Laos : Mattie Do, pionnière du film d'horreur laotien

Entretien
Née à Los Angeles de parents immigrés laotiens, Mattie Do débute sa carrière comme danseuses de ballet puis maquilleuse dans des productions pour le cinéma en Europe et aux États-Unis. Par la suite, elle s’installe à Vientiane en 2010 pour s’occuper de son père à la retraite. Elle devient alors consultante pour Lao Art Media, la plus vieille société cinématographique laotienne. Remarquant la rareté des films en langue lao avec une femme comme personnage principal, elle se lance dans la réalisation. A l’époque, le Laos ne dispose pas d’infrastructures opérationnelles pour produire des films et seule la capitale possède une salle de cinéma. Son premier film, Chanthaly, est présenté en 2012 au Festival international du film de Luang Prabang et devient ensuite le premier long-métrage laotien projeté dans des festivals américains et européens.
Dans Bangkok Nites par exemple, il y a cette scène où les deux héros se rendent à Long Tieng, au nord du pays. Long Tieng est un lieu de mémoire essentiel pour les Lao, puisque c’est ici que la CIA avait aménagé ses fameuses pistes d’envol clandestines pour bombarder le Vietnam. L’équipe de Bangkok Nites tenait absolument à tourner à Long Tieng même, car nous voulions montrer dans cette séquence la capacité de résilience des Lao à surmonter les blessures de la guerre. Aujourd’hui encore, se rendre à Long Tieng est un périple risqué car la région n’a été que partiellement rouverte au public : de nombreuses munitions non explosées y sont toujours enfouies, et des combats encore récents s’y sont déroulés entre la guérilla Hmong et les forces gouvernementales.
Cela nous a pris un temps fou pour obtenir un permis afin de tourner à Long Tieng mais, finalement, à force de persévérance, nous y sommes parvenus ! Comme les autorités laotiennes ne voulaient pas se compromettre en cas d’accident, nous avons été accompagnés par des membres du gouvernement, un détachement de police plus l’armée… C’était bien la première fois que je vivais une telle aventure pour tourner quelques séquences (rires). Mais cela en valait largement la peine car nous avons eu ainsi accès à un paysage entièrement préservé, que peu de Lao ont eu la chance de visiter.
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