Photographes d'Asie
Livre : "L'Asie des photographes", l'autre trésor du musée Guimet
Un splendide ouvrage, L’Asie des photographes, présente au grand public un échantillon des collections de photos d’Asie du musée Guimet, du XIXème siècle à nos jours. Un cadeau de Noël idéal !
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De fascinants portraits d’habitants de l’Himalaya, de chefs sri-lankais, du roi de Thaïlande ou de métisses philippines remontant aux environs des années 1870, des vues des ports de Phnom Penh, Saïgon, Singapour et Hong Kong avec leurs trois-mâts à l’ancre datant de la même époque, des rues et monuments de Pékin prises en 1879… Toutes ces photos et bien d’autres figurent dans le somptueux livre L’Asie des photographes destiné à présenter au grand public les « trésors photographiques des collections du musée national des arts asiatiques – Guimet ». Un régal pour tous les amoureux de l’Asie.
Ce n’est pas forcément à la photographie que l’on associe spontanément le musée Guimet connu avant tout pour ses exceptionnelles collections de statues, porcelaines et autres estampes. Et pourtant, le musée parisien des arts asiatiques possède un fonds d’environ 450 000 clichés rassemblés depuis un siècle, dont de nombreuses photos du XIXème siècle. Si ce très important ensemble est demeuré dans l’ombre pendant longtemps, explique Jérôme Ghesquière, responsable des collections photographiques du musée, c’est parce qu’il était considéré comme un simple « fonds documentaire » qui ne servait guère qu’à « illustrer des articles scientifiques ». La collection n’était donc pas montrée en tant que telle au grand public. Les choses ont cependant bien évolué depuis quinze ou vingt ans et la photographie bénéficie aujourd’hui « du même niveau d’attention que les autres collections, qu’il s’agisse des miniatures, des estampes ou autres », poursuit Jérôme Ghesquière. La photo trouve désormais systématiquement sa place dans les expositions temporaires et bénéficie ponctuellement d’expositions à part entière.
Mieux encore : bien loin de s’en tenir à la conservation d’un fonds exceptionnel d’images datant des débuts de la photographie, Guimet développe depuis quelques années une politique d’achat d’œuvres contemporaines. « Cela permet de renouveler le regard, d’éclairer le fonds ancien », estime le responsable des collections : sur un thème comme celui des catastrophes naturelles, explique-t-il, « on peut présenter la vague d’Hokusai, des photos du XIXème siècle de villages rasés par un tsunami et des photos d’artistes contemporains prises à Fukushima ».
L’ouvrage que vient de publier le musée reflète l’ensemble de cette approche. On y trouve 200 photos prises pour l’essentiel dans les collections du XIXème siècle. De l’Afghanistan au Japon, toute l’Asie est passée en revue avec la présentation de photos prises aussi bien par des photographes occidentaux que par les premiers professionnels locaux. Tous les registres sont abordés, des vastes paysages aux scènes intimes, des architectures aux portraits officiels. Une variété qui constitue le principal reproche que l’on peut formuler au livre : face à une telle richesse, on aimerait avoir par exemple un volume entier consacré à l’Inde, un autre au Japon, un troisième à la Chine…

L’ouvrage ne se cantonne cependant pas au XIXème siècle. Quelques photos du siècle dernier y sont également reproduites, en particulier de Marc Riboud qui a légué ses archives photographiques à Guimet. Par ailleurs, un certain nombre de photos du XXIème siècle sont également confrontées aux œuvres anciennes, avec un résultat parfois très frappant comme les clichés contemporains à peine colorés de Frédéric Delangle qui se fondent tout naturellement au milieu des photos sépia des temps anciens.
Le livre est complété par des textes brefs sur l’histoire de l’introduction de la photographie dans les grandes régions d’Asie, un dictionnaire biographique des photographes et un glossaire couvrant les techniques photographiques anciennes.
Un deuxième volume est prévu, qui sera centré sur « les photographes amateurs, les voyageurs qui ont porté un regard très différent de celui des professionnels » inclus dans ce premier ouvrage, explique Jérôme Ghesquière. Un livre où le XXème siècle sera beaucoup plus représenté.
Par Patrick de Jacquelot
A lire
L’Asie des photographes, sous la direction de Jérôme Ghesquière, Réunion des Musées Nationaux, 240 pages, 45 euros.
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