Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Japon : Shinzo Abe annonce un remaniement ministériel

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe lors de sa conférence de presse à Helsinki le 10 juillet 2017.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe lors de sa conférence de presse à Helsinki le 10 juillet 2017. (Crédit : Jussi Nukari / Lehtikuva / AFP).
Décidément rien ne va plus pour le Premier ministre japonais. Déjà mis en cause dans plusieurs scandales et alors que son parti vient d’essuyer une défaite historique à l’assemblée métropolitaine de Tokyo, le quotidien Asahi annonce aujourd’hui lundi 10 juillet que sa cote de popularité vient d’atteindre son niveau le plus bas depuis 2012. Et le chef du gouvernement nippon d’annoncer un remaniement ministériel d’envergure pour tenter de sauver les meubles.
C’est une nouvelle qui a pris de cours le Premier ministre Abe lors de sa tournée post-G20 en Europe du nord. D’après un sondage mené par le quotidien japonais Asahi, le taux de soutien au gouvernement serait tombé à 33 % – perdant ainsi cinq points en une semaine. Jamais depuis sa prise de fonction en décembre 2012 le taux d’approbation de l’exécutif n’a été aussi bas.
Même le journal conservateur Yomiuri – soutien traditionnel de l’administration Abe – entérine le désamour de la population. Selon son propre calcul, les avis positifs auraient chuté de 13 % depuis juin dernier pour se situer à 36 %, hier dimanche 9 juillet.
Alors, comment expliquer ce revers de l’opinion ?
Selon le South China Morning Post, le passage en force de l’impopulaire « loi sur le crime de conspiration » le 15 juin dernier a tout d’abord considérablement détérioré l’image d’un Shinzo Abe déjà ébranlé par les affaires de trafics d’influence – dont celui de l’attribution frauduleuse d’un permis de construire pour l’école vétérinaire de son ami Kotaro Kake. La sévère défaite lors des élections à Tokyo et les nouvelles bévues de la ministre de la défense ayant achevé de mettre le feu aux poudres.
Pour l’exécutif japonais, l’annonce de ces chiffres catastrophiques appelle une réaction immédiate. Lors d’une conférence de presse à Stockholm, le Premier ministre a ainsi annoncé un remaniement ministériel pour le mois prochain. Même si Abe appelle à la stabilité du cabinet, il semble que les jours du ministre de la Justice, Katsutoshi Kaneda, et de la ministre de la défense, Tomomi Inada, soient comptés d’après le quotidien hongkongais. En effet, la gaffe d’Inada durant la récente campagne électorale tokyoïte – appelant à voter pour un candidat au nom de son ministère et des forces japonaises d’autodéfense – ainsi que son absentéisme supposé alors que des troupes étaient déployées dans le sud du pays pour secourir les victimes des inondations ont scellé son destin. Quant-à Kaneda il devrait servir de « fusible » suite à la dite loi votée le mois dernier et décriée par l’opinion.
Pas question pour Abe de se séparer de sa vieille garde pour autant. Ni le Secrétaire général du Cabinet, Yoshihide Suga, ni le ministre des finances Taro Aso ne devraient ainsi quitter leurs fonctions explique de son côté le Japan Times. Le chef du gouvernement a également exclu l’idée de dissoudre la Chambre basse, une manœuvre risquée au vu du camouflet essuyé à Tokyo le 2 juillet dernier.
Le temps est compté et le défi est de taille pour le Premier ministre qui annonce vouloir « poursuivre sa politique plus en avant et obtenir des résultats afin de restaurer la confiance » car les prochaines élections législatives sont prévues en décembre 2018.
Par Emeric Des Closières

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