Société
L'asie du Sud-Est dans la presse

Philippines : Duterte implique les militaires dans la guerre anti-drogue

Le président philippin Rodrigo Duterte lors d'une conférence de presse à Manille le 30 janvier 30 2017. (Crédits : AFP PHOTO / POOL / NOEL CELIS)
Le président philippin Rodrigo Duterte lors d'une conférence de presse à Manille le 30 janvier 30 2017. (Crédits : AFP PHOTO / POOL / NOEL CELIS)
Vous pensiez la lutte anti-drogue terminée aux Philippines ? Nous posions la question ce lundi 30 janvier alors que Rodrigo Duterte annonçait la dissolution des unités anti-drogue de la police nationale. Or loin de faire même une pause, l’opération continue de plus belle. Ce jeudi 2 février, le président philippin a annoncé un futur décret autorisant les militaires à lutter contre la « menace » des drogues illicites.
Lutter contre la drogue à n’importe quel prix. Tel est toujours le leitmotiv de Rodrigo Duterte. Certes, les opérations policières anti-drogue ont été suspendues en début de semaine. Mais le président philippin n’en reste pas là : ce jeudi, il a décidé de poursuivre sa répression avec l’aide des militaires, indique le Straits Times. Hier, mercredi 1er février, Duterte a souligné la « perte de pouvoir » de la police nationale pour faire respecter les lois sur les drogues illégales. Pour rappel, la dissolution des unités anti-drogue de la police a été décrétée après l’assassinat de l’homme d’affaire sud-coréen Jee Ick-Joo par des policiers.

Pour le président philippin, cité par le Philippine Star, « seuls les membres de l’Agence philippine de répression des drogues (PDEA) » peuvent mener la lutte. Mais pour les seconder, Duterte a ordonné aux militaires d’arrêter les policiers impliqués dans les drogues illégales. De son côté, le ministère philippin de la Défense nationale a demandé au Bureau du Secrétaire exécutif de rendre une « ordonnance officielle » concernant la directive présidentielle. « Elle servira de base juridique aux troupes militaires », a déclaré le chef du Service des affaires publiques, Arsenio Andolong.

Cependant, rapporte le quotidien philippin, malgré la suspension des opérations policières anti-drogue, les milices locales continuent tout de même les exécutions sans procès : hier mercredi, deux délinquants soupçonnés de toxicomanie ont été tués dans des incidents à Pateros et à Pasig. Le même jour, Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme : les autorités philippines planifient des meurtres « intentionnels, répandus et systématiques » contre les suspects de trafic ou de consommation de drogue. Ce qui constitue, selon l’ONG, des crimes contre l’humanité tombant sous le coup du droit international.

Réponse du secrétaire philippin à la Justice Vitaliano Aguirre II, cité par le Philippine Star dans un autre article : cela ne peut pas être des crimes contre l’humanité car « les criminels, les drogués et les trafiquants de drogue ne font pas partie de l’humanité ». Le ministre de Duterte n’est pas le seul à exprimer son mépris pour les droits des suspects. Pantaleon Alvarez, le président de la Chambre des représentants à Manille, a pour sa part déclaré n’avoir « aucun problème » avec les tueries menées par les milices. Il appelle même de ses voeux un ordre officiel de « tirer pour tuer » les criminels.

Par Joana Hiu

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