Economie
Expert - Entrepreneurs français d'Asie

De la Chine à l'ASEAN : l'aventure entrepreneuriale de Florian Gaudel et The Method Consulting

Le quartier d'affaires à Canton, au sud de la Chine, le 25 mars 2016. (Crédits : Zhou junxiang / Imaginechina / via AFP)
Le quartier d'affaires à Canton, au sud de la Chine, le 25 mars 2016. (Crédits : Zhou junxiang / Imaginechina / via AFP)
Français d’origine alsacienne, Florian Gaudel a vécu la plus grande partie de sa vie a l’étranger. Après trois ans à Dubai, il a passé 5 ans en Chine et bientôt 2 ans dans plusieurs pays d’Asie. Diplômé de l’ESC Troyes en business international, il a profité de sa formation pour effectuer deux années de stages et d’échange universitaire en Chine. C’est après une première tentative dans le recrutement qu’il lance le cabinet The Method Consulting, spécialisé dans l’accompagnement et l’investissement de projets entrepreneuriaux en Asie.
Quelles ont été vos différentes expériences professionnelles avant celle qui vous occupe aujourd’hui ?
Florian Gaudel : J’ai d’abord effectué 2 stages en Chine, dans l’import-export. Puis j’ai profité de mon temps libre ainsi que de mon échange universitaire à Shanghai pour lancer ma première entreprise, Horizon Abroad, une agence de recrutement de profils juniors en Asie. Ensuite, j’ai eu l’occasion de me mettre a 100% sur ce projet et me suis rendu compte que les besoins des PME pour qui je travaillais étaient plus larges, d’où la création de The Method.
Florian Gaudel, cofondateur du cabinet The Method Consulting. (Crédits : DR)
Florian Gaudel, cofondateur du cabinet The Method Consulting. (Crédits : DR)
Quelle est l’activité de votre société et quels en sont les clients types idéaux ?
The Method est une entreprise spécialisée dans l’accompagnement et l’investissement de projets entrepreneuriaux en Asie. Nous recherchons des projets innovants sur tout le continent asiatique pour les aider à se développer et à se financer auprès de sources d’investissement internationales. Nous ciblons principalement les entrepreneurs et entrepreneurs en herbe, mais donnons aussi des présentations sur les thèmes liés à l’entrepreneuriat de façon à mieux faire connaître à la plupart ce domaine particulier de l’entreprise.
Pourquoi avez-vous créé cette activité ? Quels étaient les problèmes, encore non résolus, que vous avez identifiés ? Et quelles solutions avez-vous apporté ?
Horizon Abroad m’a permis de comprendre l’environnement entrepreneurial, en interne mais également auprès de mes clients, notamment les petites PME. Les entrepreneurs ont pour obligation de traiter une multitude de sujets différents au quotidien et n’ont pas forcément ni les moyens techniques ni le temps de maîtriser chacun de ces sujets.
Nous construisons donc avec The Method un réseau de soutien à ces entreprises et accompagnons les dirigeants dans la préparation et la mise en place de leurs stratégies de développement. Celles-ci nécessitant de plus en plus de faire appel à des financements, nous consolidons également un réseau d’investisseurs qui sont mis en relation avec les projets que nous accompagnons et pour lesquels ils peuvent avoir un intérêt.
The Method est une solution qui a été mise en place au fil d’échanges avec une communauté entrepreneuriale croissante en Asie et à travers le monde. Cette construction nous a permis de créer une alternative personnalisée et unique pour les entrepreneurs basés en Asie.
Où en est votre société aujourd’hui ?
The Method accompagne aujourd’hui de nombreux projets dans différents pays d’Asie. Nous disposons d’une représentation en Chine, d’une au Cambodge et d’un siège à Hong Kong. L’équipe compte 7 consultants et de nombreux partenaires et experts ponctuels qui nous apportent des soutiens occasionnels.
Nous sommes dans une phase d’accélération et je peux dire qu’on accompagne aujourd’hui une dizaine de projets entrepreneuriaux avec des phases de développement entre la conception du projet et plusieurs années d’existence, en Asie du Sud-Est, Chine et Hong Kong. Notre activité sur ces projets repose sur du coaching, de l’étude de marche, de la confrontation idée/marché (focus groupes, étude de terrain), du positionnement projet et stratégie, de la préparation de pitchdeck, de la recherche d’investisseurs ou encore de l’accompagnement dans les négociations.
On ne cherche pas seulement des projets « tech disruptifs » mais avant tout des projets intelligents, avec un business model et des flux de revenus identifiables, ainsi qu’une « scalabilité » mesurable. Par ailleurs, il est important de préciser que nous cherchons et accompagnons ces projets partout en Asie.
Comment se structure légalement votre société ?
