Culture
Livres d’Asie du Sud-Est

Asie : "Un parfum de mousson", 9 destins face au cours imprévisible de la vie

Sur Charoen Krung Road à Bangkok lors du 3ème jour des festivités de Songkran.
Sur Charoen Krung Road à Bangkok lors du 3ème jour des festivités de Songkran. (Crédit : BANGKOK POST PHOTO / Patipat Janthong via AFP).
Comment écrire sur le voyage ? Comment décrire un voyage ? Comment raconter à l’autre, aux autres, son voyage ? Autant de questions récurrentes, surtout si on a la chance de travailler sur des continents dits lointains – nécessitant un voyage, donc. Alors comment faire ? Comment rendre intelligible des sentiments, des impressions – qu’elles soient bonnes ou mauvaises ? On peut bien entendu le faire de façon très factuelle, imitant en cela la « prose » des rédacteurs de guides de voyages ; ou alors on peut s’en remettre à la fiction et présenter, faire découvrir, faire « sentir » les destinations. C’est de cela dont il est question dans Un parfum de Mousson, un recueil de neuf nouvelles du journaliste Matthieu Delaunay.
Il existe mille mots pour décrire le large continent asiatique, dans son particularisme comme dans son ensemble. « Fureur » pourrait être l’un d’eux. « Torpeur », aussi. « Bruit », également. « Mousson », sans aucun doute. « Gastronomie », assurément. « Densité », bien évidemment. « Économie », comme partout. « Dictature », malheureusement. « Stupeur », déjà utilisé.

« Vivant » semble être le mot choisi par Matthieu Delaunay, journaliste pour Asie Reportages (partenaire d’Asialyst) et chargé de communication pour l’ONG Enfants du Mékong. Ce mot transparait dans toutes ses nouvelles.

Pour autant, ce n’est pas le seul qui ait droit de cité et tous les mots se retrouvent pêle-mêle dans ces courtes nouvelles attachantes où l’auteur prend soin non de nous faire « faire le tour du propriétaire » en débroussaillant en deux paragraphes l’histoire complexe de certains pays de la zone, mais bien de nous laisser nous approprier tout autant les lieux que les personnages.
La couverture du recueil de nouvelles de Matthieu Delaunay "Un Parfum de mousson".
La couverture du recueil de nouvelles de Matthieu Delaunay "Un Parfum de mousson". (Crédit : D.R.).
Du « mythique » plateau des Bolovens (La chambre), aux toilettes de l’aéroport de Phnom Penh (Le retour) jusqu’aux faubourgs dégueulasses de la gigantesque Manille (L’enfance), en passant par les portes du désert du Taklamakan et de la Chine jusqu’à la touristique Bangkok (La veste), la vie s’écrit devant nous.

En petit

Avec ce qu’elle peut avoir d’incroyablement beau – comme la recherche de Lena (La trace) – ou de poignant comme le « récit » des heures ayant suivi le tsunami en Thaïlande en décembre 2004 (La vague).

Pour autant, ici pas question de pleurer dans les chaumières (Le dîner) ou de s’apitoyer sur son sort (La dette) : vivre est tout ce qui importe ; c’est tout ce qui reste à la fin.

En ce sens, ces nouvelles sont un peu plus que de la pure fiction : elles représentent bien l’énergie qui bouillonne sur le continent. « Parce que je ne vous ai pas dit, ce livre porte sur l’Asie », pourrait-on écrire pour conclure, en paraphrasant le singulier héros de la première nouvelle qui ouvre le recueil.

A Lire

Matthieu Delaunay, Un parfum de mousson, Nouvelles du Sud-Est asiatique, 192 pages, Transboréal, novembre 2016, 9,90 Euros.

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A propos de l'auteur
Antoine Richard est rédacteur en chef adjoint d'Asialyst, en charge du participatif. Collaborateur du Petit Futé, ancien secrétaire général de l’Antenne des sciences sociales et des Ateliers doctoraux à Pékin, voyage et écrit sur la Chine et l’Asie depuis 10 ans.