Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Corée : Mattis confirme le bouclier antimissile, la Chine riposte

Le président sud-coréen par intérim Hwang Kyo-ahn accueille le secrétaire américain à la Défense James Mattis à Séoul le 2 février 2017. (Crédits : AFP PHOTO / POOL / SONG Kyung-Seok)
Le président sud-coréen par intérim Hwang Kyo-ahn accueille le secrétaire américain à la Défense James Mattis à Séoul le 2 février 2017. (Crédits : AFP PHOTO / POOL / SONG Kyung-Seok)
Il a voulu rassurer. Ce jeudi 2 février, le secrétaire américain à la Défense James Mattis était à Séoul pour réaffirmer le soutien des Américains, après les invectives du candidat Trump exhortant à faire payer la Corée ou à retirer la protection militaire des États-Unis. Mattis a donc confirmé le déploiement du système de défense antimissile THAAD sur le sol sud-coréen afin de contrer la menace nord-coréenne. Un projet qui déplaît fortement à Pékin pour qui il s’agit de fait d’une « menace à la sécurité » de la Chine. Les représailles chinoises contre Séoul ont d’ailleurs déjà commencé.
L’heure n’est plus à demander des comptes. Hier, dans le cadre de sa visite de deux jours à Séoul, le secrétaire américain à la Défense James Mattis a souligné la « priorité absolue » que représentait le programme nucléaire et de missiles de la Corée du Nord pour la nouvelle administration de Donald Trump, rapporte le Korea Herald. Objectif de cette visite : rassurer les principaux alliés de Washington en Asie, craignant un affaiblissement de l’alliance sous le mandat de Trump avec Séoul mais aussi avec Tokyo. « Le président Trump a voulu que je déclare très clairement la priorité que représente pour nous l’aliance avec nos deux alliés », a indiqué Mattis. Durant sa campagne, le désormais locataire de la Maison-Blanche avait menacé de retirer les 28 500 soldats américains en Corée et les 47 000 basés au Japon si les deux pays ne contribuaient pas davantage au financement de cette protection militaire.

Lors de son arrivée dans la capitale sud-coréenne, Mattis a rencontré le président par intérim et Premier ministre sud-coréen Hwang Kyo-ahn ainsi que le conseiller à la sécurité nationale Kim Kwan-jin. « L’alliance continuera à prendre des mesures défensives » en réponse aux menaces nord-coréennes », a promis Mattis, cité par le Korea Times. Moment symbolique de sa visite en Corée du Sud ce vendredi 3 février, Mattis a rencontré son homologue sud-coréen à la Défense Han Min-koo pour confirmer le déploiement du bouclier de misille anti-balistique THAAD cette année 2017. Là aussi, le geste compte pour Séoul qui craignait que les remontrances du candidat Trump ne remettent en cause ce projet vital pour la Corée du Sud, incapable de se protéger sans le « parapluie nucléaire » des États-Unis.

« Il s’agit d’un système de défense dirigé uniquement contre la menace des missiles de la Corée du Nord », ont déclaré Mattis et Han dans un communiqué conjoint rapporté par le Straits Times. Mais la confirmation du THAAD n’est pas au goût de tout le monde, et de la Chine en particulier qui pense que le bouclier est dirigée aussi contre elle. Ce vendredi, lors du point de presse quotidien, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Lu Kang a réitéré l’opposition de Pékin au projet, indique le Straits Times dans un autre article. Jugé comme une « menace à la sécurité » de la Chine, le bouclier ne contribuerait pas à « atténuer les tensions » sur la péninsule coréenne.

En guise de représailles, la Chine a déjà mis en place 43 mesures de rétorsion contre l’industrie sud-coréenne du divertissement et les biens d’exportation, indique l’agence Yonhap. Résultat : les artistes sud-coréens ont l’interdiction formelle de se produire en Chine et des normes d’importation plus strictes ont été appliquées sur les produits commerciaux populaires de Corée du Sud. Dès avant les fêtes du Nouvel an chinois le mois dernier, Pékin avait interdit le service de vols charter reliant les deux pays, affectant l’industrie touristique sud-coréenne. Ce n’est peut-être qu’un début.

Par Joana Hiu

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur