Japon : l’extrême droite et le scandale de l'école Moritomo Gakuen
Cette importante réduction accordée par le gouvernement japonais n’aurait sans doute pas suscité des réactions si vives si « Mizuho no Kuni Kinen Shōgakuin » (« l’école pour la célébration du Japon, le pays de l’abondance ») avait été une école comme les autres. Sur le site web du projet, qui se présente comme « la première école primaire shintoïste du Japon », se trouvent affirmées des valeurs nationalistes qui, déjà, rappellent le lexique de l’extrême-droite nippone. Il s’agit notamment d’appuyer les institutions impériales du Japon à travers le culte de la famille impériale, instauré sous l’ère Meiji (fin du XIXème siècle) et officiellement supprimé depuis 1946. Voilà le shintō de nouveau instrumentalisé par le discours nationaliste actuel, de la même façon que pendant l’époque impériale (1868–1945) pour devenir le « Shintō d’Etat », une idéologie reposant sur le culte de la nation et de l’empereur.
La communication très réussie du gouvernement japonais autour de son programme économique, les « Abenomics » (lire notre article) fait parfois oublier que le Premier ministre japonais a également en tête des politiques moins consensuelles, notamment en matière de défense. Le principal objectif inscrit dans l’agenda politique d’Abe est sans conteste son projet de réforme constitutionnelle, visant à supprimer l’article 9 de la Constitution selon lequel le Japon renonce à son droit à la guerre et réduit son armée à des forces d’auto-défense. Un objectif qu’Abe n’a jamais été si près d’atteindre, alors que le Parti Libéral-Démocrate majoritaire a voté le 5 mars dernier un allongement de la durée de service maximale du Premier ministre, passée de deux à trois mandats consécutifs de trois ans.
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