Invasions mongoles au Japon : les kamikazes n’y sont pour rien !
Cadeau du ciel
Fortifications
Contexte
La météo a bon dos dans la débâcle. Elle justifie souvent les erreurs stratégiques ou, à l’inverse, les croyances dans des esprits protecteurs. Si les manuels d’histoire en Chine font toujours référence aux « trois années de catastrophes naturelles » pour évoquer la grande famine sous Mao, les historiens savent aujourd’hui que cette dernière n’a rien à voir avec les éléments déchaînés. Les 36 millions de morts comptabilisés dans les campagnes chinoises entre 1958 et 1961 étant liés aux décisions politiques de l’époque. Le travail effectué par l’historien japonais Hideo Hattori vient également remettre en cause les pouvoirs du ciel dans ces deux défaites des flottes mongoles lancées à l’assaut des rivages de l’Archipel.
Lors de la première invasion de la baie d’Hakata à l’automne 1274, les troupes Mongoles sont supérieures en nombre et équipées de la poudre explosive des Chinois. Elles prennent rapidement le dessus sur les petites garnisons de samouraïs chargées de défendre les côtes japonaises. Les assaillants remportent les batailles des îles Tsushima, Iki et Hirato, avant d’être défaits à Akasaka et Torikai. Puis ils rembarquent, aussi soudainement qu’ils sont arrivés. Manque de connaissance du terrain, problème d’approvisionnement, ou encore « mauvaise volonté » voire un « début de rébellion » parmi les marins chinois et coréens : des éléments extérieurs à la tempête peuvent expliquer ce repli. Certains comme l’historien britannique Stephen Turnbull vont même plus loin, affirmant que cette première attaque « n’était guère plus qu’une reconnaissance des forces ennemies ». Lors de la grande bataille de l’été 1281, le typhon a certainement contribué à l’hécatombe, mais là encore est-il responsable de l’échec de cette seconde tentative d’invasion ?
Pour Hideo Hattori, le courroux du ciel ne saurait à lui seul expliquer cet échec. L’armada mongole compte alors plus de 4 000 navires et près de 140 000 hommes venus de la péninsule coréenne, mais aussi de l’embouchure du Yangtsé en Chine. Les cavaliers de la steppe ne sont pas des marins : « Ils durent s’en remettre entièrement à l’expertise des peuples nouvellement conquis qui n’avaient pas forcément envie d’aider leurs nouveaux maîtres. » Et puis, sept ans ont passé depuis la première bataille. Les fortifications ont été renforcées sur les côtes de l’Archipel et les grandes barques à fond plat de l’armée mongole résistent mal aux attaques répétées des embarcations légères des samouraïs.
S. L.
« Pays des dieux »
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