Politique
L'Asie du Sud dans la presse

Inde-Pakistan : guerre de l'eau contre guerre du coton

Le Premier ministre indien Narendra Modi lors d'une conférence de presse à Bathinda, dans l'Etat du Penjab, le 25 novembre 2016. (Credit : Gurmeet Singh). Copie d'écran du site The Indian Express, le 25 novembre 2016.
Le Premier ministre indien Narendra Modi lors d'une conférence de presse à Bathinda, dans l'Etat du Penjab, le 25 novembre 2016. (Credit : Gurmeet Singh). Copie d'écran du site The Indian Express, le 25 novembre 2016.
Attaquer le Pakistan par des moyens non militaires. Voilà le but de Narendra Modi quand il déclare que « l’eau qui appartient à l’Inde ne peut être autorisée à aller au Pakistan. » Pour la deuxième fois en quelques mois, il remet en cause le traité de l’Indus qui gère depuis 1960 le partage des ressources en eau entre les deux pays frères ennemis. De son côté, Islamabad passe aux représailles commerciales en suspendant les importations indiennes de coton.
Ce n’est pas la première fois que Narendra Modi remet en cause le partage de l’eau sur l’Indus avec le Pakistan. Le 27 septembre, le Premier ministre indien avait déjà agité la menace après l’attaque de la base militaire indienne d’Uri dans le Jammu-et-Cachemire. Aujourd’hui, vendredi 25 novembre, Modi a repris la même stratégie, mais cette fois-ci pour faire d’une pierre deux coups : montrer les muscles à Islamabad et assurer la victoire électorale à son parti le BJP aux prochaines élections locales dans le Penjab.

En faisant vibrer la corde nationaliste, il s’agissait en effet pour le chef du gouvernement de courtiser les paysans en manque d’eau. « Le gouvernement ferait tout ce qu’il faut pour donner suffisamment d’eau à nos agriculteurs », a assuré Modi en visite dans la ville de Bathinda. Pour rappel, le traité de l’Indus, signé en 1960, donne à l’Inde le contrôle sur les rives Beas, Ravi et Sutlej, tandis que l’Indus, le Chenab et le Jhelum sont gouvernés par le Pakistan. New Delhi a le droit d’utiliser 20% du fleuve Indus. Le Premier ministre n’oublie pas non plus que les Indiens des zones rurales sont les plus touchés par l’opération surprise de démonétisation – les billets de 500 et 1000 roupies ne sont plus échangeables depuis aujourd’hui.

Narendra Modi ne s’en est pas tenu au partage de l’eau. Il a voulu rappeler au Pakistan la démonstration de force de l’armée indienne ces dernières semaines, indique le Times of India, notamment les « frappes chirurgicales » menées fin septembre près de la ligne de contrôle qui coupe en deux le Cachemire. « Nos frappes chirurgicales ont créé le chaos de l’autre côté de la frontière, a déclaré Modi. Le Pakistan sait parfaitement bien de quoi l’armée indienne est capable. »

De son côté, le Pakistan lui aussi tente de répondre avec des moyens non armés au conflit dans le Cachemire. L’annonce n’a pas été officialisée, mais selon les informations du quotidien pakistanais The Express Tribune, de hauts responsables du ministère de la sécurité alimentaire ont ordonné « verbalement » la suspension des permis d’importation de coton en provenance d’Inde pour une durée de trois jours.Le mois dernier, les négociants de l’Etat indien du Gujarat avaient décidé de stoppé la fourniture de légumes, dont la tomate et le piment, au Pakistan.

Par Joris Zylberman

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