R&D : quand l’Asie cherche et trouve
Investissant plus de 4 points de PIB dans la R&D, la Corée est le pays qui en fait le plus et elle a récemment dépassé Israël qui était le leader mondial. Ces deux pays coopèrent depuis 2001 et c’est en Israël que Samsung a établi son premier centre de recherche à l’étranger. En 1999, les dépenses coréennes de R&D ont dépassé la barre des 2 % du PIB, la moyenne de l’OCDE, et l’objectif de Séoul est d’atteindre 5 % en 2017. Une mobilisation exceptionnelle que justifie sa situation concurrentielle car le le pays est dans un étau. Depuis plusieurs décennies, la Corée court derrière le Japon – et le dépasse parfois – et depuis les années 2000, elle est talonnée par la Chine qui a les moyens d’investir des montants considérables et qui s’engage sur les mêmes secteurs. Près des trois quarts de la R&D coréenne sont le fait du secteur privé et les plus grands chaebols en assurent l’essentiel. L’État investit dans la recherche fondamentale et l’objectif est de porter le budget à plus d’un trillion de wons en 2020. Objectif : un prix Nobel. Vingt et un scientifiques japonais – dont trois naturalisés américains – et quatre Chinois – dont trois naturalisés américains – ont reçu le Prix Nobel. Aucun Coréen. Dans la galerie qui permet d’accéder à librairie Kyobo, au centre de Séoul, à côté des photos des prix Nobel, un cadre vide attend le futur élu coréen. Chaque automne, la communauté scientifique espère et cette tension provoque des dérapages ! Il y a dix ans, les Coréens ont espéré un prix Nobel de biologie, jusqu’à que l’on découvre que le candidat avait manipulé ses résultats.
Pour éviter les biais nationaux, évaluons les résultats de ces efforts à l’aune des brevets déposés auprès du Bureau américain des brevets, l’US Patents and Trademarks Office (USPTO). Entre 1995 et 2000, la Corée y a déposé 12 000 brevets, soit moins que la France (18 000) et dix fois moins que le Japon. Entre 2010 et 2016, elle en a déposé presque autant que l’Allemagne et trois fois moins que le Japon. Entre-temps, le nombre de brevets déposés par les Chinois a été multiplié par cent, de 577 à près de 60 000, plus que la France et deux fois moins que la Corée. Par contre, le nombre déposé par les pays d’Asie du Sud-Est demeure beaucoup plus faible – entre 2010 et 2016, respectivement 200 pour l’Indonésie, 880 pour la Thaïlande, 2 000 pour la Malaisie et 7 000 pour Singapour.
Déposer des brevets répond parfois à des objectifs stratégiques. Aussi, utiliser cet indicateur pour évaluer les efforts de recherche des pays est critiquable. L’évolution de leur nombre n’en est pas moins révélatrice de la montée de la recherche. Certes, ni la Chine, ni la Corée ne sont à l’origine de ruptures technologiques. Mais, il ne faut pas l’oublier, ces pays sont engagés dans une stratégie de rattrapage.
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