Politique
Conférence à voir et à écouter

Podcast : la nouvelle géopolitique du Japon

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe sur le point de décoller à l'aéroport Haneda de Tokyo, le 17 novembre 2016. (Crédits : AFP PHOTO / KAZUHIRO NOGI)
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe sur le point de décoller à l'aéroport Haneda de Tokyo, le 17 novembre 2016. (Crédits : AFP PHOTO / KAZUHIRO NOGI)
Comment comprendre la nouvelle politique militaire du Japon de Shinzo Abe ? Quelle est sa vision géostratégique en Asie-Pacifique, notamment face à la Chine ? C’était l’objet de la conférence organisé par Asialyst en partenariat et à l’initiative de l’IHEST (l’Institut des Hautes Études pour la Science et la Technologie) le 6 décembre 2016 au Centre culturel irlandais à Paris. Soit le premier volet d’un cycle entièrement consacré au Japon d’aujourd’hui. Avec des interventions de Mathieu Duchâtel, chercheur à l’ECFR et Marianne Péron-Doise, chercheure à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. Un podcast en trois parties pour vous donner accès in extenso à cette conférence.

Les intervenants

Mathieu Duchâtel est chercheur à l’ European Council on Foreign Relations (ECFR), où il est le directeur-adjoint du programme Asie et Chine. Il travaille sur la politique étrangère et de sécurité de la Chine en Asie du Nord-Est (péninsule coréenne, mer de Chine Orientale ou détroit de Taïwan) et sur les relations sino-européennes en matière de sécurité et de défense. Auparavant, il était le représentant à Pékin d’un autre think tank européen prestigieux, le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Il se rend régulièrement au Japon où il a notamment été chercheur invité au Japan Institute of International Affairs à Tokyo.

Marianne Péron-Doise est chercheure à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole Militaire, où elle est chargée du programme « Sécurité maritime internationale ». Ses travaux portent sur les problèmes de sécurité de l’Asie du Nord-Est, notamment la péninsule coréenne et le Japon, ainsi que sur les aspects maritimes des politiques de défense des principales puissances asiatiques. Elle a notamment été chercheure invitée à l’Institut japonais des relations internationales à Tokyo.

Voir la première partie de la conférence :
Depuis son retour comme Premier ministre en septembre 2012, le Japon semble être aussi de retour sur la scène géopolitique asiatique. Sous le mot d’ordre de « contribution proactive à la paix », le chef du gouvernement le plus stable depuis Junichiro Koizumi (2001-2006) bouleverse l’identité militaire et stratégique de son pays. Sur le plan intérieur, Abe veut réformer la Constitution japonaise, écrite par les Américains et votée en 1946, et en particulier son article 9 selon lequel le Japon « renonce à la guerre ». En effet, en guise d’armée, le pays n’a donc le droit de posséder que des forces d’auto-défense. Or, le Premier ministre pense que les temps ont changé et souhaite que les forces nippones puissent intervenir à l’étranger pour soutenir un allié (les Etats-Unis notamment) dans des conflits où ses intérêts sont menacés. Sa volonté de réforme a suscité un tollé dans une opinion publique tiraillée entre divers courants, dont les pacifistes et les nationalistes.
Si Shinzo Abe veut changer la Constitution, c’est qu’il faut selon lui s’adapter à la nouvelle donne en Asie-Pacifique et notamment la montée d’une Chine jugée « agressive » dans les mers de Chine orientale et méridionale. La dispute sur l’archipel Senkaku/Diaoyu, moins tendue cette année, n’est toujours pas résolue. Et le Japon d’Abe est persuadé que la solution est liée au conflit multilatéral en mer de Chine du Sud. En effet, selon une carte élaborée à Nankin en 1947, Les Chinois revendiquent près de 90% de cette vaste zone maritime, qui est aussi l’une des routes commerciales majeures dans le monde. Poursuivant l’alliance avec les Etats-Unis, Shinzo Abe s’est lié militairement à l’Indonésie, aux Philippines et même au Vietnam, une première historique. Alors, comment qualifier ce nouveau Japon géopolitique ? Certains y voit une remilitarisation guidée par la nostalgie de l’impérialisme de la Seconde Guerre. D’autres considèrent nécessaire de « fortifier » les positions japonaises afin de résister à la nouvelle puissance chinoise.
Voir la deuxième partie de la conférence :
Voir la troisième et dernière partie de la conférence :
Par Joris Zylberman et Nicolas Sridi (Réalisation et montage vidéo)

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur
Joris Zylberman est directeur de la publication et rédacteur en chef d'Asialyst. Il est aussi chef adjoint du service international de RFI. Ancien correspondant à Pékin et Shanghai pour RFI et France 24 (2005-2013), il est co-auteur des Nouveaux Communistes chinois (avec Mathieu Duchâtel, Armand Colin, 2012) et co-réalisateur du documentaire “La Chine et nous : 50 ans de passion” (avec Olivier Horn, France 3, 2013).
Co-fondateur de Asia Focus Production, journaliste accrédité à Pékin pour Sciences et Avenir depuis 2007, Nicolas a collaboré avec de nombreux média presse écrite et web français, notamment le groupe Test (01Net), lemonde.fr,… Il est également co-rédacteur en chef de l’ouvrage collectif « Le temps de la Chine » aux éditions Félix Torres (2013) en partenariat avec la CCIFC. Nicolas est par ailleurs cameraman et preneur de son et collabore à divers postes avec de nombreuses chaines comme Arte, ARD, France2, RCN,… ainsi que sur des productions corporate et institutionnelles.