Il y a 88 ans, "l'incident de Moukden" plongeait le monde dans la Seconde Guerre
Entretien
Pour les amateurs d’Asie, le nom de Bruno Birolli sonne assurément familier. Pendant vingt-trois ans, ce journaliste a trainé ses guêtres dans différents recoins du continent. Il a vécu à Tokyo (en 1982 puis de 1987 à 1992), à Hong Kong (1992-2000), à Bangkok (2000-2004) et à Pékin (2004-2009). Pour ceux qui l’ont croisé, difficile de ne pas se souvenir de son air d’ours mal léché, son élocution parfois hésitante, son rire sonore et ses envolées parfois lyriques parfois grivoises. Peu après son retour à Paris, il a troqué ses habits de journaliste pour celui d’auteur. Il s’est dans un premier temps concentré sur les livres historiques dont Ishiwara : l’homme qui déclencha la guerre, mais aussi Port Arthur 8 février 1904 – 5 janvier 1905 (Economica, 2015). Puis il s’est lancé dans le roman. Le Music-Hall des espions, publié en 2017 chez Tohu Bohu, est le premier d’une série sur Shanghai, dont le deuxième tome, Les terres du mal, est sorti pour en 2019.


Les années 1920 dans ce pays correspondent à une période d’extraordinaire libéralisation : la démocratie Taisho, les grèves, les conflits sociaux ; la légalisation du parti socialiste qui entre au parlement lors des élections de 1926 ; l’influence de la révolution russe dans les milieux ouvriers et intellectuels. Les mœurs aussi changent : les robes sont plus courtes, on danse le fox-trot. Pour des segments entiers de l’armée et de la droite, le Japon est train de perdre son âme. Ishiwara parle d’une « colonisation spirituelle » de l’intérieur. C’était inacceptable, et donc une perversion occidentale qu’il fallait combattre.
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