Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Corée du Sud : début de l'installation du bouclier antimissile américain en pleine contestation

Manifestants et policiers s'opposent alors que des camions militaires transportant les premiers éléments du bouclier antimissile américain THAAD entrent sur le site de Seongju, le 26 avril, 2017. (AFP PHOTO / YONHAP / YONHAP)
Manifestants et policiers s'opposent alors que des camions militaires transportant les premiers éléments du bouclier antimissile américain THAAD entrent sur le site de Seongju, le 26 avril, 2017. (AFP PHOTO / YONHAP / YONHAP)
Il ne fait pas l’unanimité. En Corée du Sud, l’arrivée de 6 camions venant déployer les premiers éléments du bouclier antimissile américain ce mercredi 26 avril a provoqué de violents heurts entre les forces de l’ordre et les habitants de Seongju, au nord de la région de Gyeongsang. Le matériel militaire avait déjà été acheminé et entreposé sur un terrain de golf près de la zone de Seongju entre les 11 et 13 avril derniers. Le début de ce déploiement est aussi au cœur des débats de l’élection présidentielle du 9 mai prochain.
« Le dispositif devrait être opérationnel d’ici la fin de l’année. » Voilà l’essentiel du communiqué de presse diffusé ce mercredi 26 avril par le ministère sud-coréen de la Défense. Le site de Seongju où a commencé l’installation du bouclier antimissile américain THAAD (Terminal High Altitude Area Defence) devra être évacué « rapidement » indique l’agence Yonhap citée par le Korea Times. Une évacuation pas du goût des résidents locaux qui se sont opposés violemment aux forces de l’ordre. Une dizaine d’habitants ont été blessés, ajoute le Korea Herald. Séoul et Washington travailleront « main dans la main » pour l’évacuation et la poursuite de installation du THAAD.
Des lanceurs, un radar, 48 intercepteurs, une unité de contrôle et de lutte contre le feu, 20 remorques, un générateur d’énergie et un refroidisseur sont ainsi arrivés dans la nuit de ce mardi à mercredi en Corée du Sud, précise le Korea Herald.
Selon le ministère sud-coréen de la Défense, le déploiement total du bouclier antimissile sera effectif à la fin de l’année. « Il reste maintenant à relier les lanceurs à un autre système de support. […] La mesure d’aujourd’hui vise à sécuriser la capacité opérationnelle en déplaçant certains des composants THAAD disponibles sur le site », précise le ministère à Séoul. Le bouclier n’est qu’un « système d’arme défensive » contre la Corée du Nord, insiste de son côté le Pentagone. Washington admet qu’il s’agit d’une « mesure critique” visant à protéger la Corée du Sud, dans le contexte du dernier test de tir balistique par Pyongyang début avril.
Cependant, les habitants de Seongju ne sont pas les seuls à être troublés par l’arrivée du dispositif américain. Les avis divergent également parmi les candidats à la présidentielle sud-coréenne, indique le Korea Herald dans un autre article. Salué par les conservateurs, le THAAD est critiqué par les libéraux. L’équipe de campagne de Moon Jae-in, le candidat du parti démocratique libéral favori de la présidentielle, a immédiatement dénoncé cette installation imprévue, regrettant qu’elle ne prenne pas en compte l’avis du peuple. Selon Moon, le prochain président élu devrait être autorisé à prendre la décision finale sur le déploiement du THAAD après les élections du 9 mai. Ce déploiement a eu lieu avant même que « l’enquête environnementale ne soit menée », reproche par ailleurs le porte-parole d’Ahn Cheol-soo, du Parti du Peuple (centre gauche). Ce n’est pas l’avis de la droite sud-coréenne : « Nous espérons que le déploiement de THAAD arrivera à son terme sans compromis, grâce à la coopération entre la Corée du Sud et les États-Unis pour sa pleine capacité opérationnelle au cours de l’année », a lancé Kim Myung-yeon, porte-parole du candidat conservateur Hong Joon-pyo.
Alors que le sujet fait débat à Séoul, Pyongyang continue de s’activer, mais sans mettre à exécution ses menaces les pus graves. Comme lors du 105eme anniversaire de Kim Il-sung le 15 avril dernier (lire notre article), Kim Jong-un n’a pas ordonné d’essai nucléaire pour les 85 ans de la création de l’armée nord-coréenne hier mardi 25 avril. A la place, un exercice d’artillerie « exceptionnellement réussi : les sous-marins ont submergé rapidement des attaques de torpilles sur les vaisseaux de guerre ennemis et les bombardiers fonctionnent », vante l’agence de presse nord-coréenne KCNA. « Transformer 10 millions d’armes à feu en 10 millions de bombes », telle est encore la promesse de l’armée nord-coréenne à Kim Jong-un pour lui démontrer sa loyauté.
Par Sarah Suong Mazelier

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