Politique

Corée : le patron de Samsung libéré, l'enquête contre Park affaiblie

L'héritier et patron de facto de Samsung, Lee Jae-yong, quitte un centre de détention à Séoul après le refus du tribunal d'autroiser un mandat d'arrêt contre lui pour son rôle dans le scandale de corruption impliquant la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, le 19 janvier 2017. (Crédits : AFP PHOTO / YONHAP / STRINGER)
L'héritier et patron de facto de Samsung, Lee Jae-yong, quitte un centre de détention à Séoul après le refus du tribunal d'autroiser un mandat d'arrêt contre lui pour son rôle dans le scandale de corruption impliquant la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, le 19 janvier 2017. (Crédits : AFP PHOTO / YONHAP / STRINGER)
Est-ce un coup d’arrêt dans l’enquête contre Park Geun-hye ? Après dix-huit heures de délibération, un tribunal de Séoul a rejeté ce jeudi 19 janvier le mandat d’arrêt à l’encontre de Lee Jae-yong, vice-président, patron de facto et héritier du groupe Samsung, faute de preuves de collusion avec la présidente sud-coréenne. Ce qui ne signifie pas l’abandon de son inculpation. Mais le temps presse pour les enquêteurs.
C’est une décision qui peut être lourde de conséquences. Le tribunal du district central de Séoul a préféré accorder la mise en liberté à Lee Jae-yong. Le vice-président et numéro un de facto de Samsung Electronics a été libéré d’un centre de détention de la capitale, où il était maintenu depuis 14 heures en attendant la délibération de la Cour, rapporte le Korea Herald. Néanmoins, Lee est toujours accusé d’avoir versé des pots-de-vins à Choi Soon-sil, la confidente de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye. Samsung aurait remis une somme massive à Choi – 43 milliards de wons (37 millions de dollars), selon le Korea Times. Cette transaction aurait favorisé la fusion entre deux filiales du groupe, Samsung C&T et Cheil Industries. Une fusion qui a considérablement augmenté les capitaux propres de Lee dans le groupe, lui permettant ainsi d’élargir son contrôle sur Samsung.

D’après Channel News Asia, la justice a décidé de rejeter le mandat d’arrêt contre Lee car, a précisé le juge, « après examen de l’instruction en cours, (…) la détention n’apparaît pas comme nécessaire ». Le Tribunal a notamment trouvé qu’il manquait des preuves de collusion directe entre la présidente Park Geun-hye et Samsung. Dans ce scandale, Park est accusée d’avoir permis à Choi de se mêler des affaires de l’État, d’accéder aux secrets du gouvernement et d’extorquer de l’argent et des faveurs aux entreprises en se fondant sur une amitié de quarante ans. Or, d’après le Korea Herald, les procureurs ont affirmé que les deux « amies » doivent être considérées comme complices dans ce scandale car les deux partagent des intérêts économiques communs. En vain, si l’on en croit la décision de la justice.

Autre explication au maintien en liberté de Lee Jae-yong, analyse le Straits Times : nombreux sont ceux en Corée qui estiment que son arrestation aurait pu fragiliser l’économie sud-coréenne, dans laquelle Samsung joue un rôle majeur.

Pour le Korea Herald, l’échec de l’arrestation du vice-président de Samsung est un recul majeur dans les efforts du procureur spécial visant à établir des faits de corruption contre Park Geun-hye. Bien que cette décision n’empêchera pas le procureur de poursuivre son enquête contre Lee, comme le note le South China Morning Post, des doutes persistent sur sa capacité à rassembler davantage de preuves dans le temps imparti. L’instruction devrait être étendue d’un mois, mais l’enquête doit se terminer fin mars.

D’ici là, rappelle le quotidien Hankyoreh, la présidente sera interrogée en personne par le procureur spécial courant février. Park aurait donné son accord pour se soumettre aux interrogatoires, sauf si elle y était forcée. « Nous n’avons aucun moyen d’interroger la présidente Park de force si elle ne répond pas aux questions en personne”, a déclaré Lee Gyu-cheol, porte-parole du procureur.

Par Joana Hiu

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