui-même dans ce portrait au vitriol. Membre de la petite communauté des Indiens népalais (citoyens indiens népalophones), il partage son temps entre Calcutta, New York et parfois Londres, au gré de ses contrats d’enseignement. Sa double activité littéraire et universitaire l’amène d’ailleurs à effectuer actuellement un séjour de plusieurs mois en France : quelques semaines en résidence à la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de Saint-Nazaire, qui seront suivies de plusieurs mois à Sciences-Po Le Havre pour y enseigner l’écriture créative.
Dans un entretien accordée à Asialyst, l’écrivain, âgé de 36 ans, détaille les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression dans l’Inde des ultranationalistes hindous – même si les auteurs qui écrivent comme lui en anglais sont épargnés, étant donné leur « public minuscule ». Soulignant à quel point la situation est « terrible » pour les musulmans et les dalits (intouchables), Parajuly explique qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que de « regarder le pays brûler »… et écrire. Il décrit également la place des écrivains en Inde et sa façon d’approcher la littérature avec des livres qui contribuent éventuellement au débat mais dont l’objectif premier est de « raconter une histoire ».
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