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Japon : Shinzo Abe poursuit sa chute dans les sondages sur fond de polémique

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe devant la session parlementaire extraordinaire le 24 juillet 2017.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe devant la session parlementaire extraordinaire le 24 juillet 2017. (Crédit : Kentgaro Aoyama / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun / AFP).
Plus dure sera la chute ? C’est en tout cas ce que doit se dire le Premier ministre japonais qui n’en finit pas de dévisser dans les sondages. En cause notamment son « arrogance » et son soutien sans faille à sa ministre de la défense. De bien mauvaise augure en vue du calendrier des prochains jours et notamment son passage devant le parlement.
« [Kotaro Kake et moi] sommes amis depuis l’époque où nous étions étudiants, bien avant que je devienne politicien. Pas une fois il a fait mine d’utiliser ma position pour accomplir quoi que ce soit ». Interrogé lors d’une séance spéciale de la commission du budget de la chambre des représentants aujourd’hui 24 juillet, Shinzo Abe a continué de nier toute interférence dans l’affaire dite de « l’école vétérinaire Kake » rapporte le quotidien Mainichi.
Pour rappel, cette « affaire » fait suite à l’autorisation donnée par Kake par l’administration à ouvrir une faculté de médecine vétérinaire à Ehime sur demande expresse du Premier ministre.
Ce dernier peut nier mais ne peut pourtant plus se dérober devant les scandales qui se resserrent de jours en jours autour de lui. Car, en plus de cette affaire qui s’éternise dans les médias, le gouvernement a dû faire face à de sérieux revers électoraux couplés à une chute continue dans les sondages ces derniers mois.
Dernier quotidien à publier des chiffres ce mois-ci, le Mainichi dévoile lui aussi un cruel désamour de la population pour son dirigeant. Dans une enquête nationale effectuée samedi 22 et dimanche 23 juillet par le quotidien tokyoïte, le taux de soutient au gouvernement serait de 26 % – soit une baisse de 10 points par rapport au mois dernier. De même, 62 % des sondés ne souhaitent pas qu’Abe se représente à la tête du parti en septembre 2018. Enfin, concernant ses explications sur « » l’affaire Kake », 76 % de ses compatriotes ne s’estiment pas convaincus, dont 49 % se déclarant favorables au gouvernement.
Sur son projet de révision constitutionnelle non plus les Japonais ne suivent pas puisque 66 % des interrogés pensent qu’il n’y a pas lieu d’accélérer le mouvement et que 41 % sont contre l’idée d’y inscrire clairement l’existence des Forces d’autodéfense.
« Nous travaillons à regagner la confiance du public en obtenant des résultats dans les domaines de base que sont le renforcement de la sécurité publique ou la revitalisation de l’économie » a déclaré le Secrétaire général du cabinet Yoshihide Suga cité par la Nikkei Asian Review, qui a elle-même publié un taux d’approbation de l’exécutif sous la barre des 40 %.
Et le site économique japonais de rajouter que 65 % des sondés trouvent le Premier ministre trop « arrogant ». Il est vrai que le chef du gouvernement japonais a fait montre de beaucoup de suffisance lors des réformes mises en œuvre ces derniers mois. En mai dernier, il avait notamment rétorqué à un député de l’opposition de « lire attentivement » son interview au journal Yomiuri lorsque ce dernier l’avait interrogé sur le contenu de son projet de révision constitutionnelle. Mais ce n’est pas tout : dernier dérapage en date, lors d’un meeting pour les élections métropolitaines de Tokyo, Abe aurait déclaré « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre face à ces gens-là » parlant de l’opposition. Interrogé par les élus de la chambre basse aujourd’hui, ce dernier aurait déclaré que cela s’adressait à « des gens qui huaient à pleine voix, empêchant le discours de se poursuivre » avant de finalement s’excuser pour ceux qui auraient pris ses paroles comme « une exclusion de sa part, sans tendre l’oreille aux critiques du peuple ». Une phrase malheureuse qui a eu pour effet d’attiser l’agacement de la population selon le Mainichi. Le quotidien rapporte notamment les propos de Kazuhiro Soda, un réalisateur japonais résidant aux USA, pour qui ce mot est à comparer au « basket of deplorables » d’Hillary Clinton pendant la campagne présidentielle américaine de 2016.
Les soucis de Shinzo Abe ne s’arrêtent pas là puisqu’il est passé devant les parlementaires nippons nous apprend le Japan Times. Ces derniers désiraient en effet interroger le chef du gouvernement sur le maintien de la ministre de la défense Tomomi Inada qui aurait dissimulé des documents concernant le retrait des troupes japonaises du Sud-Soudan où elles effectuaient une opération de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU. Et ils semblent en cela portés par l’opinion publique puisque d’après l’enquête menée par la Nikkei Asian Review, 73 % des sondés désirent la voir quitter le gouvernement.
Par Emeric des Closières

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