Politique
L'Asie du Sud-Est dans la presse

Thaïlande : Yingluck Shinawatra se déclare "prête à faire face à son destin"

Yingluck Shinawatra à son arrivée devant la Cour suprême le 7 juillet 2017.
Yingluck Shinawatra à son arrivée devant la Cour suprême le 7 juillet 2017. (Crédit : Anusak Laowilas / NurPhoto / AFP)
Le poids des mots sans les photos. C’est l’interview choc et phare de la journée : celle de Yingluck Shinawatra. En Une du Bangkok Post du 11 juillet, l’ex-Premier ministre de Thaïlande déposée par la junte militaire s’exprime au moment des derniers jours de son procès devant la Cour suprême pour négligence durant son mandat concernant un programme de subvention aux riziculteurs qui s’était révélé très coûteux.
Elle sort de son silence. Alors que verdict de la Cour Suprême est prévu pour septembre, l’ex-dirigeante de la Thaïlande (voir notre article à son sujet) s’est exprimée dans les colonnes du journal anglophone le Bangkok Post aujourd’hui mardi 11 juillet.
Yingluck Shinawatra a notamment démenti les rumeurs qui l’accusent de se préparer à fuir la justice hors du pays à l’instar de son frère : « je serais présente à la Cour jusqu’à la fin […]. Je suis prête à faire face à mon destin ». Même si elle ne se fait pas d’illusions sur l’issue de son procès, elle déclare faire confiance aux témoins de la défense qui vont plaider en sa faveur jusqu’à la fin des auditions fixées au 21 juillet prochain.
« Je vais continuer à me battre de mon mieux pour prouver que je suis innocente. […] Quel que soit le résultat, je suis fière du rôle que j’ai joué pour donner aux paysans la vie meilleure qu’ils méritent » poursuit-elle. Pourtant le combat ressemble à celui de David contre Goliath. D’autant qu’elle fait également face à une amende de 35 milliards de bath (un milliard d’euros) que le gouvernement lui réclame comme dommage et intérêt pour sa politique en tant que chef d’état, faisant fi de la procédure judiciaire encore en cours. Une ordonnance de saisie de ses biens a même été issue. Des pratiques que l’accusée dénonce comme injustes. Une pétition circule d’ailleurs afin de faire suspendre cet arrêt.
Si la volonté de l’ancienne Premier ministre de respecter la décision émise par le tribunal quoiqu’il lui en coûte l’honore, le procès – dont le verdict défavorable fait peu de doutes – aura inévitablement des conséquences politiques. Le quotidien thaïlandais rappelle que selon certains commentateurs, son emprisonnement créera sûrement une aura de martyr autour d’elle. Rehaussant nécessairement l’estime que lui porte la population et renforçant ses partisans. De quoi favoriser un éventuel retour au pouvoir une fois sa peine purgée.
Par Emeric Des Closières
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