Politique
L'Asie du Sud dans la presse

Inde : le Congrès impuissant face à Modi et la démonétisation ?

Le vice-président du Parti du Congrès, Rahul Gandhi, fait la queue pour échanger ses billets démonétisés à Delhi, le 11 novembre 2016. (Crédit : Parveen Negi / India Today Group, via AFP)
Le vice-président du Parti du Congrès, Rahul Gandhi, fait la queue pour échanger ses billets démonétisés à Delhi, le 11 novembre 2016. (Crédit : Parveen Negi / India Today Group, via AFP)
« Les renseignements dont je dispose sur le Premier ministre vont faire exploser sa bulle. Et il en est terrifié. Ce sont des renseignements à propos de la corruption personnelle du Premier ministre. » Rahul Gandhi, vice-président du Parti du Congrès, ne mâche pas ses mots. Et pour cause : c’est la seule arme dont il dispose pour faire face à la politique de démonétisation lancée début novembre en Inde, par Narendra Modi. Car jusqu’ici, le parti nationaliste hindou (BJP) n’a toujours pas commencé le débat tant attendu au Parlement. Que peut faire le Congrès à part gesticuler, se demandent les médias en Inde.
Il fait la Une de la presse indienne ce mercredi 14 décembre. Avec sa déclaration fracassante, Rahul Gandhi s’est enfin imposé comme une figure éminente de la protestation face à la démonétisation surprise des plus gros billets indiens. Car jusque-là, l’homme fort du Parti du Congrès se faisait franchement éclipser par Mamata Banerjee, ministre-en-chef du Bengale-Occidental (voir notre article sur le sujet).
Pourquoi tant d’efforts ? Afin d’obtenir la tenue d’un débat au sein du Parlement, explique le Times of India. « Cela fait un mois que toute l’opposition demande un débat à la Lok Sabha [la chambre basse du parlement, NDLR], mais le gouvernement et le Premier ministre n’en veulent pas », affirme Rahul Gandhi qui déclare également être « interdit de parler » dans l’hémicycle.
Depuis l’ouverture de la session d’hiver le 16 novembre, les séances sont fréquemment interrompues, note à son tour The Indian Express. Et avec une clôture ce vendredi 16 décembre, il y a peu de chances que les échanges aient lieu. L’opposition réclame en outre un vote à l’issue du débat, précise The Hindu, ce que refuse le BJP.
Voilà une série de déconvenues qui font peser de sérieux doutes sur les bénéfices que le Congrès pourrait tirer de la situation. Incapable de faire au moins infléchir, si ce n’est plier Narendra Modi, Rahul Gandhi ne pourra s’attirer les faveurs du peuple indien, analyse le site Firstpost. Et c’est pourtant d’un solide ancrage populaire dont manque cruellement son parti, à l’approche d’élections-clés dans certains États fédérés en 2017-2018.
En outre, les accusations de corruption de Narendra Modi par Rahul Gandhi passent d’autant plus mal que plusieurs scandales touchant le Congrès lorsqu’il était au pouvoir continuent d’émerger. Conclusion lapidaire du Firstpost : « Il faudra encore du temps au Congrès afin de réémerger comme une véritable alternative. »
Par Alexandre Gandil

Les autres faits du jour en Asie du Sud

– L’Inde se prépare au test d’un nouveau missile balistique intercontinental à capacité nucléaire, rapporte le Times of India.

Pakistan : le PTI d’Imran Khan met fin à son boycott de l’Assemblée nationale, rapporte Dawn.

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