Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Corée du Nord : des exercices militaires américains plus "apaisés" ?

Des manifestants sud-coréens arborent une banderole avec une caricature du président américain Donald Trump lors d'une marche pour la paix dans la péninsule coréenne, près de l'ambassade américaine à Séoul le 15 août 2017. (Crédits : AFP PHOTO / JUNG Yeon-Je)
Des manifestants sud-coréens arborent une banderole avec une caricature du président américain Donald Trump lors d'une marche pour la paix dans la péninsule coréenne, près de l'ambassade américaine à Séoul le 15 août 2017. (Crédits : AFP PHOTO / JUNG Yeon-Je)
Est-ce le retour de la menace nucléaire ? Pas sûr. Ce lundi 21 août, les États-Unis et la Corée du Sud ont, comme chaque année, démarré leurs exercices militaires conjoints sur la péninsule. Si le risque d’une nouvelle montée des tensions existe toujours, certains experts voient dans les opérations américaines de légers signes d’apaisement.
« La déclaration du clan de Trump sur les dangereux exercices de guerre nucléaire… est un comportement imprudent qui mène la situation vers la phase incontrôlable de la guerre nucléaire. » Ces phrases – habituelles dans la propagande nord-coréenne – pouvaient laisser croire à une nouvelle escalade des tensions ce dimanche 20 août, à lire l’éditorial du Rodong Sinmun, le journal officiel de Pyongyang cité par le Boston Herald. Comme un avertissement avant le lancement aujourd’hui lundi des deux semaines d’exercices militaires annuels et conjoints menés par les États-Unis et la Corée du Sud. L’opération s’appelle Ulchi Freedom Guardian (UFG), du nom du général coréen ayant libéré le pays de l’emprise chinoise. Présentées par Washington et Séoul comme « purement défensives », manœuvres sont, aux yeux de Pyongyang, un entraînement pour envahir la Corée du Nord. Mardi 15 août, Kim Jong-un avait levé la menace d’un quadruple tir de missiles balistiques à quelques kilomètres de Guam, à condition d’une « bonne conduite » de la part des Américains. Par là, il entendait la conduite des exercices militaires avec Séoul. L’enjeu de taille puisque l’an passé, Pyongyang n’avait pas lésiné sur les « provocations » : deux jours après les exercices américano-sud-coréens, le pays avait testé un missile balistique sous-marin ; puis le 9 septembre, Kim Jong-un avait ordonné le 5ème essai nucléaire, pour le 68ème anniversaire de la fondation du régime nord-coréen.
Mais cette année, il n’est pas sûr que l’histoire se répète à l’identique. Certains signes donnent à penser que l’administration de Washington ait préféré la prudence. Seuls 17 500 soldats américains ont été mobilisés pour ces exercices conjoints, rapporte le Straits Times. C’est beaucoup moins que les 25 000 GI’s l’année dernière, selon le Pentagone. Cette réduction est-elle une marque de peur ou de faiblesse ? Pas du tout, assure le secrétaire américain à la défense James Matthis. Les exercices impliquent de nombreuses simulations informatiques, se concentrent sur les « postes de commandement » et nécessitent donc moins de personnel. Pourtant, il n’y a pas que le volume des effectifs engagés : les deux porte-avions américains promis ne seront pas de la partie, les B-1B porteurs de missiles nucléaires ne survoleront pas la péninsule et les sous-marins nucléaires resteront hors des manœuvres.
Tout cela conduit Moon Jae-in à nier une intention de « faire monter la pression dans la péninsule coréenne », rapporte le Straits Times. Aussi, a insisté le président sud-coréen, le Nord ne devrait pas prendre cette manœuvre comme « prétexte pour aggraver la situation ». Effectivement, « La Corée du Nord doit comprendre que c’est à cause de ses provocations répétées que les États-Unis et la Corée du Sud doivent conduire des exercices de défense, qui, à leur tour, continuent le cercle vicieux. » Pour convaincre les alliés d’arrêter leurs exercices militaires conjoints, il faudrait que la Corée du Nord obéisse à la demande de dénucléarisation.
A Pyongyang, le régime a voulu maintenir la pression, comme à son habitude. « Personne ne peut garantir que l’exercice n’évolue pas en un véritable conflit », avertit l’éditorial du journal nord-coréen. Le South China Morning Post cite un officier sud-coréen pour qui la situation est « plus sérieuse que jamais ». « si l’ennemi attaque, notre armée se vengera résolument et fortement pour lui faire regretter amèrement », assure le général nord-coréen Jeong Kyeong-doo. Ainsi, même si une escalade des tensions est toujours à craindre, il est possible qu’elle n’ait pas lieu, et que les menaces de Pyongyang restent à la fois verbales et conventionnelles. Ce qui dépendra également de l’ampleur de la démonstration de force américano-sud-coréen. Réponse dans les deux semaines qui viennent.
Par Juliette Parjadis

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