Japon : vers plus de temps libre pour les employés ?
Contexte
En septembre 2016, le Premier ministre Shinzo Abe a créé un groupe ministériel dédié à la réduction des heures travaillées. Parmi ses objectifs : la remise à plat des accords au titre de l’article 36 de la loi sur les normes de travail, qui autorise les entreprises à prendre des mesures dérogatoires pour inciter les employés à travailler un nombre illimité d’heures supplémentaires. Le 14 mars 2017, la Keidanren, le syndicat patronal, et le Rengo, la Confédération japonaise des syndicats, ont finalement convenu de limiter les heures supplémentaires mensuelles à 100 heures lors des pics d’activité. En dehors de ces fortes périodes d’activité, il s’agirait d’accorder jusqu’à 720 heures supplémentaires pour une moyenne de 60 heures par mois. Les sociétés qui dépasseraient le seuil feraient l’objet de sanctions légales.
Inquiétudes de la Confédération syndicale
La question des dérogations par secteur d’activité
Ces mesures de plafonnement suscitent les mêmes inquiétudes du côté du syndicat patronal Keidanren qui appelle le gouvernement à « trouver un compromis et à maintenir des dérogations pour certains secteurs d’activité ». Il existe cependant un point sur lequel les syndicats nippons s’accordent : la nécessité de laisser du temps libre pour les employés, afin de relancer la croissance du pays.
Donner du temps libre pour relancer la croissance
Pourquoi les Japonais ne prennent-ils pas de vacances ? D’après une enquête réalisée en juin 2011 par Masato Gunji et Eiji Okuda, chercheurs au Japan Institute for Labour Policy and Training (JILPT), les salariés japonais souhaitent garder des jours pour les prendre en cas de maladie ou d’imprévus. Parmi les autres raisons évoquées, le volume de travail, l’absence de remplaçant, la peur de déranger ses collègues ou l’atmosphère générale de l’entreprise qui dissuade l’employé de partir en vacances.
Premium Friday
Pour le géant du tourisme JTB, la clé du succès réside en effet dans la consommation non pas de biens mais de services. Dans le cadre de cette initiative, cette entreprise propose des voyages dont la date de départ est fixée au dernier vendredi de février et de mars. JTB a même distribué des coupons de réduction utilisables sur les tours organisés ou encore au moment de la réservation d’hôtel. Dans le même temps, la société a encouragé ses propres employés et ceux travaillant dans ses filiales à partir plus tôt le 24 février. Le groupe japonais de boissons Suntory a décidé d’ouvrir certains de ses restaurants plus tôt lors du Premium Friday et de proposer ses bières « The Premium Malts » à moitié prix entre 15h et 18h. Quant aux grands magasins Isetan, ils organisent des événements spéciaux comme des balades gourmandes au niveau de leurs restaurants.
Mais pour le Keidanren, le syndicat patronal japonais, la vraie réussite tient dans la capacité des entreprises à faire partir leurs employés plus tôt. Le constructeur immobilier Daiwa House a été l’un des premiers à agir après que le président Takeo Higuchi eut été directement contacté par Sadayuki Sakakibara, président du Keidanren. Pour ses 20 000 collaborateurs, temps partiel compris, le groupe a décidé d’instaurer une demi-journée de congés payés le dernier vendredi de chaque mois. Une action qui a été reçue non sans embarras par certains employés, notamment les commerciaux, qui risquent de perdre des opportunités d’affaires si Daiwa House est le seul à être aux abonnés absents dans les village-exposition de maisons. Toutefois, la société estime qu’en montrant le « bon exemple », elle améliorera son image et attirera ainsi plus de talents.
« Des effets limités »
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