Nous avons basé la société à Hong Kong de façon à disposer d’une flexibilité qui n’est pas offerte en Chine. Hong Kong nous permet également de rassurer les investisseurs que nous démarchons, dans le cadre des investissements sur les entrepreneurs que nous accompagnons. C’est donc un choix stratégique lié à notre activité.
Quels types de difficultés administratives avez-vous rencontré en montant votre entité ?
Nous avons été accompagnés par un excellent service de création de société à Hong Kong qui nous a épargné tous ces problèmes.
Auriez-vous pu développer le même business en France ? Et envisagez-vous de revenir développer cette même activité dans l’Hexagone ?
Si l’on considère le modèle que nous avons aujourd’hui, certainement. La France jouit d’un essor de l’entrepreneuriat sans précédent et d’un engouement pour les investisseurs de placer leurs fonds dans des entreprises. Cependant, toute la construction et la réflexion autour de notre projet, mais aussi son adaptation aux contraintes locales n’auraient pas été possibles, a mon sens, en Europe à cause des coûts de structure et des procédures administratives. Nous envisageons de développer notre activité en France une fois notre développement en Asie complet.
Envisagez-vous un développement sur d’autres pays d’Asie ?
Notre développement est d’ores et déjà ciblé sur l’ensemble de l’Asie avec des partenariats et des interventions locales pour le moment principalement sur l’ASEAN. Nous pensons que les entrepreneurs de la région ont un grand avenir et que les investissements y seront de plus en plus nombreux et conséquents.
Parlons de vous, l’entrepreneur française basé en Chine. Si vous avez vécu ou passé beaucoup de temps dans d’autres pays d’Asie, quels sont ceux que vous recommanderiez pour lancer une activité ?
Le Cambodge est un pays en plein développement, avec la possibilité de créer son entreprise avec 100% de capital détenu par un étranger. Donc je dirais que c’est une alternative pour le seed-development du projet. Ensuite, il peut être intéressant de se développer vers d’autres marchés plus conséquents comme la Thaïlande ou le Vietnam.
Quels sont vos rituels du matin pour démarrer votre journée de travail ?
Je commence ma journée à 6h du matin par 45 minutes de sport puis déjeune en lisant les news internationales et emails professionnels. Ensuite, direction le bureau !
J’essaie de diviser mon temps de façon efficace, en gérant les emails en début de journée pour ensuite me concentrer sur nos projets en cours et sur les projets internes. Au niveau de la semaine, je préfère tous les sujets plus lourds en début de semaine, et les rendez-vous et le networking en fin de semaine. Je me laisse un peu de temps le week-end pour gérer les tâches plus légères et organiser la semaine suivante.
Comment définir ce qu’est un « entrepreneur » ?
C’est un état d’esprit, une ambition et un rythme de vie complètement différents mais pas inaccessibles ni incompatibles avec le monde de l’entreprise traditionnelle.
Cette définition est-elle, à vos yeux, différente du fait que vous soyez en Asie plutôt qu’en France, en Europe ou ailleurs ?
Le fait d’être à l’étranger ajoute une dimension de difficultés liées à la culture, à la langue ou à la législation locale, mais aussi liées au fait qu’obtenir des financements publics ou de la part de banques locales relève du défi.
Quelles sont vos 2-3 conseils à ceux qui souhaiteraient se lancer dans une aventure entrepreneuriale en Chine ?
Ne pas se lancer sans avoir bien étudié son marché et passé du temps sur le terrain. L’idéal serait d’avoir un emploi sur place pour garder un rythme professionnel et étendre son réseau tout en testant son projet en side-project.
Quels seraient les développements de votre entreprise à espérer dans les 6 à 12 prochains mois, et qui mériteraient qu’on fasse un suivi de cette interview ?
Nous allons développer de nombreux contenus de training pour former et repérer plus de projets un peu partout en Asie. Nous pourrons en reparler par la suite !
Propos recueillis par Gregory Prudhommeaux

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A propos de l'auteur
Basé à Shanghai depuis 2006, Gregory Prudhommeaux est le fondateur de NextStep, qui accompagne les entrepreneurs en Chine par le conseil et la mise en réseau. Lui-meme "serial entrepreneur", il a longtemps animé la Jeune Chambre de Economique Française (JCEF) à Shanghai, et collaboré au Petit Journal Shanghai et est associe au Milu, le guide des nouveaux arrivants. Il a également travaillé pour des cabinets de conseils comme Altios International. Pour Asialyst, il donne la parole à ceux qui ont décidé de tenter l’aventure entrepreneuriale en Asie. Ils nous présentent leur activité, mais surtout leur parcours d’entrepreneur avec ses bons et moins bons moments, les difficultés et les avantages d’avoir choisi le marché asiatique, qui est aujourd’hui le leur.